Publié le 18 juin 2015 à 20h30 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 19h17
Martine Vassal (Républicains), présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône a lancé, ce 18 juin, au sein de l’Hôtel du département les États généraux de Provence. Dans les tuyaux, quatre mois de concertation, de débats et de réflexions qui vont permettre, indique-telle: «d’enrichir et approfondir» le programme sur lequel «la majorité a été élue». «Un large débat ouvert à l’ensemble des forces vives de notre département mais aussi à tous les Provençaux qui souhaitent s’y impliquer», souligne-t-elle. C’est en étroite association avec l’ensemble des élus et de la population du département -qui pourra dès aujourd’hui participer à cette concertation grâce à un espace dédié sur le site cg13.fr– qu’émergeront «des actions concrètes».
Ainsi de septembre à novembre quatre groupes de travail, composés d’élus, d’agents du Conseil départemental mais aussi d’experts, vont œuvrer sur «des défis qu’il nous faut relever collectivement». Des défis au rang desquels : « l’attractivité et le rayonnement » -Comment rendre le département plus attractif pour créer de nouvelles activités et emploi ?; « l’exigence sociale » -Comment mettre plus d’efficacité mais aussi plus d’équité et de justice dans notre système de solidarité?; « la préservation et l’équilibre des territoires » – Comment parvenir à un développement harmonieux de tous les territoires en organisant mieux les déplacements; et enfin « la jeunesse, l’avenir du département »- Comment offrir à la jeunesse de véritables perspectives d’avenir ?.
La présidente de préciser que «ces réunions pourront être décentralisés afin que les États Généraux puissent irriguer l’ensemble du département».
Suivra, fin novembre, une grande plénière «ouverte à tous» qui permettra de faire la synthèse «de l’ensemble des propositions recensées». Enfin l’Assemblée départementale examinera en janvier 2016, le projet départemental issu de ces États Généraux.
Face au contexte de crise économique et sociale, Martine Vassal invite «au courage et à l’action» et pose « 3 exigences fondamentales ». «La première c’est de jouer collectif pour faire gagner la Provence ». Évoquant la compétition entre les territoires, elle considère que «le temps est venu de transcender des clivages habituels et d’unir nos forces». La deuxième exigence concerne les dépenses : «Dépenser moins mais mieux pour être plus efficace». Martine Vassal d’insister: «Les nouvelles charges imposées par les transferts de compétences, d’une part et la baisse des dotations de l’État, d’autre part, ont singulièrement réduit nos marges de manœuvres». «Dans le même temps, poursuit-elle,nous savons bien que notre pays a atteint la côte d’alerte en matière d’impôts et de prélèvements.» Considérant : «C’est donc l’ensemble de l’action publique qui doit être rationalisé». Et d’annoncer «Nous le ferons sans augmentation d’impôts pendant les 6 années prochaines».
Avance la 3e exigence: «Redonner grandeur et âme à l’identité du département ». «Nous avons la chance d’être le cœur battant de la Provence avec tout ce qui fait sa richesse». Mais aussi, ajoute-t-elle: «C’est une force de frappe incomparable au niveau économique qu’il faut mieux accompagner et même renforcer».
A l’issue de son intervention la Présidente du Département a donné la parole aux élus référents et aux experts, issus de la société civile, pour expliquer les enjeux de chacune des quatre thématiques.
«Le numérique est l’or noir du Département»
Le 1er groupe de travail sur «l’attractivité économique et rayonnement» est porté par Gérard Gazay, maire d’Aubagne et vice-président du département, délégué à l’économie et l’emploi et a comme expert : Patrick Siri, chef d’entreprise, Fondateur Président de P. Factory.
Pour Gérard Gazay «unir nos forces, jouer collectif est un acte politiquement fort». Selon lui, il faut écouter «les dirigeants, les grands groupes, les TPE, PME , les artisans, les professions libérales… Et on se doit d’accompagner les projets». Met en exergue les résultats du jeu collectif en citant comme exemple « The Camp » qui va voir le jour sur l’Arbois. Il entend également travailler avec «des élus de la majorité et de l’opposition». Questionner des experts sur ce secteur, «des responsables d’organisations syndicales, patronales aux chambres consulaires». le décor est planté. Patrick Siri pour sa part parle «d’une excellente opportunité pour le dialogue». Rappelle des projets comme Euromed, les technopoles ou encore la French Tech. «Il est important, considère-t-il, d’attirer des entreprises dans des filières d’excellence comme l’aéronautique, la santé, le numérique». Insistant notamment sur le numérique «comme étant la filière de l’avenir, l’or noir du département »
Martine Vassal de revenir sur le projet « The Camp », «nous viendrons en appui au projet à l’instar d’autres collectivités », précise-t-elle. Elle annonce également toujours autour du numérique « arrêter les ordinateurs portables dans les collèges car la dépense est énorme et l’État prend le relais avec des tablettes accessibles à 9 collèges»
«Il faut donc aller dans le sens de ceux qui en ont le plus besoin»
Le 2e groupe de travail : «L’exigence sociale» est porté par jean-Claude Féraud maire de Trets et Vice-président, délégué au soutien des centres sociaux et a comme experte: Brigitte Cavallaro, directrice générale de la Mission locale de Marseille
Pour Jean-Claude Féraud «l’exigence sociale est un grand défi, un pilier de la cohésion sociale qui est aussi la solidarité». Évoque une situation tendue avec la baisse des dotations de l’État. «Il faut donc aller dans le sens de ceux qui en ont le plus besoin», considère-t-il. Explique que la solidarité est un gros poste au Conseil départemental représentant près de 60% du budget qui s’élève à 2,6 milliards. Selon lui: «Il faut travailler dans le sens de la solidarité. Elle peut passer par le sport entre générations, l’habitat mixte et intergénérationnel…».
