Publié le 22 octobre 2019 à 12h01 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h23
Bruno Gilles (LR), candidat aux élections municipales à Marseille vient de présenter en compagnie de Robert Ciampi proviseur, ancien instituteur dans les quartiers Nord, les réflexions d’un groupe d’experts sur l’école. Un désaccord, avec le reste de la majorité municipale, a vu le jour avec le PPP (Partenariat Public-Privé) pour la réhabilitation des écoles de Marseille. Projet pour lequel il exprime «son opposition» depuis plus d’un an. Une situation qui l’a conduit, explique-t-il, «à porter un regard particulier sur le sujet, regard qui est rapidement devenu critique». Robert Ciampi annonce à ce propos: «Nous sommes dans un état de crise. Et lorsqu’il y a crise on met en place des États-Généraux. Conscients de l’état de nos écoles et des difficultés des personnels à œuvrer dans un cadre accueillant, sécurisant et fonctionnel, nous lançons donc sans état d’âme, sans esprit partisan et avec convictions, les États-Généraux des Écoles Marseillaises (Egem)». Ces rencontres se déroulent en trois étapes : l’organisation d’échanges individuels avec les représentants de toutes les parties prenantes de l’école; la tenue d’une assemblée éphémère réunissant tous les participants afin de faire émerger des propositions concrètes; la mise en place, dès le lendemain de l’élection, d’un consortium à l’objectif double: transformer les projets en dossiers et mettre en place le Plan de Rénovation des Écoles Marseillaises (Prem) pour diagnostiquer et programmer les priorités en matière de travaux, de rénovation et de construction.
«Un mauvaise gestion du patrimoine»
Robert Ciampi poursuit: «La problématique de travaux est intrinsèquement liée à une mauvaise gestion du patrimoine ; c’est d’ailleurs ce qui avait conduit la municipalité Vigouroux de 1989 à 1995 à privatiser les cantines ce qui avait profondément attristé l’instituteur et le directeur d’école que j’étais». Il importe à ses yeux «que la commune prenne ses responsabilités et réagisse urgemment pour que l’état des écoles cesse de se dégrader. Pour cela, il convient de s’appuyer sur les utilisateurs, faciliter la communication entre l’école et la municipalité et être réactif». Il avance deux pistes à étudier: la création d’une plateforme informatique dédiée à l’urgence de petits travaux gérée par un nouveau pôle au sein de la direction de l’éducation, « Urgences écoles ».«Il s’agit de quatre brigades techniques, situées au Nord et au Sud de la ville, capables d’intervenir de 6 heures du matin à 20 heures». Et de citer comme exemple l’action de la Région en ce domaine dans les lycées avec l’Area (Agence régionale d’équipement et d’aménagement). Autre piste proposée, celle de groupements par mairie d’arrondissements composés de techniciens municipaux capables d’apporter leur expertise dans l’équipement, l’entretien et la maintenance. «L’une des principales missions sera d’instaurer au moins deux visites annuelles dans chaque école ; une afin d’évaluer les besoins et l’autre pour suivre l’évolution des travaux. Toutes les demandes seront regroupées en Mairie centrale et feront l’objet d’un arbitrage entre élus et services avec une répartition des moyens équitables entre les différents secteurs.»
«La fracture Nord/Sud existe»
Robert Ciampi tient à souligner: «Toutes les écoles ne sont pas traitées de la même manière. La fracture Nord/Sud existe. Un enseignant vient d’ailleurs de me dire qu’il était nul besoin d’entrer dans une école pour savoir si elle était au Nord ou au Sud, il suffisait de regarder l’état du portail, s’il était en bon état c’est que nous n’étions pas au Nord. Alors nous devrons poursuivre la dynamique de réhabilitation des écoles en accentuant nos efforts sur les établissements qui en ont le plus besoin». Met en exergue des écoles qui sont «des puits sans fond en matière de chauffage et chaudières. Les changements climatiques vont bouleverser les paysages et les températures. En ces temps de profonde évolution, nous devons réfléchir à une meilleure prise en compte du froid et du chaud. C’est pourquoi, une étude sera engagée dans le domaine de la géothermie qui repose sur le fonctionnement d’une pompe à chaleur puisant l’énergie présente dans l’air, l’eau ou encore la terre ; la notion de climatisation écologique se retrouvant dans le fait que l’énergie en question est ensuite utilisée pour chauffer ou rafraîchir l’ensemble des bâtiments».
