Publié le 5 juillet 2018 à 0h14 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h52
Les Rencontres Internationales du Thoronet ont 27 ans cette année. Et depuis leur création, c’est Dominique Vellard, créateur de l’ensemble Gilles Binchois, compositeur, enseignant à la Schola Cantorum Basiliensis, qui en assume la direction artistique. Rencontre.
Destimed: Comment est née cette histoire d’amour entre vous et l’une des sœurs cisterciennes de Provence qu’est l’abbaye du Thoronet ?
Dominique Vellard: Je me souviens qu’à l’époque, le département du Var cherchait à mettre en valeur ce superbe lieu avec un événement culturel et musical et il s’en était ouvert auprès des affaires culturelles de la Région. J’ai donc fait partie d’une liste de noms transmise au ministère de la Culture et j’ai été retenu pour devenir directeur artistique des Rencontres du Thoronet consacrées à la musique ancienne.
Qu’elle est la première chose qui vous a séduit au Thoronet ?
L’acoustique qui est extraordinaire mais terriblement contraignante. Ici, on est toujours sur le fil au niveau de l’équilibre entre les voix et les instruments. Il faut en tenir compte en permanence afin de bénéficier pleinement de la qualité acoustique de cette église où les sons deviennent majestueux la nuit venue, lorsque le public est là.
Créer des rencontres autour des musiques anciennes il y a 27 ans, c’était osé, non ?
Cela a marché tout de suite et très bien. Le lieu était porteur et de nombreux jeunes musiciens commençaient à s’intéresser à cette musique. C’est vrai qu’au début nous avons un peu négligé les contraintes. Il y avait du monde et ça sonnait trop sec. Nous avons rapidement amélioré les choses. Puis, nous avons bénéficié du fait qu’il y a très peu de festivals consacrés aux musiques très anciennes. Nous avons travaillé pour conserver l’enthousiasme autour des rencontres en offrant aux mélomanes des redécouvertes, des interprétations historiquement informées… Il y a tellement d’œuvres passionnantes à faire revivre en matière de musique médiévale et de la Renaissance.
En parlant de faire revivre, comment travaillez-vous sur des œuvres qui ont peu de matériel à exploiter ?
En fait, la tradition écrite est très précise à partir du 10e siècle. Il faut parfois recréer un accompagnement sur certaines chansons. Mais reconstituer un style musical n’est pas plus difficile qu’autre chose. Je m’intéresse beaucoup aux artistes rigoureux dans la reconstitution. On ne fait pas n’importe quoi avec ce répertoire. Certes la part de l’interprétation est importante, mais le respect de l’œuvre l’est tout autant.
Pour être invité aux Rencontres en tant qu’interprète, que faut-il faire ?
Je n’ai qu’un seul critère de choix : il faut que je sois bluffé par le niveau musical de l’instrumentiste qui est devant moi.
Mettre en place un programme tous les ans n’est-ce pas trop fastidieux ?
Pas du tout. J’ai toujours en tête le prochain festival et n’oubliez pas que j’ai sept siècles de musique, plus la musique traditionnelle pour faire mes choix. Le répertoire est tellement vaste que je pourrais programmer pendant quatre ou cinq vies sans problème. Je vais de chef-d’œuvre en chef-d’œuvre, c’est mon carburant.
Deux mots pour terminer sur l’Académie des Rencontres…
C’est aussi une volonté du Département qui voulait développer le festival. Il y a quelques années, nous avons pu installer une Académie à proximité de l’abbaye. Aujourd’hui 14 étudiants s’y retrouvent pour suivre des cours. Une semaine de travail intense et rigoureux dont les fruits sont à déguster au cours du 1er concert des Rencontres.
Propos recueillis par Michel EGEA
Au programmeLes Rencontres Internationales du Thoronet ont lieu du 21 au 28 juillet. L’Académie de musique ancienne se tient, elle, du 13 au 21 juillet. |