Publié le 25 mars 2021 à 7h28 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 15h44
Mis en terre le 12 mars dernier à Manosque (04), 35 pistachiers élargissent l’éventail des vergers conservatoires de la Maison de la biodiversité au domaine de la Thomassine, où se cultivent 420 variétés fruitières anciennes. Ces arbres, recouvrant sept variétés-test, ont été offerts au parc naturel régional du Luberon par les associations «Pistache en Provence » et «Act for Planet»
En Provence, l’histoire de l’arbuste remonte à l’époque romaine pour un déclin daté à la fin du XIXe siècle. Avec la réintroduction de cette culture d’antan, la démarche partenariale veut se tourner vers l’avenir. Car fort de sa rusticité le pistachier additionne des atouts propices à une relance visant un double objectif : agir pour le climat et favoriser le développement d’une filière agricole locale. «Au niveau du stress hydrique cette production peut constituer une alternative dans le contexte du dérèglement climatique, le pistachier étant peu gourmand en eau. Cet arbre originaire de Mésopotamie supporte de fortes amplitudes thermiques, résistant aux fortes chaleurs comme au gel », indique Alexis Bertucat, président d’Act for Planet , administrateur France Amandes, responsable tourisme, communication et Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) pour le groupe d’Olivier Baussan.
Un produit à haute valeur ajoutée
«C’est aussi une production de diversification qui peut s’avérer très intéressante du point de vue économique pour l’agriculteur. La pistache représente un produit à haute valeur ajoutée et son prix est supérieur à celui de l’amande, au-delà de 20 euros le kilo, situe le président qui précise que Act for Planet porte le volet expérimental de la relance. «Nous avons acquis 550 pistachiers en 2020 que nous avons offerts à vingt partenaires régionaux afin d’avoir des retours de tests de culture en fonction du terroir et des méthodes culturales, précise Alexis Bertucat. Nous bénéficions de l’appui de la chambre d’agriculture du Vaucluse qui a détaché deux techniciens. Un itinéraire technique a été élaboré sur le papier que nous avons maintenant à vérifier dans la pratique. »
Une réelle opportunité économique
L’action d’Act for Planet est également axé sur les leviers de la transformation dans l’objectif de structurer une filière dont les débouchés repose essentiellement sur une économie artisanale de proximité dans les secteurs de la pâtisserie, de la glace, de la confiserie, à l’instar du Roy René qui produit 50 millions de calissons par an ainsi que de grosses quantités de nougats. Des recherches se penchent par ailleurs sur la valorisation des feuilles de l’arbuste dans le domaine de la cosmétique. Alexis Bertucat témoigne encore de l’engouement qui se manifeste sur le terrain et de la forte participation des agriculteurs aux réunions d’information. « Quelques-uns se sont d’ores et déjà positionnés sur de petites surfaces à l’exemple d’un jeune agriculteur qui a planté cinq hectares à Valensole», illustre-t-il.
«Pistache en Provence», qui promeut la filière et la dynamique, a sur trois ans permis l’émergence d’une quarantaine d’hectares sur le territoire régional, sachant que le pistachier doit se développer de cinq à sept ans avant de donner ses premiers fruits. Vice-président de l’association, Jean-Louis Joseph s’est lui-même lancé dans la pistache. Après avoir planté 600 plants sur ses terres bastidonnaises, il témoigne d’ «une culture assez facile à mener, qui demande une taille légère. Il faut juste lever le bois mort lorsque l’arbre est formé. Les États-Unis et l’Iran sont les premiers producteurs mondiaux et la France importe chaque année 10 000 tonnes de pistaches», souligne le vice-président, pour donner la mesure de l’opportunité économique à saisir en misant sur le nouvel or vert de la Provence.
Nadia VENTRE pour l’Espace Alpin
[(L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin
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