Publié le 8 décembre 2013 à 19h45 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h10
« Il va falloir aller chercher cette mémoire là où elle existe »
A propos de l’enseignement de l’histoire, Il évoque une visite au musée d’Orsay à Paris avec son fils de 9 ans. « Une visite qui a duré plus de 3 heures. En sortant mon fils se tourne vers moi et me dit : “Papa, Est-ce que nous au Maroc, on a un XIXe siècle ?”. Quelle question ! Mais il avait raison parce que ce XIXe siècle, il l’a vu, en relation étroite avec des réalités physiques, des objets, des tableaux, c’est cela la mémoire. C’est là que se situe le problème que nous avons. Il va falloir aller chercher cette mémoire là où elle existe. » Il poursuit : « Quand je parle d’Amnésie, en 2009 c’était le 400e anniversaire de l’expulsion des Morisques d’Espagne. Or la communauté des descendants des Morisques espagnols est au Maroc. Je n’ai pas vu de mots, ni quelque chose qui relate cet événement tragique. D’autant plus tragique que, quand je me réfère à l’œuvre de Rodrigo de Zayas “les Morisques d’Espagne et le racisme d’État” et qu’il écrit qu’ “au moment de l’inquisition 500 000 Morisques ont été noyés et que seuls 25 500 sont arrivés à terre”, c’est pire qu’un oubli c’est une deuxième condamnation. Ce sont des choses inacceptables. »
« Cette histoire ne peut s’écrire que s’il y a la liberté d’expression »
Il souligne également un autre oubli : « Je suis originaire de Tanger et nous avons eu un grand voyageur Ibn Battûta. J’ai appris que c’était son 800e anniversaire par la Nasa, parce que la Nasa a décidé de donner son nom à une étoile. Or, à Tanger, il n’y a aucune indication pour rappeler l’existence d’ Ibn Battûta qui est mondialement connu. Voilà l’histoire qui doit se construire. » En ce qui concerne l’histoire du Maghreb, il estime : « Cette histoire ne peut s’écrire que s’il y a la liberté d’expression. La liberté des scientifiques de faire leur devoir, leur travail en toute indépendance. Ce n’est pas une histoire des nations, c’est une histoire commune de la Méditerranée qui ne peut être écrite que par des gens libres. »
Patricia MAILLE-CAIRE