Le président de la Chambre régionale des entreprises de l’économie sociale et solidaire (Cress) Provence Alpes-Côte d’Azur est un homme qui entend aller de l’avant, mais aujourd’hui il est lassé de la bienveillance de l’État, il veut des actes. Denis Philippe l’a rappelé lors d’un point presse pour lancer le mois de l’ESS.
Une économie non négligeable
L’économie sociale et solidaire représentent 17 000 entreprises dans la région, 10% du PIB et près de 200 000 emplois. Ce n’est pas négligeable mais encore insuffisant pour être réellement pris en compte. Résultat, la Cress Paca est dotée d’un budget riquiqui de 1,5 million d’euros abondé pour moitié par un financement public. «L’autre moitié il faut se débrouiller pour la trouver», signale Denis Philippe qui précise: « Impossible avec ce montant d’accompagner les adhérents correctement et on commence à voir des chapelles, des officines qui se créent et des divisions vont apparaître».
Réviser la loi de 2014
La loi sur l’économie sociale et solidaire remonte à 2014. Elle était portée par le ministre délégué de l’époque, Benoît Hamon. Mais depuis « rien n’a bougé», constate le président de la Chambre régionale. « Moi ce que je veux c’est que la Cress devienne une chambre consulaire avec les moyens financiers afférents pour que l’on puisse vraiment aider ces entreprises et exister comme les chambres de commerce et d’industrie. Il faut que la loi de 2014 évolue ». Denis Philippe fait partie des rares présidents qui militent pour une réforme de la loi…Dans ces conditions il doit constamment prendre son bâton de pèlerin pour militer. Il affirme: « Oui je fais de la politique mais c’est le seul moyen pour essayer de convaincre les acteurs de l’intérêt de cette économie solidaire qui comprend des petites associations mais aussi des coopératives et de grosses mutuelles ». Denis Philippe reconnaît qu’il y a un gros travail à faire pour mettre en avant l’ESS: « Il y a encore une méconnaissance du secteur. Il faut que nous ouvrions les portes, qu’on élargisse le spectre pour que d’autres formes d’entreprises viennent s’agréger. Ne restons pas figer sur notre histoire car il y a un risque de devenir la préhistoire ».
Le mois de l’économie sociale et solidaire initié à Marseille est devenu une opération nationale en novembre. Le signe peut-être que le militantisme de la CRESS régionale finira par payer.
Reportage Joël BARCY