«Oui, on mange mal à la cantine»
Robert Ciampi aborde ensuite le dossier des cantines. Là encore le constat est sans concession: «Lorsque vous croisez un parent, un enseignant, un personnel municipal voire même un écolier, à la question : qu’est-ce qui ne fonctionne pas bien à l’école ? Tous répondront : « la cantine ! ». Ce laps de temps entre midi et deux a fait l’objet de multiples plans aussi inadaptés les uns que les autres». Parle également de la nécessité de revoir la majorité des réfectoires «qui sont encore disposés et aménagés à l’image de ce qui se faisait dans les années 50 et ce malgré la mise en place des selfs». En ce qui concerne la qualité des repas, c’est sans appel : «Oui, on mange mal à la cantine». Et de se prononcer en faveur, en partenariat avec les cuisines centrales, d’une nouvelle convention «pour développer les circuits courts en lien avec les agriculteurs locaux afin de privilégier au moins deux repas Bio par semaine. Nous devrons par ailleurs veiller au bon fonctionnement des petits déjeuners à l’école dans les quartiers prioritaires de la Politique de la ville». Bruno Gilles précise: «S’il y a bien quelque chose à laquelle nous ne toucherons pas c’est bien la politique menée par Jean-Claude Gaudin dans les cantines. Nous ne toucherons pas aux tarifs et à la gratuité car nous savons très bien qu’il y a là des enfants dont le seul vrai repas est celui de la cantine». Robert Ciampi met ensuite en exergue un autre chantier «Il sera l’un des plus importants en matière de ressources humaines: les missions des « tatas » à l’issue du repas. Car, les agents municipaux qu’ils soient Atsem ou agents de service, multiplient les tâches (entretien, accompagnement des enseignants, mise en place du réfectoire, service, surveillance, nettoyage …) ; ce qui se traduit par une fatigue physique et une irritabilité certaine dont les victimes sont les personnels eux-mêmes. Il devient urgent de réfléchir à une nouvelle répartition des missions notamment pour l’après-repas».
«Des lieux exemplaires en matière de protection de l’environnement et de la biodiversité»
Il est aussi question de transition écologique: «Les écoles doivent devenir, de manière systématique, des lieux exemplaires en matière de protection de l’environnement et de la biodiversité. C’est pourquoi, en partenaire de droit avec l’Éducation nationale, tous les élèves de CM1 recevront une formation aux gestes de protection de l’environnement et de la protection animale. Parallèlement et en lien avec la délégation à la transition écologique et les espaces verts, les élèves de CE1 participeront à la plantation d’arbres dans leur cour, dans le domaine du possible, ou sur un territoire de proximité avec leur école». Concernant le numérique, afin d’accompagner au mieux le projet du ministère dans le cadre du « numérique au service de l’École de la confiance », «il conviendra de faire en sorte que chaque école dispose d’un espace numérique doté de 15 postes avec des logiciels adaptés bénéficiant du plus haut débit. Au-delà de cette nécessité, la municipalité devra s’atteler à développer les manuels numériques». Enfin, souligne l’importance de l’art et la culture: «Nous allons créer une plateforme de saisie d’Accompagnement des Projets Artistiques, Environnementaux et Culturels des Écoles Marseillaises (APAECEM) permettant à chaque entité de percevoir une aide financière pour une à deux actions maximums pour un montant total pouvant atteindre 1 500€. Nous allons également accompagner les classes de CE2 sur des actions avec des artistes en résidence et des structures culturelles permettant ainsi à chaque élève de visiter au moins un musée marseillais dans l’année ; un projet qui s’appuiera sur un partenariat avec l’université permettant à des étudiants d’intervenir dans le cadre et/ou d’activités appliquées comme le stage, un projet, un mémoire ou un projet de fin d’études. A cela s’ajoute, une volonté affirmée de permettre à nos enfants de connaître leur cité et l’histoire de ses plus grands lieux et monuments. C’est pourquoi, en partenariat avec des historiens, enseignants, artistes et écrivains marseillais, un livre sera édité à destination de tous les élèves de CP pour qu’avec leurs maîtres et maîtresses, ils puissent allier apprentissage de la lecture et histoire de leur ville».
«Le tout sécuritaire ne fait qu’attiser les peurs»
Robert Ciampi en vient à la sécurité, précisant: «Nous ne sommes pas des fervents défenseurs du tout sécuritaire car cela ne fait qu’attiser les peurs». Outre la responsabilité qui lui incombe en matière de sécurité des biens et des personnes à l’école, «la municipalité doit s’investir de manière efficiente et pérenne dans la protection aux abords des établissements. Il s’agit là d’un gros chantier qui fera l’objet d’une large concertation intégrée aux Egem», dévoile-t-il. Parmi les propositions, on peut noter une sécurisation des abords avec une signalétique homogène, la présence systématique de personnels pour assurer la sécurité des lieux et routière à l’instar de ce qui se fait déjà en région et au département, pour ce dernier «le dispositif a été créé sous la mandature du Président Guérini en partenariat avec des associations dédiées», est-il rappelé. Bruno Gilles reprend: «Il y a eu quelque chose de bien fait dans le PPP c’est l’état des lieux. Nous savons qu’il y a 28 écoles type Pailleron à reconstruire et 8 nouvelles à faire sortir de terre. Pour y parvenir il faut avoir l’honnêteté de dire que nous allons emprunter auprès de la BEI et de la Banque des Territoires. Nous savons en effet qu’au-delà de l’école il nous faudra construire des équipements sportifs, des crèches et des piscines. Nous allons également étudier les nouveaux modes de financements existants, notamment les opportunités offertes par les Fondations. Et puis, Renaud Muselier (président de la région Sud NDLR) ne cesse de le déplorer, nous sommes parmi les plus mauvais pour obtenir des financements européens. Et si, comme je le souhaite, les planètes s’alignent, avec moi à la Mairie, Martine Vassal à la Métropole et Renaud Muselier à la Région, nous pourrons avoir des actions communes». Il précise également que concernant les écoles privées: «nous continuerons à poursuivre l’action de Jean-Claude Gaudin, c’est à dire à appliquer la Loi».
Michel CAIRE