Publié le 16 mars 2020 à 8h56 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 9h49
Les résultats définitifs du premier tour des élections municipales à Marseille donnent Michèle Rubirola (Printemps Marseillais) devant Martine Vassal (LR), avec 23,44% contre 22,32%. En troisième position, arrive le candidat du RN Stéphane Ravier (19,45%), suivi de Bruno Gilles (DVD, 10,65%), Sébastien Barles (EELV, 8,10%), Yvon Berland (LREM, 7,88%) et Samia Ghali (DVG, 6,41%).
C’est au bout de la nuit que Marseille s’est donnée un coup de Printemps en portant en tête au premier tour Michèle Rubirola avec 23,44%. L’héritière du maire sortant, Martine Vassal, LR, n’obtenant pour sa part que 22,32% des voix défiant ainsi tous les sondages qui la plaçaient largement en tête. Le Rassemblement national (RN) avec à sa tête Stéphane Ravier n’a pas non plus obtenu ce qui lui était prédit et ne se place qu’en 3e position avec 19,45% des suffrages. Le RN est suivi par la liste conduite par Bruno Gilles -ex LR aujourd’hui sans étiquette- qui obtient 10,65% des voix et qui, à l’instar du candidat LREM Yvon Berland (7,88%) appelle à la constitution d’un «arc progressiste», quand le candidat écologiste Sébastien Barles, 8,10% prône une «alliance large des forces progressistes». Quant à l’ex PS Samia Ghali (DVG) (6,41%), elle arrive largement en tête dans son fief des 15/16. Le combat s’annonce donc extrêmement difficile pour Martine Vassal qui se présente comme étant le rempart contre le RN et contre le Printemps Marseillais qu’elle qualifie d’ultra-gauche. Rappelons qu’en matière d’ultra-gauche, ce mouvement est composé de socialistes, d’ex-écologistes, dont Michèle Rubirola, d’une partie de la France Insoumise, de citoyens.
«Nous avons fait le choix de nous unir pour ne plus subir»
Force est de constater avant toute chose que le Premier ministre, Édouard Philippe, n’a pas aidé ses candidats. L’annonce de l’utilisation du 49.3 pour la réforme des retraites a suscité une levée de bouclier jusque dans son propre électorat. Et, la veille du scrutin, déclarer le niveau 3 de l’épidémie tout en maintenant les élections municipales a fini de jeter le trouble. Une décision qu’il justifie par l’avis du Conseil scientifique alors que la décision qui s’imposait, nourri du savoir des experts, devait être politique… Et le mal était fait, partout en France, cette crise, ces propos, ont entraîné un abstentionnisme massif. A Marseille, le taux de participation est encore plus faible que dans le reste du Pays et s’établit à 32,5%, soit 21 points de moins qu’au premier tour, en 2014. Mais cela n’a en rien freiné la dynamique du Printemps Marseillais qui obtient des résultats positifs dans tous les secteurs obtenant même une surprenante deuxième place dans ce qui fut le fief de Jean-Claude Gaudin, les 6/8. Un Printemps Marseillais qui arrive largement en tête dans des secteurs jusque-là tenus par Les Républicains: les 1/7 et les 2/3, ainsi que les 4/5. Le RN maintient ses positions dans les 13/14. Martine Vassal est en tête dans les 6/8, 9/10 et les 11/12 où nul ne sait encore qui l’emportera au soir du second tour. Lors d’une intervention, peu avant minuit, Martine Vassal a donc appelé à un rassemblement «pour battre le RN et barré la route à l’ultra-gauche». Un message qui n’a pas été entendu. Bruno Gilles, se réjouissant de son score, évoque une journée particulière: «J’ai fait quatre élections, je n’ai jamais vu un climat aussi détestable. Tous les candidats, du RN au Printemps Marseillais, ont porté plainte, ont saisi le Procureur, le Préfet et cela concerne toujours une même liste, cela va laisser des traces». Et de lancer: «J’en appelle en conscience à un large arc progressiste pour battre les listes de Martine Vassal et de Stéphane Ravier. Je l’ai toujours dit durant ma campagne et je le répète ce soir : ni système ni extrême». Peu avant, Yvon Berland, LREM, devait constater que, décidément, les élections intermédiaires ne sont pas aisées pour les partis au pouvoir avant de regretter: «Le grand nombre d’incidents que nous avons connus. J’ai vu bien des films mais je n’imaginais pas que le réel puisse dépasser la fiction. Dès ce lundi nous allons discuter avec tous les partenaires qui sont favorables à la constitution d’un arc progressiste». Sébastien Barles, le candidat écologiste en appelle à une «alliance large des forces progressistes pour mettre fin au système qui a ruiné Marseille ». Ajoutant: «Il y a une possibilité de faire tomber Vassal. Malgré toutes les tentatives d’irrégularités aujourd’hui, elle est assez faible», déclare-t-il en saluant le score de la liste unitaire de gauche du Printemps Marseillais. Pour lui, la possibilité existe «de gagner la ville autour d’une alliance anti-système, une alliance qui va permettre d’ouvrir un nouveau récit pour Marseille». «Le changement est là», lance pour sa part Michèle Rubirola. «En créant le Printemps nous avons fait le choix de nous unir pour ne plus subir. Nous avons créé les conditions du changement. Militants de gauche, écologistes, citoyens nous nous sommes unis dans un mouvement sans précédent». Pour elle, ce premier tour, laiss entendre que «Le Printemps est là après un trop long hiver. Floués, abandonnés, depuis de nombreuses années les Marseillais attendent un quotidien qui change». Et d’en appeler au Président de la République afin «qu’il crée les conditions pour voter au deuxième tour en toute sérénité». Stéphane Ravier, RN, ne cachait pas son amertume, une course en tête dans la plupart des secteurs de Marseille lui était promise, il n’arrive qu’en troisième position. «J’ai la conviction qu’en ce qui nous concerne, ces annonces du Président de la République et du Premier ministre ce samedi ont contribué à ce que notre électorat soit le plus discipliné finalement et qu’il prenne toutes les précautions, y compris de ne pas aller voter», indique-t-il. Pour lui: «Continuer ces élections serait un hold-up démocratique et une folie sanitaire». Pour l’heure il existe deux inconnues pour ces municipales : la première, le second tour aura-t-il bien lieu dimanche prochain -la balle est dans le camp du gouvernement- ? La seconde concerne la nature de «l’arc progressiste»…
Michel CAIRE