Publié le 22 juillet 2013 à 11h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 15h58
La feria du cheval célébrait les 1 000 ans de Méjanes, le propos n’est en rien exagéré comme le prouve le très bel ouvrage réalisé par Michèle Ricard sur cette longue histoire. Elle raconte : « J’ai eu des problèmes, j’étais inquiète, mais, dans le même temps il était hors de question de vendre Méjanes qui, pour moi, est plus qu’un domaine, c’est l’âme de Paul Ricard ». Elle s’interrompt quelques instants, puis avec émotion et une infinie pudeur, elle explique les raisons qui l’ont poussé à écrire ce livre. « Ces pages sont un hommage à mon père, Paul, un homme extraordinaire, travailleur, courageux et généreux et à Patrick qui, à son tour, devint notre chef, notre soutien, notre référence. Patrick dont les meilleurs souvenirs d’enfance se situent ici, Patrick qui a rejoint les cimes éternelles, le 17 août 2012 ». Elle reprend : « Cet ouvrage est un message moral pour les enfants, les petits-enfants, pour qu’ils sachent combien leurs grands-parents, leurs arrière-grands-parents étaient attachés à ce site riche d’histoires ».
Retour en arrière, en 2009. « Je suis chez papa et je cherche des documents pour le centenaire de sa naissance lorsque je tombe sur des notes sur Méjanes de Vincent Benzi qui était membre de l’Institut historique de Provence dans les années 50. Pour moi, sachant que mon père parlait par signes, il nous montrait le chemin mais ne nous l’imposait pas, s’en était un. Il me fallait travailler sur l’histoire de Méjanes. Michel Montana, (directeur des relations extérieures de La Marseillaise et ami de Paul Ricard ndlr) m’a aidé, à ouvrir certaines portes. J’ai pu travailler dans les bibliothèques d’Aix et Arles, travailler à Paris et jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle ; avoir accès à des documents rares, aux archives départementales, trouver que, dès 920, on parlait de Méjanes. Pour ce travail, j’ai dû me confronter au latin que je n’ai jamais étudié car mon père disait que c’était inutile pour vendre du Ricard… Mais, avec le Français, l’Espagnol, j’ai pu déchiffrer les documents ». On suit ainsi l’évolution de ces terres, propriétés de l’Église avant que la Provence ne devienne Catalane, par le mariage de Douce de Gévaudan avec Raimond Bérenger III comte de Barcelone. La propriété revient ensuite en 1116 au comte des Baux. Cela durera jusqu’au 6 avril 1240 date à laquelle les Templiers deviennent propriétaires des lieux. Puis viendront sur ces terres les hospitaliers de Saint-Jean… Jean-Baptiste Marie de Piquet, marquis de Méjanes en devient le propriétaire au XVIIIe siècle. Il associe ce nom à celui d’Aix en étant à l’origine de la bibliothèque du même nom. « J’ai retrouvé ainsi tous les propriétaires, jusqu’à l’année 1939, date à laquelle mon père et ma mère ont pris possession de cette propriété ». On ne trouvera pas ce livre dans les librairies. « Je ne me suis pas sentie de le vendre. Et puis, j’ai le sentiment qu’une telle aventure ne peut se vendre, seulement s’offrir ».
Michel CAIRE