Publié le 11 février 2020 à 9h15 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h47
A Aubagne (Bouches-du-Rône), l’issue du scrutin municipal semble plus incertaine que jamais. Sept listes sont sur la ligne de départ. En 2014, les Aubagnais ont décidé de tourner la page de cinq décennies de «communisme municipal» successivement incarné par Edmond Garcin, puis par Jean Tardito et enfin par Daniel Fontaine. Déjà, en 2008, la liste conduite par Daniel Fontaine n’avait sauvé les meubles qu’au prix d’une alliance avec le MoDem. Ce tour de passe-passe mitonné par des marmitons des arrières cuisines électorales n’a fait que retarder la fatale échéance. A force de faire le grand écart Il n’est guère aisé de se relever…
En 2014, Gérard Gazay, le candidat LR, adoubé par le député de la 9e circonscription Bernard Deflesselles raflait la mise, aidé en cela par une alliance de second tour avec Sylvia Barthélémy, la candidate UDI qui, échange de bons procédés, deviendra la présidente de la Communauté d’Agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Étoile. A la tête de cette institution, Sylvia Barthélémy a patiemment labouré le terrain durant six ans, histoire de se forger une image d’élue de terrain, dans la perspective des municipales de 2020. Et c’est ainsi qu’en octobre dernier elle annonçait sa candidature à la tête d’une liste ouverte à de nombreuses sensibilités, y compris des personnalités de gauche proches de l’ancienne Municipalité, notamment des acteurs du monde culturel, associatif et du secteur de l’insertion professionnelle. Mais pas seulement, puisque des représentants de LREM figureront en bonne place sur sa liste « Pour Aubagne ». Forte de ses bonnes relations avec la plupart des maires de la Communauté d’agglomération dont elle s’est fait la porte-parole auprès de la Métropole dans le cadre du projet de Valtram, Sylvia Barthélémy répète à qui veut l’entendre que c’est dans le même esprit d’ouverture et de dialogue qu’elle entend conduire les destinées de la ville d’Aubagne si elle est élue maire. Le ralliement de nombreuses figures de la gauche aubagnaise à la candidature de Sylvia Barthélémy témoigne du délitement d’une gauche à bout de souffle et se traduit par la multiplication des listes. A commencer par l’ancienne première adjointe de Daniel Fontaine, Magali Giovannangeli qui part sous la bannière « Aubagne Rassemblé-e-s » après avoir provoqué le départ de son allié Vert, Denis Grandjean, qui avait eu la naïveté de croire qu’il incarnerait la tête de liste. C’était sans compter sur les marionnettistes qui tirent les ficelles en coulisses en appliquant les mêmes méthodes qui ont conduit à la défaite de 2014. Incapables de la moindre remise en question et d’un début d’examen critique de leurs échecs, ces grands stratèges n’ont eu de cesse au cours des derniers mois d’attiser les divisions, de moquer les autres candidats de gauche qui avaient le mauvais goût de ne pas avaler une dernière couleuvre… tout en baptisant leur liste Rassemblé-e-s.
Après avoir logiquement tiré les conséquences du divorce avec Magali Giovannangeli, Denis Grandjean se présentera donc sous les couleurs EELV avec un programme qui, on s’en doute, fait la part belle à la protection de l’environnement et au développement durable. Même si les sujets liés à l’environnement et si l’actualité du réchauffement climatique occupent tous les esprits, il semble peu probable que le candidat vert puisse se hisser dans le fauteuil de premier magistrat. En revanche, dans la course que se livrent les candidats de gauche, il n’est pas exclu que le candidat Vert arrive devant la liste « Aubagne Rassemblé-e-s » et dispose du score nécessaire pour envisager une fusion. Pourquoi pas avec le liste conduite par Sylvia Barthélémy qui devra alors faire une place de choix à ce nouvel allié. En lui octroyant par exemple le poste de premier adjoint et un nombre conséquent d’élus qui pèseraient ainsi de tout leur poids au sein d’une majorité composée d’éléments situés à gauche, au centre et de membres de la société civile. Avec Raymond Lloret, une nouvelle figure de gauche a émergé dans le paysage local. Après avoir obtenu l’investiture du PCF, le jeune candidat s’est trouvé confronté aux manœuvres orchestrées par les «éminences grises» qui pilotent la campagne d’Aubagne Rassemblé-e-s. Comme par enchantement cette investiture lui a été retirée après, il va sans dire, un «vote démocratique» de la section du PCF aubagnais… qui l’a, ô surprise !, attribuée à Magali Giovannangeli. Mais qu’à cela ne tienne, Raymond Lloret et sa liste « Pour l’avenir d’Aubagne » n’ont pas jeté l’éponge et mènent une campagne de terrain, un premier galop d’essai en somme, histoire de préparer les prochaines échéances car ses chances sont minces pour le scrutin de 2020.
Figure politique locale, Jean-Marie Orihuel, tente une nouvelle fois sa chance. En 2008 sous la bannière du MoDem en se ralliant au second tour à Daniel Fontaine. Une candidature de témoignage qui risque de priver d’un certain nombre de voix la candidate Sylvia Barthélémy, qui aura dès lors plus de difficulté à devancer le maire sortant, Gérard Gazay. Pour ce qui est de l’extrême droite, comme à l’accoutumée le Rassemblement National verra Joëlle Melin conduire la liste du mouvement de Marine Le Pen. Dans un paysage politique atomisé, à droite comme à gauche, il n’est pas exclu qu’une quadrangulaire se profile pour le second tour. Dans ce cas de figure on peut postuler que la candidate du RN aurait alors toutes ses chances. Quant au maire sortant, Gérard Gazay, il entend bien prolonger son bail avec les Aubagnais. Fort de ce qu’il considère comme un bon bilan, balayant les critiques qui lui reprochent les privatisations, notamment de la restauration scolaire, la fermeture de la MJC, l’absence de politique culturelle, une réduction de la dette communale en trompe l’œil, le candidat LR se trouve pris en étau entre, d’une part une candidature de centre gauche incarnée par Sylvia Barthélémy et le RN d’autre part. Sachant que cette fois-ci, il ne pourra pas compter sur une fusion de sa liste avec celle de Sylvia Barthélémy, Gérard Gazay voit une porte étroite se profiler devant lui. A Aubagne, tout est possible, y compris le pire.
Camille DUPARC