Il est souligné que la mission locale a accueilli 25 000 jeunes en 2014. Pour Brigitte Cavallaro, «la jeunesse c’est l’avenir». Met en exergue le rôle important de l’insertion «au sens le plus noble du terme». Et donc miser «sur des futurs citoyens». Les missions locales, selon Brigitte Cavallaro sont «une charnière», car l’insertion ne peut passer que par un emploi. Mais assure-t-elle: «Il faut une approche globale pour des jeunes qui n’ont pas la chance d’avoir des réseaux et qui sont bloqués par un logement, la santé, la mobilité. Il faut donc mutualiser l’économie de coût, ne pas superposer des actions pour plus de lisibilité.»
Martine Vassal estime que «les fonds publics doivent être distribués à bon escient. Il y a la recherche d’emploi, le handicap, les enfants mineurs qui ont des difficultés… Et, le RSA est un socle pour remettre le pied à l’étrier pas de l’assistanat. Dans notre département il y a 160 000 offres d’emplois qui n’ont pas de demandes». Et d’annoncer la mise en place d’un Observatoire de la discrimination.
«Nous perdons un an de vie, six mois pour la pollution, six mois pour le temps passé dans les bouchons»
Le 3e groupe de travail : « L’équilibre et la préservation des territoires » est porté par Lucien Limousin, maire de Tarascon et vice-président du département, délégué au soutien des territoires hors métropole et a comme expert : Vincent Fouchier, directeur du projet métropolitain au sein de la Mission interministérielle.
Lucien Limousin parle d’un geste fort donné à l’ensemble du territoire. Évoque la diversité du département : urbanisé, agricole, la mer, les massifs montagneux. «Le devoir du Conseil départemental est que ces territoires se développent». Pour lui,
la question la plus importante concerne la mise en place de la métropole Aix-Marseille au 1er janvier 2016 «avec à l’extérieur de cette métropole, 3 autres intercommunautés du département qui comptent 27 communes. Il existe là un enjeu fort qui est le maillage du transport».
Vincent Fouchier, auteur d’un livre blanc des transports avance : «Quelles solutions par-delà la métropole Aix-Marseille? La mobilité est une solution qu’il faut trouver, un enjeu qui mérite une concertation». Expliquant: «Au niveau des missions interministérielles, il existe beaucoup de travaux sur l’énergie, l’économie… tous ces sujets ont un facteur commun la mobilité.» Alors, poursuit-il: «Comment à une échelle territoriale plus large apporter des réponses? Pour l’heure c’est sans appel, L’OCDE a pointé du doigt cet enjeu : Aix-Marseille Provence, c’est une métropole autoroutière. A l’échelle de la métropole 96% des déplacements se font en automobile. Nous perdons un an de vie, six mois pour la pollution, six mois pour le temps passé dans les bouchons.» Le diagnostic du livre blanc montre «un retard sur l’offre de transports. Les facteurs de retard sont 3 fois moins d’investissement que dans les autres métropoles, 4 fois moins de progression. L’offre de transport collectif comparer à toutes métropoles confondues est de 160M€ de moins par an sur 10 ans.» Et de prévenir: «La mobilité va avec la logique de développement.»
Martine Vassal de rebondir sur la métropole: Une métropole certes mais qu’est-ce qu’on met dedans? On est tous d’accord pour une métropole de projets mais au niveau des transports, nous avons perdu 2 ans car nous n’avions aucune information. Et Il n’y a pas d’attractivité sans transport digne du 21e siècle». «Le fond du problème, assène-telle, c’est le financement. A Paris l’État met 6 milliards. Ici, nous on doit se débrouiller».
«Il faut rattraper les enfants dès qu’il y a une sortie de route»
Le 4e groupe de travail: «La jeunesse: l’avenir de notre territoire» est porté par Danièle Brunet, conseillère départementale, déléguée à la jeunesse et a comme expert : Didier Raoult, Professeur de microbiologie à Marseille
«La jeunesse c’est la société de demain; les élèves des collèges ce sont de futurs adultes. On va travailler en transversalité avec le sport, la culture, la santé… Nous allons relever le défi en allant sur le terrain. La rencontre est majeure notamment pour la jeunesse en grande difficulté.»
Didier Raoult de se placer sur la prévention de la jeunesse. «On a un drame éducatif dans ce pays. Selon l’OCDE, 25% des garçons ne savent pas lire. Ils sont issus de l’immigration ou de famille monoparentale et ce qui les attend c’est la prison, le djihad, le trafic de drogue.» Remet en question le fonctionnement des collèges et regrette qu’il y n’ait pas de responsabilité locale. «La différence entre le privé et le public ce n’est pas l’argent, c’est la gestion», avance-t-il. Et d’alerter: «Il faut rattraper les enfants dès qu’il y a une sortie de route». Donne comme exemple les résultats de l’École de la 2e chance dont la première a vu le jour à Marseille. Indiquant qu’«une année à l’École de la 2e chance coûte la moitié d’une année de prison…».
La Présidente se veut rassurante: «Nous avons une chambre de garde puisque nous gardons la compétence des collèges. Nous sommes sur la politique du tendre la main.» Et d’envisager, entre autres, de trouver pour les élèves des collèges des stages en entreprise «pour leur donner le goût du travail».
Pour Martine Vassal, en conclusion de cette journée du 18 juin, l’utilité de ces États généraux sera «de recrédibiliser la classe politique parce que nous sommes de la race des élus qui disent ce qu’ils font et qui font ce qu’ils disent».
Patricia MAILLE-CAIRE