Publié le 19 décembre 2021 à 9h47 - Dernière mise à jour le 3 novembre 2022 à 12h35
A partir du 1er janvier 2025, les navires traversant la Méditerranée ne seront autorisés à utiliser que des carburants à faible teneur en soufre dans l’objectif d’améliorer la qualité de l’eau et de l’air de cette zone maritime. Une décision importante issue d’une entente importante entre les pays du bassin qui se sont entendus lors de la COP22 pour créer une zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre (Seca) pour la Méditerranée.
Nul ne peut ignorer que 90% du commerce international est transporté par mer notamment par des cargos essentiellement alimentés à l’énergie fossile, fuel lourd en tête. Selon l’Organisation maritime internationale (OMI), cela correspond à 3% des émissions mondiales de CO2. Les chercheurs de prévenir que «d’ici à 2050, cette part pourrait grimper à 10% des émissions mondiales». Et selon un rapport de l’OMI de 2020, cela pourrait représenter de 90% à 130% des émissions de 2008.
L’accord Seca
Pour rappel, lors de la COP22 des parties contractantes à la Convention de Barcelone à Antalya, un accord a été trouvé entre les pays méditerranéens sur la création de la zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre (Seca : Sulfur Emission Control Area) pour la Méditerranée. Signé le 8 décembre, ce résultat est l’aboutissement de 5 années de travail. De longues discussions et négociations en lien avec la Commission européenne ont eu lieu avec l’Égypte mais également avec Malte, Grèce et Chypre. Toutefois, le Canal de Suez ne sera pas inclus dans la Seca. Pour le ministère de la Mer, c’est une décision «inédite en terme de coopération internationale mais aussi pour la santé publique, la qualité de l’air et le milieu marin».
Selon cet accord, les navires traversant la Méditerranée ne seront autorisés à utiliser que des carburants à faible teneur en soufre dans l’objectif d’améliorer la qualité de l’eau et de l’air de cette zone maritime. En utilisant des carburants soufrés, les navires engendrent dégradent la qualité de l’air des villes portuaires, comme à Marseille qui enregistre 20 % des émissions d’oxydes d’azote, 70 % des émissions d’oxydes de soufre et 2 % des émissions primaires de particules fines.
Cette décision importante aidera également les États membres de l’UE à protéger leurs territoires maritimes et à respecter les engagements environnementaux pris dans le cadre de l’accord vert européen, notamment la stratégie en faveur de la biodiversité et le plan d’action pour une pollution zéro.
Il reste à concrétiser cette décision par une soumission à l’Organisation maritime internationale (OMI) lors du prochain Comité de la protection du milieu marin (MEPC) en juin 2022, mentionne le ministère de la Mer dans un communiqué de presse.
Si la mesure semble aller dans le sens de la réduction des émissions aériennes polluantes des navires, elle n’interdit pas aux armateurs d’avoir recours, par dérogation, à des scrubbers [[Le scrubber est un dispositif installé dans les cheminées qui filtre les fumées d’échappement des moteurs. Les fumées sont ensuite mises en contact avec de l’eau qui absorbe les polluants gazeux qu’elles contiennent. Les fumées propres partent ensuite dans l’atmosphère. L’eau sale est soit rejetée directement à la mer pour les scrubbers à boucle ouverte, soit stockée et traitée à terre pour les systèmes en boucle fermée… Surfrider dénonce dans ce dans ce cadre: «Moins de rejets atmosphériques pour plus de rejets en mer»]] qui leur permettent de ne pas abaisser la teneur en soufre du fioul lourd brulé par leur navires .
Patricia MAILLÉ-CAIRE