Une délégation marocaine est restée une semaine en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Parmi les 8 thèmes abordés, le développement économique local et transition écologique. L’objectif est de développer des synergies dans ces secteurs entre les rives nord et sud. Des discussions fructueuses ont eu lieu avec l’association Neede Méditerranée, chargée d’accompagner la transition écologique dans la Région sud.
Apprendre de son voisin
Pour Cyprien Fonvielle, le directeur général de Neede Méditerranée, « Les scénarios les plus pessimistes du GIEC font apparaître un risque de Mer Morte en Méditerranée en 2050 ». Mais il tempère aussitôt « Il y a des sources d’espoir, des capacités à réduire les impacts du dérèglement climatique ». Et cela passe par des coopérations Nord-Sud, des co-constructions de programmes. « Il faut un effet miroir, apprendre les leçons de la rive sud qui est en première ligne. Le Maroc a su réagir à la sécheresse. On doit s’en inspirer et faire de la Méditerranée un laboratoire de la transition environnementale ».7
L’Europe doit investir au Maroc
Les Marocains ont pris de plein fouet le dérèglement climatique. « L’agriculture du Sud faisait la richesse du pays voilà quelques décennies », analyse Mustapha El Harrous, président du conseil provincial de Fahs-Anjra. « Aujourd’hui c’est le désert, la culture est au Nord ». Dans ce dossier la délégation marocaine dénonce l’Europe « qui ne travaille que sur le problème de l’immigration clandestine, de l’exode or elle doit travailler pour stopper l’extension du désert. Ce n’est pas des policiers qui l’arrêteront. L’Union européenne a beaucoup de fonds et elle doit investir dans la transition écologique dans nos pays du Maghreb ».
Des initiatives dans tous les secteurs
En 2016, le Maroc a accueilli la COP 22 et il continue d’agir pour préserver les ressources. La politique de transition énergétique est à l’œuvre avec le développement des énergies renouvelables, l’économie d’énergie dans les transports ou le bâtiment. « Le pays compte réduire son empreinte carbone de 42% en 2030 », annonce Abdelaadim El Hanchi, le directeur exécutif de l’Association des présidents de conseils provinciaux et de provinces. « Face aux six années de sécheresse consécutives, le pays a créé des autoroutes de l’eau pour alimenter les régions les plus en souffrance. On fait 90% de « re-use » (utilisation des eaux usées) pour l’irrigation à Rabat. On a aussi développé une ville verte, Benguerir avec son université polytechnique pour œuvrer notamment dans la transition écologique ».
Aller sur place
Neede a pris tout cela en compte. La structure de médiation scientifique a déjà mis en place des « voyages apprenants ». Des agriculteurs et viticulteurs du Var sont allés au Maroc pour voir quels cépages, quelles cultures il faudrait implanter dans le sud de la France. Des coopérations en matière de formation à la transition écologique pourront aussi être mises en place. « Le monde évolue et les entreprises vont manquer d’énormément de personnels formés et de tous niveaux dans ce secteur ces prochaines années au nord et au Sud de la Méditerranée » insiste Cyprien Fonvielle.
Reportage Joël BARCY
Odysseo, un site dédié
Neede participe au plan Marseille en grand mais s’étend sur toute la région pour accompagner les populations, les territoires et les collectivités locales vers la transition écologique. Pour traduire l’ambition, un site baptisé Odysseo, dédié à la médiation scientifique, la formation et la recherche devrait voir le jour en 2026 quai de la Major. Ce lieu totem devrait fédérer tous les acteurs de la transition écologique.
