Publié le 25 mars 2017 à 23h33 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h57
Notre empreinte écologique est exponentielle : plus de 80 % de la surface émergée de la planète est sous influence humaine directe. Cette surexploitation de l’écosystème engendre des bouleversements naturels : hausse de la température du globe, appauvrissement de la couche d’ozone, acidification des océans, épuisement des sols et des sous-sols. «Nos sociétés sont transformées en sociétés du déchet». Exposer les manières dont nos sociétés produisent, traitent, s’approprient et transforment les restes, apparaît comme un enjeu central pour «le musée de société» qu’est le Mucem.
Ethnologue, conservateur général au Mucem et Commissaire général de l’exposition, Denis Chevallier revient sur le sens de cette exposition qui met en exergue «la crise de l’écologie» et Parle de «l’envers de la production: le déchet» ste-211_denis_chevalier_20_03_17.mp3 L’exposition «Vies d’ordures. De l’économie des déchets» invite à un voyage autour de la Méditerranée, à la découverte des paysages, des technologies, des objets recyclés ou de deuxième vie, et surtout à la rencontre des hommes et des femmes qui gèrent nos déchets, en vivent et souvent les subissent. Basée sur des enquêtes ethnographiques réalisées en Turquie, en Albanie, en Égypte, en Italie, en Tunisie, au Maroc ou dans le Sud-est de la France (Marseille et sa métropole), cette exposition a pour but de sensibiliser le public à la gestion individuelle et collective des déchets en montrant les façons dont nous les collectons, les trions, les réparons, les transformons, avec l’inventivité de la nécessité. Par les détournements ou par les traitements de haute-technologie dont ils font l’objet, les déchets donnent forme à nos paysages et à nos relations sociales. L’exposition permet un parcours sur nos modèles de production et de consommation grâce à deux séries de documents : plus de 450 objets mais aussi nombre de films, installations, cartes et schémas issus des collections du Mucem mais aussi d’autres Musées ethnographiques comme le Musée du Quai Branly, à Paris, ou le Musée Guatelli dans la région de Parme en Italie et surtout en s’appuyant sur les documents issus des campagnes d’enquêtes-collectes initiées par le Mucem depuis 2014. Ainsi du Caire, en Égypte, l’exposition présente un triporteur de collecte d’objets. Les ferrailleurs itinérants sillonnent la ville aux cris de «bikia», de l’italien roba vecchia «vieilles choses». Ce triporteur à moteur importé de Chine, composé d’un train avant et d’une benne à l’arrière peut transporter jusqu’à une demi-tonne. C’est un élément des objets présentés sur une véritable filière du recyclage de tout un quartier au Caire. On écoute Yann-Philippe Tastevin, anthropologue au CNRS et Commissaire associé de l’exposition. ste-210_tastevin_commissaire_associe_20_03_17.mp3 Mireille BIANCIOTTO