Nice. Exposition « Pierre Matisse un marchand d’art à New York »

Publié le 22 juin 2021 à  10h18 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  19h15

En consacrant une grande exposition à Pierre Matisse, jusqu’au 30 septembre 2021, le Musée Matisse revient sur le parcours exceptionnel du plus jeune fils de Henri Matisse, marchand d’art à New York et figure incontournable du monde de l’art moderne. Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le Ministère de la Culture et bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État

L'exposition
L’exposition

«Je me réjouis que le retour à la vie soit, à Nice, annoncé par cette exposition.
Juste après le grand succès de Werther, donné pour la réouverture de notre opéra, c’est en effet, ici, un autre événement qui préfigure parfaitement l’été qui s’annonce à Nice, plein de joie, de liberté, de création et de vie. Enfin, je dirais
», déclare Christian Estrosi, le maire de Nice en présentant l’exposition Pierre Matisse que la Ville accueille jusqu’au 30 septembre 2021.
Inauguration de l'exposition
Inauguration de l’exposition

La galerie de Pierre Matisse à New-York, c’est comme un film sur l’histoire de la création moderne. «Image par image, tableau par tableau, grande œuvre par grande œuvre, de Mirò, de Chagall, de Balthus, de Dubuffet et de tant d’autres géants, c’est cela, notre exposition, et c’est un bonheur que Nice puisse présenter ce panorama, si complet et si divers», explique Christian Estrosi. Pendant près de soixante années, la Pierre Matisse Gallery a joué un rôle considérable pour la défense de l’art moderne français et européen aux États-Unis, durant une période qui a façonné les grandes collections américaines privées et institutionnelles. À travers plus de trois cents expositions, c’est toute une génération d’artistes européens qui a ainsi pu exister sur la scène new-yorkaise et contribuer à son dynamisme. «Des œuvres rares, des œuvres essentielles, des œuvres inédites à Nice et hors de Paris, tout cela pour qu’ici, dans la « maison » de Matisse, en somme, nous le retrouvions, lui et tous les créateurs de son temps. Car c’est bien de cela qu’il s’agit», se félicite Christian Estrosi.

Il voyait les choses comme le fils d’un peintre

Pierre Matisse s’est employé à construire des notoriétés et à valoriser les carrières
américaines des grandes figures de la galerie que furent Henri Matisse, Joan Miró, Alexander Calder, Balthus, Alberto Giacometti, Jean Dubuffet et Marc Chagall, pour ne citer que les principaux. Son action visait plus à défendre des singularités qu’à soutenir des courants, qu’ils portent le nom de fauvisme, de cubisme ou de surréalisme, ou encore d’École de Paris. Sans prétendre à l’exhaustivité, l’exposition « Pierre Matisse, un marchand d’art à New York » retrace cette odyssée à travers près de soixante-dix œuvres de vingt-trois artistes essentiels de la galerie.

Comme le dit Balthus: «Il voyait les choses comme le fils d’un peintre». Le parcours accorde une place importante aux catalogues de la galerie qui font preuve du génie de Pierre Matisse pour ces publications, parfois modestes mais toujours inventives. Il dévoile aussi la minutie et l’audace dont faisait preuve Pierre Matisse pour les accrochages, comme en témoignent les nombreuses photographies de ses expositions. Ces deux axes forts du parcours se retrouvent dans le catalogue nourri d’une riche documentation iconographique autour des publications de la galerie et des installations. Le catalogue édité par Bernard Chauveau réunit des essais de Serena Bucalo-Mussely, Catherine Dossin, Fabrice Flahutez, Jack Flam, Claudine Grammont, Marianne Jakobi et Johanne Lindskog.

«Comment exister quand on a un père aussi grand que Henri Matisse»

Pour Christian Estrosi, cette exposition, «nous fait découvrir autre chose, et quelqu’un d’autre qui nous administre, avec une incroyable sérénité, deux leçons magistrales : comment exister quand on a un père aussi grand que Henri Matisse, et comment faire vivre élégamment ce paradoxe qui associe dans une même expression le mot « marchand » et le mot « art »». «Pierre Matisse, poursuit-il, n’est pas le premier « fils de » à devoir se créer une existence hors de l’ombre immense de son père. C’est même le cas de chacun. Le défi dépend en fait de la taille de l’ombre. Celles de nos pères à nous, du mien en tout cas, était modeste, et pourtant me semblait incommensurable. Alors, à fortiori, quand on est le fils de Henri Matisse».

La réponse que Pierre Matisse a trouvée est sage et féconde : «d’abord, ne pas vouloir l’imiter -et du coup renoncer à une carrière de peintre pourtant envisagée. Ensuite s’en éloigner géographiquement, et là Pierre Matisse n’a pas fait dans la demi-mesure puisqu’il s’est installé à 24 ans à New-York, en 1924, sans y connaître personne. Et enfin trouver sa voie, et Pierre Matisse l’a trouvée en créant une galerie appelée à devenir l’ambassade de la plupart des grands artistes européens aux États-Unis, et ce pendant plus de cinquante ans.»

L’exposition a bénéficié de prêts majeurs de la Pierre et Tana Matisse Foundation (New York), de la collection Ezra et David Nahmad (Genève) ainsi que de collections particulières. De la dation « Pierre Matisse » à l’État français dont le musée national d’Art moderne fut le bénéficiaire, sont présentés quinze chefs-d’œuvre que l’institution parisienne a généreusement prêtés au musée, ouvrant la voie à la signature d’un partenariat pluriannuel entre la ville de Nice et le Centre Pompidou.
Christian Estrosi de conclure: «Nous n’oublions pas, nous, Niçois, le rôle majeur que Pierre a joué dans la création de notre musée, dans la constitution de ses collections initiales, et avec la dation de 1991».
Jean CLOUSEAU

Plus d’info: musee-matisse-nice

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