Publié le 8 juillet 2013 à 1h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 15h56
Des chants montent dans le brouhaha du Mondial. Des équipes de boulistes allemandes festoient. Volker sera le porte-parole du groupe puisqu’il est rompu à la langue française. « Nous venons d’une ville… (trop compliquée à écrire) située à proximité de Sarrebruck. C’est la 5e fois que nous venons entre amis pour participer au Concours. Le seul auquel nous participons en France .» Mais 2013 ne leur a pas porté chance. « Ce matin, nos trois équipes ont perdu dès la première partie. » Mais la défaite n’a pas altéré leur bonne humeur qui s’est traduite par des chants dont on ne pourra pas préciser la teneur puisqu’ils sont en …Allemands. Au-delà des boules, Ils ne rateraient pour rien au monde ce concours « pour l’ambiance, la météo, l’organisation, la gentillesse des gens ». Seule ombre au tableau : « La bière est trop chère », signalent-ils avec humour.
Colette assise dans l’herbe, affiche fièrement ses 72 printemps . Elle vient de Saint-Chamond petite ville de la Loire qui a fourni 9 équipes au Mondial. « Je fais partie d’un petit club de pétanque. Et je viens au Mondial parce que c’est convivial. Pour le jeu on ne se faisait pas d’illusions. » Effectivement, le deuxième niveau n’a jamais atteint. Mais qu’importe pour cette jeune septuagénaire : « On aura encore à travailler pour revenir l’année prochaine. » Avec, l’espoir de retomber contre une équipe de filles d’ici « aussi sympathique que cette année. »
Nathalie, Marie-Laurence et leurs enfants attendent, une nouvelle partie, se reposent ? Que nenni ! elles attendent les artistes qui participent au Trophée qui leur ait dédié. « On vient pour les voir et leur demander des autographes », expliquent-elles. Mais pas seulement : « Les enfants viennent ici pour la première fois et on voulait partager cette ambiance avec eux. On ne joue pas, ce n’est pas notre truc mais on aime bien regarder. » Plus question de poursuivre l’entretien, les artistes sortent de l’espace VIP pour rejoindre le terrain de tous les combats.
Attendant son tour, assise sur le capot d’un camion, Cécile qui vient de Marignane, participe à une partie, hors concours, avec ses amis. « Je suis venue pour soutenir mes amis. ils ont perdu, je joue avec eux autrement cela nous ferait partir trop tôt. » Cette joueuse qui ne semble pas s’en laisser compter, n’a pourtant participé au concours. « Je n’ai pas trouvé de coéquipières pour participer. Il faut que ce soit une équipe composée d’amies. Je ne veux pas jouer avec des personnes que je ne connais pas. Les boules c’est l’amusement, l’amitié. Cela fait partie du jeu. Ici, chaque année, c’est super, tout le monde vient pour s’amuser. Malgré le monde, tout se passe bien et même s’il y a des équipes étrangères, tout le monde se comprend. »
« Je viens dès que je peux au Mondial, quand mon fils m’inscrit », explique Jacques venu de Lyon, en attendant son tour pour pointer dans une partie consolante, hors concours. « L’année dernière on avait passé deux tours, ce n’est pas le cas cette année », regrette-t-il. Mais rien ne vient obscurcir cette belle journée. « J’adore le Mondial, j’aime cette région que je connais bien puisque je suis resté 10 ans à Istres en tant que militaire. » Membre d’un club de boules de Belleville-sur-Saône, il aime participer « au plus grand concours qui puisse exister. J’ai fait des nationaux mais ce n’est pas la même ambiance. Ici c’est la fête, tout le monde est heureux. »
Michèle alias Nine est une personnalité dans le milieu des boulistes, à Marseille et bien au-delà. « On a fait une belle partie avec Audrey Arnaud, Fabienne Albentoza. On a perdu 10 à 13. Je participe au mondial depuis 17 ans, je suis arrivée 6 fois en ¼ de final et 1 fois en demi-finale. Le Mondial c’est le plus beau concours de la vie même quand on est fatigué. »
Assis sur un muret bien à l’abri du soleil, le trio de choc marseillais Marcel dit le Vicomte, Julie et Claude, attendent le passage des artistes. Point de participation au concours mais le plaisir de « passer un bel après-midi ». Et le Vicomte d’ajouter, sourire en coin : « Moi, je ne peux pas jouer, je suis Toulonnais. » Même s’il vit à Marseille depuis des décennies,Varois un jour, Varois pour toujours. « On vient surtout pour cette belle ambiance », ajoute Julie. Et Trophée des artistes oblige, « voir notre Bosso national gagner le trophée », lance Claude avec la fougue de la victoire.
« La boule des Taillades » est inscrit sur leur Tee-shirt et ils rayonnent par leur très bonne humeur. Auraient-ils passé le deuxième tour ? La présidente du club vauclusien, Maryline assure que non. Mais, poursuit-elle : « Nous sommes venus pour passer une bonne journée avec des copains. On a gagné une partie c’est déjà pas mal. » Précisant : « On revient chaque année depuis 12 ans et on insiste. Maintenant on va aller regarder les Pros. »
Un premier mondial pour les Marseillais Olivier, Jonathan et Michel qui ont apprécié « cette ambiance familiale, détendue. Et surtout participer à un concours qui permet à tous les niveaux de se mélanger.» Quant aux performances des trois jeunes gaillards : « Nous avons gagné la première partie », annoncent-ils fièrement. Avouant au passage : « On ne pratique pas souvent. On n’est même pas des joueurs du dimanche. Mais on va maintenant travailler d’arrache-pied pour gagner, l’année prochaine, la 2e partie. »
Edwige brandit sur son chapeau sa provenance, Lyon. Elle participe à sa manière au Mondial en accompagnant, dans cette aventure toujours incertaine, son mari et son petit fils Steven, 14 ans « qui poursuit le concours, car il a gagné la 2e partie », explique-t-elle en arborant un large sourire. Le plaisir pour cette Lyonnaise d’adoption est de revenir dans sa région puisqu’elle est originaire de Sanary. « C’est la 4e fois que nous venons au Mondial et j’aime vraiment beaucoup l’ambiance. » Si son petit fils est toujours dans la course aucun mot sur le parcours de son mari. Aurait-il perdu dès le premier tour ? Nul ne le saura.
Dans les allées qui mènent au Parc Borély, ils sont assis, François, Eric, Fifi, Janot, au pied d’un arbre à proximité d’un camping-car. L’air un peu abattu, on ne peut résister à poser la question fatidique, « Vous avez perdu ? ». « On en a gagné qu’une cette année. On n’a pas bien joué et les autres ont bien joué », soupire l’un d’entre-eux. Précisant qu’ils sont venus entre amis de la Manche et de Paris. Une 7e édition pour certains d’entre-eux. Vient alors l’heure des règlements de compte pour un tel échec, se rejetant mutuellement la faute, une banane dessinée sur le visage, avec au final en ligne de mire un François, imperturbable. « Nous sommes venus d’abord parce que c’est quand même le plus gros concours de boules, pour l’ambiance, le soleil, les copains et… le Ricard. » (attention l’abus d’alcool est dangereux ndlr). Point question de repartir, après quelque repos, il s’agit bien d’aller « voir quelques parties ». Elle est pas belle la vie ?
Propos recueillis par Patricia MAILLE-CAIRE