Publié le 10 septembre 2013 à 17h12 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h17
Place Bargemon, Marseille, en plein cœur de la ville, entre la Mairie et le Pavillon M, il est devenu habituel depuis quelques jours de voir des marseillais, des touristes, immobiles, parfois avec un appareil photo. Manifestation ? Non. L’art, avec Marseille Provence 2013, est descendu dans la rue. ? Dans ce cadre la place est devenu le musée à ciel ouvert, des œuvres de Bruno Catalano, artiste de renommée internationale qui expose pour la première fois dans la ville qui l’a vu grandir.
L’artiste explique: « Je suis né au Maroc avant de devoir, adolescent, quitter ce pays, de grandir à Marseille. D’où l’idée des voyageurs, de valise, de déchirure ».
L’homme ne cache pas qu’il est un autodidacte, qu’il a fait divers métiers, marin, électricien, avant de découvrir la sculpture, en premier lieu sur argile. Puis vient le bronze, les premiers voyageurs et, toujours,une idée, « pour faire vivre une sculpture il faut qu’elle souffre ».
Une première blessure, celle du départ, conduit l’artiste sur les chemins de la créations. Un incident va lui ouvrir les voies de sa maturité artistique: « J’avais réalisé une sculpture de Cyrano dont le visage me plaisait particulièrement. Elle se casse en deux. Je ne peux la jeter. Finalement je coupe la pièce, et la valise apparaît, permettant à l’ensemble de tenir. Je présente la pièce à Paris, elle est achetée. Je poursuis dans cette direction, avec des pièces plus grandes, laissant apparaître une béance, le vide, un vide que je n’ai pas chercher ». Puis, de rendre hommage « aux prouesses réalisées par les fondeurs de la fonderie de Valence avec laquelle je travaille ».
L’exposition marseillaise met en scène dix voyageurs à taille humaine et une sculpture de 3 mètres de haut spécialement réalisée pour l’occasion. Elle sera ensuite offerte à la Ville.
En attendant, c’est jusqu’au 30 septembre que l’on peut découvrir ces voyageurs. Ils sont à l’image d’une partie de la population marseillaise, déracinée, mais debout, en marche. Ils sont aussi à l’image de la ville elle-même, fragile, blessée, cosmopolite, mais qui, malgré les déchirures ne cessent d’aller de l’avant. Pulsion de vie, malgré tout, plus que tout.
Michel CAIRE