Musée Regards de Provence

Publié le 4 mars 2013 à  4h00 - Dernière mise à  jour le 10 août 2023 à  10h18

Reflets de Méditerranée en ouverture

Edouard Pignon, L’oléiculteur à Sanary, 1950, Huile sur toile 60 x 73 cm (crédit : Jean Bernard).
Edouard Pignon, L’oléiculteur à Sanary, 1950, Huile sur toile 60 x 73 cm (crédit : Jean Bernard).
Paul Guigou, Place Saint-Paul-Lez-Durance, 1864, Huile sur toile 72 x 116 cm (crédit : Jean Bernard).
Paul Guigou, Place Saint-Paul-Lez-Durance, 1864, Huile sur toile 72 x 116 cm (crédit : Jean Bernard).
Charles Camoin, Rochers en bord de mer en Corse, 1905, Huile sur toile, 60 x 73 cm (crédit : Jean Bernard).
Charles Camoin, Rochers en bord de mer en Corse, 1905, Huile sur toile, 60 x 73 cm (crédit : Jean Bernard).
Fabius Brest, La tour de Galata à Constantinople, Huile sur Toile, 116 x 90 cm (crédit : Jean Bernard).
Fabius Brest, La tour de Galata à Constantinople, Huile sur Toile, 116 x 90 cm (crédit : Jean Bernard).

Dès l’entrée du musée Regards de Provence, à Marseille, à proximité du Mucem, de la Villa Méditerranée et de la cathédrale de la Major, le public est invité à découvrir qu’il est ici dans un lieu chargé d’histoire. Il s’agit en effet, d’une ancienne station sanitaire laissée à l’abandon pendant de nombreuses années et les murs, des équipements, une scénographie témoignent de ce passé. Nous sommes aussi dans un musée qui a le suprême sérieux de ne pas se prendre au sérieux, d’inviter le plus largement possible à un voyage artistique. Et cela fonctionne, des enfants se hèlent : « viens voir, viens voir » ; des adultes de tous âges s’attardent devant les tableaux, les sculptures, se posent parfois sur un banc afin de mieux se plonger dans une œuvre.

Pour son inauguration, en cette année Capitale, la Fondation présente, du 1er mars au 16 juin, « la collection Regards de Provence- reflets de la Méditerranée », des œuvres d’artistes pour qui Marseille, la Provence et la Méditerranée furent, ou sont des territoires d’inspiration et d’accueil. Plus de 200 œuvres de plasticiens de toutes origines illustrent le thème de Marseille aux XIXe et XXe siècles, des Marines et ports méditerranéens des XVIIIe et XIXe siècles, de l’Orientalisme au XIXe siècle, de la Provence rurale aux XIXe et XXe siècles.
La partie contemporaine de la collection a été étoffée pour l’ouverture du Musée par la commande d’œuvres spécifiquement conçues par trois artistes : Georges Rousse, François Mezzapelle et Luc Dubost.

Le premier est intervenu avant le début du chantier avec deux installations (éclatantes); le deuxième, avec ses personnages mi-humains, mi-animaux, résolument ludiques, sexués invite à une promenade gourmande dans la Fondation. Et enfin Luc Dubost, sculptures toujours, face aux baies vitrées, à la Méditerranée, met en scène personnages en partance, personnages à voir, personnages pour voir, ici à travers une paire de jumelles, là une longue vue, comme une proposition d’ailleurs. Comme une ouverture, pour prendre du recul, mieux revenir dans l’exposition. Pierre Dumon, le président de la fondation Regards de Provence ne cache pas sa satisfaction, n’omet pas de rappeler à quel point cette aventure a été trépidante : « L e site nous a été livré le 11 février, nous avons commencé à accrocher, sans connaître les lieux, le 22, pour une inauguration le 1er mars ».

Résultat ? Une forme d’évidence, en tout cas de puissance, de dialogue entre les œuvres, les artistes, les formes artistiques. On part donc à la rencontre de peintures du XVIIIe siècle, de ports de la Méditerranée, puis, avec le XIXe, nous voilà dans Marseille, en Provence, scènes de rue, cela vibre, vie, tranches de vie. Marseille est porte de l’Orient et vient l’heure de l’orientalisme, excitant le peintre, le public, friand d’un ailleurs si proche. « A l’orée du XXe, écrit Bernard Muntaner, qui, avec Bernard Plasse, est l’auteur des textes de l’ouvrage, La collection Regards de Provence- Reflets de Méditerranée, la couleur est toujours un sujet premier puisque nous approchons de l’époque Fauve. Et la traduction picturale se fait plus éclatée ».
Voilà le XXe siècle, une bande d’artistes se réunissent au Péano, cours d’Estienne d’Orves. La fondation compte aussi de nombreuses œuvres de ce que l’on a appelé « Identité Marseille ».

Alors, on visite, s’arrête, visite chronologique, avant de revenir sur ses pas, de créer sa propre exposition, de construire ses propres émotions. Couleur de Garibaldi, de Ziem, lumière d’Olive. Arrêtons-nous devant cet étrange et envoûtant Personnages sur la terrasse du Palais Longchamp d’Amédée Ternante-Lemaître. Avec Jean-Frédéric Canepa, le travail des pêcheurs, au retour de la pêche, se fait dur, nécessite puissance et attention. Avant que François Valère Bernard ne nous dépeigne une rixe sur le Vieux-port qui ne manque pas d’attirer un nombreux tout autant que divers public. Comment ignorer la force de Verdilhan, les poissonnières comme un spectacle que vient perturber, transcender, un chat voleur. Albert Marquet nous révèle un Vieux-Port disparu avec des bateaux de fort tonnage et le port transbordeur. La mer se fait horizontale sous les traits de Pierre de Belay,. Dans un recoin, toutes en puissances, en éclat de couleurs, les Barques dans le vieux-port pour lesquelles Bernard Plasse écrit : « Il y a une belle passion dans cette œuvre aux empâtements justes et volontaires ». plus loin, Charles Camoin nous invite sur le port de Martigues sous un ciel menaçant. Et que dire devant le trait, l’explosion de couleurs d’Ambroggiani. Le soleil, ici, révélé qu’il n’est pas toujours un ami, qu’il peut taper trop fort. Avant de redevenir caresse, ambassadeur, dans cette Allégorie de la Provence.

Avant de croiser César, une aile puissance du matériau, légèreté du geste. On ne peut que s’arrêter devant les Nymphéas avec cadre de Georges Autard, Gérard Tranquandi…
Marseille, point d’arrivée, port de départ, vers tous les ailleurs, et pourquoi pas la lune ? Tant il est vrai qu’il faut demander avant tout à l’Art l’impossible, lui demander la lune avec Teun Hoks.

Luc CONDAMINE

Le Musée est ouvert tous les jours de 10 heures à 18 heures et le vendredi de 10 heures à 21 heures. Billet exposition-permanente : tarifs : 3,50 – 3 euros.
Billet exposition temporaire : plein tarif : 6 euros. Tarifs réduits : 5 – 4,20 – 2 euros. Billet couplé exposition temporaire et exposition permanente : plein tarif : 7,50 euros. Tarifs réduits : 6,50-5,50 euros.
Musée Regards de Provence : Allée Regards de Provence / Rue Vaudoyer.
Marseille (2e). Tél : 04.96.17.40.40. regards-de-provence@wanadoo.fr

Plus d’info : www.museeregardsdeprovence.com/

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