Publié le 16 juillet 2013 à 7h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 15h57
Le président de MPM, Eugène Caselli, au sortir de sa visite au sein de l’association « Savoirs pour Réussir », à l’occasion de son 10e anniversaire, explique : « Je suis venu à la découverte de cette association dans le cadre de l’écoute qui est la mienne de toutes les structures qui travaillent en direction des jeunes non qualifiés afin de les intégrer. Ces associations, et on a bien vu à quel point cela était le cas aujourd’hui, effectue un travail remarquable qui mérite d’être aidé, surtout dans une ville telle que Marseille qui souffre autant du chômage». En effet, cette rencontre a été particulièrement riche, grâce à ces jeunes qui font la démarche volontaire de venir en ces lieux et de ces bénévoles qui donnent de leur temps et de leur savoir pour les aider, les accompagner, les soutenir dans leur chemin vers l’emploi. Ensemble, ils affrontent les difficultés et, notamment le grand défi de la lutte contre l’illettrisme. Tout en construisant des parcours conduisant à l’insertion, à l’emploi, des jeunes qui souvent sont parmi les plus éloignés de l’emploi et déstructurés socialement.
Un accompagnement personnalisé
«Notre dispositif, outre le bénévolat, s’appuie sur un accompagnement personnalisé », précisent les responsables de l’association. Et les parcours, effectivement, sont divers comme le montrera celui des jeunes présents. Mais, dans chaque cas, des éléments communs se retrouvent, un courage, une envie, un lien entre le jeune et les membres de l’association. La Ville et la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) financent cette structure.
Nurgul Sarikaya est la première à prendre la parole. Elle était en seconde en Turquie, lorsque, en 2007, elle a quitté son pays avec ses parents pour rejoindre la France. Elle ne connaît pas un mot de français, elle rejoint alors « Savoirs pour Réussir », travaille énormément, entre en seconde en 2008. Que de chemin parcouru depuis, en septembre 2013, elle intègrera Polytechnique Marseille. Entre temps, elle est devenue bénévole de l’association où elle donne des cours de maths.
Une autre jeune fille, timide, n’en est pas moins volontaire. Elle aussi, en sus de sa scolarité, vient à l’association suivre des cours, préparer le concours d’entrée de la gendarmerie. Un autre jeune bénéficie d’un soutien pour obtenir le permis de conduire, il est également suivi dans les stages qu’il effectue en entreprise.
Diane raconte : « Lorsque je suis arrivée, je ne savais ni lire ni écrire, j’ai tout appris ici. Aujourd’hui, je m’occupe de personnes âgées ». Un responsable de la structure d’ajouter avec fierté et tout autant d’émotion : « Elle vient de réussir sa Validation des Acquis d’Expérience (VAE) ».
« Créer un lien de confiance avec le jeune »
Alain souligne : « Je suis tuteur depuis cinq ans. La première chose qu’il faut faire, c’est d’établir un lien de confiance avec le jeune. Certains sont dans l’illettrisme car ils ont subi des chocs psychologiques dans l’enfance. Nous sommes à leur côté, nous sommes là pour les aider à formuler ce qu’il n’arrive pas à exprimer. Nous ne sommes ni les parents, ni les formateurs, nous sommes ceux à qui les jeunes peuvent se livrer lorsqu’ils sont en confiance. Ceux qui vont voir le patron, le formateur. Et ce tutorat est aujourd’hui reconnu comme un levier efficace contre la rupture des parcours ». Preuve qu’un climat de confiance existe : « 30% des jeunes nous envoient leurs copains ». Les exemples se succèdent, un jeune garçon qui n’était jamais allé à l’école, vient de réussir son CAP ; une autre qui, elle non plus ne savait ni lire, ni écrire, vient de décrocher son premier stage d’apprentissage avant d’entrer en CFA en septembre.
Une bénévole poursuit : « Depuis cinq ans, je co-anime un atelier code de la route. Ce sujet motive les jeunes et leur permet ainsi d’acquérir le vocabulaire français ». Un autre lance : « J’ai eu un parcours très difficile, lorsque je m’en suis sorti, j’ai voulu aider les jeunes, chance que je n’ai pas eu. Et, en faisant du bénévolat, la confiance en moi s’est développée ».
Eugène Caselli écoute avec attention, il rappelle: « Dans cette ville, nous avons moins de diplômés qu’ailleurs. De plus 27% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté. On dénombre parfois jusqu’à 50% de chômeurs dans certains quartiers. Sans oublier le 3e arrondissement qui est le plus paupérisé de France. Et puis, on voit, comme c’est le cas aujourd’hui, des jeunes qui veulent s’en sortir, qui s’en sortent, grâce au soutien de bénévoles. Et il n’en manque pas. Mais il n’y a pas de projet fédératif du bénévolat à Marseille, c’est à la Ville de l’organiser. Trop de jeunes sont au chômage, il faut multiplier les structures qui conduisent à l’emploi et le bénévolat. » Il estime : « Vous êtes l’exemple que le bénévolat peut renforcer efficacement les dispositifs existants ».
Michel CAIRE
« Association Savoirs pour réussir » : 2, Place François Mireur – Bâtiment Communica – Entrée A – Marseille (1er).
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