Medef Sud. Jean-Louis Maurizi: ‘La Région résiste mieux que la moyenne nationale’

Publié le 17 mars 2023 à  9h01 - Dernière mise à  jour le 3 janvier 2024 à  9h21

Jean-Louis Maurizi, le président du Medef Sud, vient de dresser un bilan sur la situation économique au niveau régional: «Des entreprises qui résistent mais qui s’inquiètent du coût de l’énergie, des matières premières et des problèmes de recrutement.»

Jean-Louis Maurizi, président du Medef Sud vient de faire un point sur la situation économique régionale ©MedefSud
Jean-Louis Maurizi, président du Medef Sud vient de faire un point sur la situation économique régionale ©MedefSud

Jean-Louis Maurizi rappelle, dans un premier temps, le contexte national avec le ralentissement de l’activité fin 2022 et une progression du PIB de 0,1 % au T4 2022 après +0,2 au T3. Il précise: «C’est bien mieux que ce que projetait l’Insee (- 0,2 %), mais on note un recul des dépenses de consommation en biens des ménages et un dynamisme un peu moins fort de l’investissement des entreprises». Mais il constate que le début d’année 2023 est atone avec une prévision de croissance de +0,2 % pour le 1er trimestre 2023.

Prévision de contraction du pouvoir d’achat

Dans le même temps, il met en exergue une inflation qui accélère très légèrement en France (mais qui ralentit en zone euro). Dans l’hexagone elle est de +6% en janvier (contre +5,9% en décembre) avec une accélération de l’inflation énergétique (+16,3% sur un an) et alimentaire (+15,1% sur un an). «Sur la Zone euro nous en sommes au 4e mois consécutif de baisse de l’inflation (+8,5% sur un an), 4 pays de la zone euro présentent désormais un taux d’inflation plus faible que celui de la France : Chypre, Malte, Luxembourg, Espagne.»

Dans l’étude qu’elle vient de publier l’OFCE prévoit que le choc sur l’inflation en 2022 devrait se prolonger en 2023 (5% en moyenne annuelle en 2023, après 5,2% en 2022). Il en résulte une prévision de contraction du pouvoir d’achat des Français dans des proportions quasi équivalentes à celle de 2022 (-137 € par unité de consommation, soit -0,4% sur un an). L’OFCE estime que le bouclier tarifaire permettrait de préserver 220 € de pouvoir d’achat pour les ménages.

Des entreprises régionales qui résistent

Jean-Louis Maurizi tient à signaler, dans ce contexte, la bonne résistance des entreprises régionales. «Les 3 grands secteurs d’activité -industrie, services, construction- se portent plutôt bien : les carnets de commandes restent relativement remplis et les entreprises continuent d’embaucher.» Pour autant, ajoute-t-il: «Nous devrions constater, dans les prochains mois, une hausse du nombre de défaillances d’entreprises. Nous pourrions atteindre 6 000 à 6 500 entreprises défaillantes dans le courant de l’année -nous en sommes à un peu moins de 5 000 actuellement-».

«Cette hausse, poursuit-il, ne constitue pas une dégradation de la situation – ce que confirme l’Urssaf, qui n’observe pas de demandes croissantes d’échelonnement- mais résulte d’un rattrapage des crises précédentes : les entreprises qui auraient dû défaillir en 2020 en plein crise Covid et qui ont été maintenues grâce aux aides de l’État, ont commencé à défaillir en 2022». Il insiste: «La région Sud résiste mieux que la moyenne nationale: – de 40 % de hausse des défaillances en 2022 par rapport à 2021, contre 50 % au niveau national».

Les coûts de l’énergie 1ère source d’inquiétude

Jean-Louis Maurizi n’entend pourtant pas se laisser griser par ces résultats: «Malgré ce climat plutôt positif, nos adhérents nous alertent à 3 niveaux : la poursuite de la hausse des matières premières; les coûts de l’énergie sont la 1ère source d’inquiétude, notamment car ces hausses risquent de se répercuter sur les marges; troisième point noir: les difficultés de recrutement malgré des efforts de la plupart des secteurs pour augmenter les salaires (notamment dans l’hôtellerie-restauration)».

Jean-Louis Maurizi signale à ce propos que le Medef Sud a lancé au début du son Comité Inclusion par l’Emploi réunissant une vingtaine d’acteurs du territoire reconnus pour leur engagement (organisations patronales, entreprises et leurs fondations, institutions et acteurs de l’emploi). L’objectif est d’échanger sur les bonnes pratiques et aboutir à l’élaboration d’outils pour favoriser l’accueil en entreprises de publics éloignés de l’emploi, rapprocher les besoins en compétences des entreprises et les talents régionaux.

Des dirigeants optimistes

Jean-Louis Maurizi évoquera le moral des dirigeants d’entreprise en s’appuyant sur une étude de l’Ifop pour le Medef menée au début de l’année. Elle montre des dirigeants optimistes concernant la situation de leur entreprise (82% très ou plutôt optimistes) sachant que le BTP est le secteur le plus optimiste (89%), le commerce est le moins optimiste (76%). En revanche l’optimisme est moindre concernant la situation économique française (43% sont très ou plutôt optimistes). Là encore le commerce est le moins optimiste (33%). Les principales raisons d’espérer concernent le fait que le carnet de commande reste rempli (46%); la conjoncture internationale ou nationale qui pourrait s’améliorer progressivement (39%); les mesures de soutien pour faire face à l’augmentation des prix de l’énergie (39%). Les principales craintes pour les mois à venir portent sur l’augmentation des prix de l’énergie (57%), les difficultés à recruter (41%), les difficultés d’approvisionnement (26%).
Michel CAIRE

 

Réformes des retraites
Jean-Louis Maurizi signale qu’en 2021, 345,1 milliards d’euros brut ont été dépensés pour financer les pensions. Cela représente 13,8% du PIB. «En France, le financement des retraites constitue un quart de la dépense publique totale, soit 23,4%. A ce titre, nous sommes le 2e pays d’Europe, derrière l’Italie à dépenser autant pour les pensions.» Il précise qu’: «en 10 ans, c’est le poste de dépense qui a le plus progressé, atteignant + 80 milliards. Depuis 2002, les dépenses liées aux pensions ont augmenté de 2 % par an, alors qu’en parallèle, la croissance s’est élevée en moyenne à 1,1 % par an. On constate un écart grandissant entre ces deux indicateurs. Par ailleurs, chaque année le nombre de retraités augmente de 150 000 à 200 000 personnes. Au regard de la démographie, cette tendance n’est pas près de changer. Les chiffres sont connus, en 1960 plus de 4 actifs cotisaient pour financer un retraité, aujourd’hui il n’y a plus que 1,7 actif pour 1 retraité. Il en résulte une dégradation de la situation financière à partir de cette année pour atteindre un déficit de 12,4 milliards d’euros en 2027, de 13,5 milliards en 2030 et de 21,2 milliards en 2035, selon le Conseil d’orientation des retraites». De plus, insiste-t-il: «La comptabilité nationale n’inclut pas le régime des fonctionnaires d’État. Le régime spécial des fonctionnaires, financé par les impôts à hauteur de 57 milliards d’euros annuels, se trouve en situation déficitaire, s’élevant à 33 milliards.»
M.C

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