Publié le 11 février 2021 à 7h30 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 14h55
Christian Estrosi, maire de Nice, a réuni ce mercredi 10 février son Conseil scientifique local alors que la situation se dégrade de manière continue depuis le début de l’année. Au terme duquel de nouvelles mesures sont proposées.
La situation sanitaire dans les Alpes-Maritimes et notamment sur le territoire de la Métropole Nice-Côte d’Azur «est extrêmement préoccupante», note Christian Estrosi, maire de Nice, président de la Métropole Nice Côte d’Azur. Il met en avant un taux d’incidence de 452 pour 100 000 «bien plus élevé que la moyenne nationale et une saturation quasi-totale du milieu hospitalier, avec plus de 730 personnes hospitalisées dans le département et un taux d’occupation des lits en réanimation de 95%», et de rappeler que, le 9 février, le Préfet des Alpes Maritimes a dressé hier un état des lieux «préoccupant et défavorable».
La situation se dégrade de manière continue depuis le début de l’année, le Maire avance: «Je ne peux pas attendre que la situation soit à un stade tellement avancé, que les hôpitaux ne seraient plus en capacité d’accueillir en réanimation ou en soins intensifs un patient qui en aurait besoin. Je ne peux m’y résoudre». Il considère: «Nous devons apporter une meilleure réponse sur la prise en charge des personnes, quelle que soit leur catégorie, pour que toutes aient la même égalité des chances et retrouvent parfaitement leur plénitude d’agir. C’est un devoir d’humanisme. La Métropole Nice Côte d’Azur, en tant que coordinateur agit, prend des mesures fortes pour toutes les générations de son territoire».
«Nous avons tout mis en œuvre pour assurer la protection des Niçois et des habitants de la métropole»
C’est dans ce contexte que Christian Estrosi a réuni ce 10 février le conseil scientifique qui l’accompagne depuis le début de cette crise afin de faire le point sur les mesures qui pourraient être engagées. «Autour des professeurs Carles, Mondain, Pradier, de mes présidents délégués, de son adjoint à l’environnement et du premier adjoint un point sur la situation a été fait», indique-t-il avant de rappeler: «Depuis le début de la crise, nous avons tout mis en œuvre pour assurer la protection des niçois et des habitants de la métropole : masques, tests, dispositifs réglementaires : arrêtés sur les gestes barrières, arrêté couvre-feu, port du masque, toutes ces mesures ont été attaquées et nous avons obtenu gain de cause».
«Face à la situation actuelle, souligne-t-il, qui est notamment due à l’accroissement des flux lors des congés de Noël, j’ai souhaité prendre un arrêté pour limiter la venue des touristes sur la métropole durant les congés d’hiver en limitant la possibilité de louer un appartement ou une villa via les plateformes de location saisonnière. Il suffit de lire les faits divers pour voir les débordements constatés par les forces de l’ordre. La même juridiction qui m’a reconnu le droit, voire le devoir d’agir face aux circonstances exceptionnelles que connaissait la Ville de Nice lors de l’examen du recours contre le couvre-feu ou le port du masque, a tenu lundi le raisonnement inverse, estimant que comme le Préfet n’est pas intervenu c’est que la situation ne serait pas exceptionnelle, et ne justifierait pas de mesures exceptionnelles ! Quelle bizarrerie ! Allez comprendre ! Mieux vaut s’en remettre au Conseil d’État. Nous avons donc fait appel de cette décision. Et j’attends sereinement l’audience ! Mais je note in fine que malgré sa suspension cet arrêté a malgré tout produit des effets vu le nombre beaucoup moins important de touristes au mois de février qu’en décembre».
Dans ce cadre, avec le conseil scientifique nous avons proposé les mesures suivantes:
Une meilleure communication :
Pour intensifier le respect des gestes barrières et le triptyque dépister, isoler, tracer, les membres du Conseil Scientifique se déplacent dans les quartiers notamment aux Moulins, à l’Ariane ou à Bon voyage pour expliquer simplement la nécessité des respecter les gestes barrières. «Face à une surmédiatisation qui brouille les messages, les citoyens ont besoin de consignes claires et simples : port du masque, éviter les regroupements, lavage des mains et aération des pièces. En allant directement au contact et en permettant un échange interactif, nous comptons améliorer la prise de conscience et la mise en œuvre de la seule protection réelle qui existe aujourd’hui».
Mieux se préparer en identifiant « notre ennemi »
Les variants sont présents sur le sol de la métropole niçoise et ils risquent même de devenir majoritaires. «Dans les travaux que nous menons avec le CNRS et notamment avec Pascal Barbry les variants ressortent dans nos eaux usées, avec des mutations principalement du variant anglais, mais aussi des variants sud-africain et brésilien. Ces mutations connues pour leur forte contagion apparaissent beaucoup à Bon voyage et aux Moulins».
Le Maire évoque la technologie de séquençage dans les eaux usées utilisée depuis des mois en région Sud, déplorant qu’elle soit peu répandue au niveau national. «Elle nous permet pourtant de détecter 36 heures avant les tests de dépistage la présence de ces virus. Elle apporte des informations précises sur la situation épidémiologique et permet de mieux anticiper. Outre la poursuite de ces analyses régulières sur les eaux usées de la Ville et de la Métropole nous proposons aujourd’hui d’aller plus loin en travaillant sur l’analyse des rejets des eaux usées des toilettes des avions en escale à l’aéroport Nice Côte d’Azur. Cette approche permettrait d’identifier la menace et d’agir en conséquence. Je me rapproche aujourd’hui de l’aéroport pour mettre en place un protocole d’étude. A minima sur les longs courriers, nous pourrons analyser les virus que l’on nous apporte depuis d’autres territoires». Christian Estrosi annonce : «Cette identification sera complétée par des tests PCR de criblage qui débutent au CHU avec les automates qui permettront en 36 heures de classifier le variant dont le patient est atteint».
Une réponse adaptée avec un partenariat public / privé effectif
Face à la saturation des hôpitaux, des soins en ranimation et des soins intensifs, Christian Estrosi juge qu’il: «faut imaginer des dispositifs pour éviter que cette saturation conduise à ne plus prendre en charge certains patients. Je ne peux l’accepter. Nous avons donc décider de réunir en début de semaine prochaine sous l’égide du Conseil local de santé l’ensemble des acteurs et professionnels de santé pour apporter une offre coordonnée et complémentaire en fonction de la typologie des patients et de leur état de santé. L’oxygénation étape fondamentale dans la prise en charge de cette pathologie peut se faire hors soin intensif et sans forcément envisager une intubation ou une ventilation mécanique. Et pour apporter une meilleure réponse pour la prise en charge il faut que l’ensemble des professionnels de santé se parlent, se coordonnent et s’épaulent. Nous communiquerons bien sûr le plan qui sera arrêté à l’issue de cette concertation».
Enfin il demande une nouvelle fois aux magasins qui sont ouverts, aux grandes surfaces alimentaires «de limiter les concentrations de personnes dans leur commerce. Je leur demande de mettre en place des systèmes de comptage par personne et non par famille et d’être très stricts sur le respect des gestes barrières. A défaut nous serons contraints d’envisager des mesures plus réglementaires pour les faire respecter».
Luc CONDAMINE