Publié le 16 décembre 2014 à 11h43 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h31
Loin des clichés exotiques sur la pop russe, Jenia Lubich, jeune chanteuse de Saint-Petersbourg découverte avec « Nouvelle Vague », dénote avec son chant tout en retenue, ses faux airs de Joni Mitchell et une grâce plus vue depuis Agnès Obel. Elle est belle, intelligente, sensible et généreuse. Possédant une large tessiture de voix elle sort un album «Russian girl» disponible pour l’instant en France sur toutes les plateformes de téléchargement. Un CD assez remarquable que l’on doit à la volonté du producteur français Marc Collin de s’ouvrir à diverses influences musicales. A cette occasion nous avons rencontré Jenia Lubich, cette femme à la voix et au cœur d’or.
Destimed: Où est né ce projet ?
Jenia Lubich : Il est né à Saint-Pétersbourg. J’écrivais des chansons depuis l’enfance et j’avais envie de les chanter ce qui fut le cas avec des concerts « Nouvelle Vague » et le contact avec Marc Collin, un producteur français, au début sans grand espoir de réponse, comme si j’envoyais un bouquet de fleurs à un artiste. Une semaine après, il m’a répondu et m’a invitée à Paris. Il disait aimer ma voix et les chansons. Il a permis que tout s’enchaîne avec une tournée en 2008-2009 et en 2011 avec un album et l’idée de le réaliser en France. C’est aujourd’hui le cas avec ce «Russian girl» auquel je tiens beaucoup.
On y trouve également des titres en français?
Oui, notamment «C’est la vie» qui possède une couleur une ambiance Rive-Gauche, hommage à Paris et je suis d’autant plus heureuse que Nicolas Comment est venu chanter avec moi.
Vos chansons sont un mélange de constructions musicales classiques, contemporaines, soul et folk et vos textes sont, semble-t-il, très influencés par la littérature russe?
J’aime mélanger les genres, je ne peux me résoudre à un seul style et il est vrai qu’au niveau de l’écriture, j’ai souvent adapté des poèmes russes que j’aime et qui m’accompagnent. Mes sources d’inspiration sont multiples.
Vous avez une grande passion pour les classiques et pour les artistes contemporaines russes telles qu’Anna Netrebko. Avez-vous participé aussi à des projets en ce sens ?
La musique classique est un moteur de création pour moi et j’ai pour Anna Netrebko une grande admiration. En 2009, j’ai eu la chance de travailler avec la chef d’orchestre Laurence Equilbey pour le projet «Private domaine» de Naïve autour de «La Traviata» de Verdi. C’était intéressant pour moi d’un point de vue à la fois culturel et technique car j’ai pu faire progresser mon chant. Et puis Anna Netrebko a été une Traviata exceptionnelle par son talent vocal et par le fait qu’elle parvienne à faire ressortir le côté enfantin du personnage, ce que ne font pas toujours les autres interprètes.
Quel est l’état de la chanson en Russie aujourd’hui ?
C’est mieux qu’avant parce qu’avec Internet il est plus facile de parler avec les gens, d’échanger d’enrichir ses domaines musicaux, de créer. Ainsi télés et radios qui privilégiaient des formats étroits s’ouvrent davantage. Un marché est en train de naître et des espaces de liberté de se créer. L’espoir est partout. Devant nous…
Propos recueillis par Jean-Rémi BARLAND
Jenia Lubich : Russian girl. P&C Kwaidan records. En téléchargement sur toutes les plateformes légales. Sortie du CD en France courant 2015.