Medef Sud : Yvon Grosso ne bat pas en retraite !

Publié le 30 janvier 2020 à  12h44 - DerniÚre mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h46

Le patron des patrons de la rĂ©gion a profitĂ© de sa premiĂšre confĂ©rence de presse de l’annĂ©e pour appeler Ă  la nĂ©gociation sur l’épineux dossier des retraites. Tout en estimant que «la mĂ©thode du gouvernement n’est pas bonne», il plaide pour un recul de l’ñge de la retraite jusqu’à 64 ans, sans augmentation du coĂ»t du travail pour l’entreprise.

A 48 heures de l’ouverture de la confĂ©rence de financement, le prĂ©sident du Medef Sud Yvon Grosso s’est longuement livrĂ© sur le dossier des retraites, ce mardi 28 janvier Ă  Marseille. © Robert Poulain
A 48 heures de l’ouverture de la confĂ©rence de financement, le prĂ©sident du Medef Sud Yvon Grosso s’est longuement livrĂ© sur le dossier des retraites, ce mardi 28 janvier Ă  Marseille. © Robert Poulain
A 48 heures du lancement de la confĂ©rence de financement, qui rĂ©unit Ă  partir de ce jeudi 30 janvier les partenaires sociaux afin de trouver avant fin avril un Ă©quilibre financier du systĂšme de retraite d’ici 2027, la rĂ©forme engagĂ©e par le gouvernement a naturellement constituĂ© le plat de rĂ©sistance du premier rendez-vous avec la presse de l’annĂ©e du prĂ©sident du Medef Sud, Yvon Grosso, ce 28 janvier Ă  Marseille. Et s’il reconnaĂźt que cette derniĂšre se veut «ambitieuse », dire qu’elle ne le sĂ©duit pas pour autant est un doux euphĂ©misme. De la rĂ©forme «pas demandĂ©e» au «hold-up programmé» visant Ă  faire main basse sur les excĂ©dents de certains rĂ©gimes, Ă  l’instar de la caisse autonome des avocats, ce sont bien souvent des qualificatifs peu reluisants qui ont Ă©manĂ© des propos du patron des patrons de la rĂ©gion. Qui est mĂȘme allĂ© jusqu’à saluer l’avis du Conseil d’État qui a Ă©mis nombre de rĂ©serves la semaine passĂ©e : «Cela me paraĂźt trĂšs bien vu de sa part», tranche-t-il. MĂȘme la mĂ©thode ne trouve pas grĂące Ă  ses yeux : «DĂšs qu’un gouvernement veut y aller, il n’écoute pas les corps intermĂ©diaires. Et on est peu Ă©coutĂ©s», dĂ©plore-t-il. Cependant, mĂȘme si «la rĂ©forme telle qu’elle est prĂ©sentĂ©e crĂ©e de la confusion», Yvon Grosso n’en estime pas moins qu’une rĂ©forme est «nĂ©cessaire». «Le gouvernement a voulu deux rĂ©formes en mĂȘme temps : l’une structurelle et l’autre afin de prĂ©server le systĂšme par rĂ©partition, ce qui a un coĂ»t. Pour la premiĂšre fois dans l’histoire de France, on a deux gĂ©nĂ©rations Ă  la retraite, cinq millions de personnes qui ont plus de 80 ans et 12 Ă  13 000 centenaires», rĂ©sume-t-il. C’est donc dans cet Ă©tat d’esprit constructif que le Medef se rendra aux nĂ©gociations Ă  partir de ce jeudi 30 janvier. «Je suis pour le changement. Et nous, on croit au dialogue», insiste-t-il.

L’augmentation du coĂ»t du travail, «une ligne rouge»

Pourtant, au-delĂ  de cet optimisme affichĂ©, il semble pour l’heure difficile d’imaginer que ces nĂ©gociations connaĂźtront une issue positive. Pourquoi ? Car le Medef pose clairement «une ligne rouge». «Nous ne voulons pas d’augmentation des cotisations des entreprises, ce qui reviendrait Ă  augmenter le coĂ»t du travail et Ă  diminuer le pouvoir d’achat des salariĂ©s», affiche sans dĂ©tour Yvon Grosso. Pas question non plus que les pensions de ceux «qui vont partir bientĂŽt Ă  la retraite», soient revues Ă  la baisse. « Ce ne serait pas respectueux vis-Ă -vis de ceux qui ont cotisĂ© toute leur vie
 mĂȘme si Macron l’a fait en augmentant la CSG [[Contribution sociale gĂ©nĂ©ralisĂ©e]] de 1,8 %.» DĂšs lors, il ne reste qu’une solution aux yeux du Medef : «Trouver un Ă©quilibre financier passe par un Ăąge d’équilibre. Et, d’ici 2027, c’est 64 ans minimum.» Une Ă©ventualitĂ© que rejette aujourd’hui la CFDT, pourtant le syndicat qui apparaĂźt comme le plus Ă  mĂȘme de parapher un accord
Pour dĂ©fendre sa proposition, Yvon Grosso s’appuie sur l’ñge auquel les Français partent aujourd’hui Ă  la retraite : «La moyenne, c’est 63 ans et quelques mois», assure-t-il. Il avance aussi que «nos seniors actuellement dans l’entreprise ont envie de travailler plus longtemps». Ce qui ne l’empĂȘche pas de reconnaĂźtre qu’il reste encore du chemin Ă  parcourir au niveau de l’emploi des seniors. «Le taux d’emploi des 55-64 ans est passĂ© de 53 Ă  61 % en dix ans : on a rattrapĂ© notre retard au niveau europĂ©en. Mais on doit apprendre aux entreprises Ă  offrir une deuxiĂšme carriĂšre au salariĂ©, mĂȘme s’il n’est pas Ă©vident que celui-ci accepte. Au Medef, on va aider les entreprises Ă  garder leurs seniors», insiste-t-il.
André JEAN

Articles similaires

Aller au contenu principal