« Œuvre de génie », selon Wagner, cet opéra est un chef d’œuvre du belcanto. La mezzo-soprano Karine Deshayes, sacrée pour la troisième fois « artiste lyrique de l’année » aux Victoires de la musique classique, interprète Norma. « C’est un marathon », conclut-elle, juste après la générale.
Un drame contemporain
Norma c’est l’histoire d’un sacrifice. Bellini dépeint deux univers, poétique et prosaïque. L’opéra associe tension dramatique et beauté mélodique. Nous sommes dans la Gaule, sous l’occupation romaine Norma, grande prêtresse druide, s’est donnée au proconsul romain Pollione. De Leur union naitra deux enfants qu’elle cache à son père. Nous seulement elle brise par amour son vœu de chasteté mais elle couche avec l’ennemi. Deux trahisons. « On fait partie d’une famille, on fait partie d’un clan et puis l’amour arrive hors des convenances, analyse Karine Deshayes, alors comment gérer cela, comment lutter par rapport à cela. C’est totalement contemporain». La grande prêtresse en appellera à la déesse pour maintenir la paix.
La trahison de Pollione
Le drame s’intensifie quand Norma découvre la trahison de Pollione. Il est amoureux d’une jeune prêtresse, Adalgisa, avec laquelle il veut vivre et abandonne Norma. Dévorée par la jalousie et la douleur Norma envisage de tuer leurs deux enfants puis y renonce. Elle est même prête à pardonner à sa rivale à la condition qu’elle s’occupe de sa progéniture. Aldalgisa refuse mais promet qu’elle ramènera Pollione à ses côtés. Échec. Norma se mue alors en chef de guerre et demande à son peuple d’exterminer l’oppresseur romain. « C’est un personnage extraordinaire », s’enthousiasme la mezzo-soprano, on voit la femme amoureuse, la femme prête à pardonner, on voit la guerrière, la maman, il y a plein de possibilités à démontrer sur scène et au niveau de la voix ». Dans le tableau final, les deux amants s’unissent dans la mort sur un bûcher.
Le rôle des rôles
Physiquement jouer Norma est un défi. Près de 2h30 sur scène sans beaucoup de temps morts. Mais c’est surtout « un énorme challenge, estime Karine Deshayes, c’est le rôle des rôles comme disait la Callas. Il y a beaucoup de grandes chanteuses qui ont marqué ce rôle, alors au départ on se dit est-ce que je suis légitime d’y toucher un peu ? Et puis après on se dit que ce sera notre version à nous, notre patte à nous. Donc c’est très touchant de se dire qu’on peut jouer ce genre de rôle ».
Un kaléidoscope de couleurs
Michele Spotti, le directeur musical, envisage Norma avec des couleurs pour traduire l’opéra musicalement. «Il y a des moments comme le début du deuxième acte, très sombres, très violets, très noirs et puis des duos comme Norma-Adalgisa dans lequel on a des échos rossiniens. C’est ma première Norma et je suis très fier de le jouer à Marseille ».
« Apporter ma touche »
Comme Karine Deshayes, Michele Spotti sait qu’il s’attaque à un gros morceau mais « l’orchestre a bien travaillé, je ne suis pas inquiet. Il faut trouver des petits détails dans le chant, dans l’orchestre, des petits bougements de tempi, des pauses, des attentes qui vont modifier légèrement les choses et donner un caractère spécial à la soirée ». Interprétation payante avec un bel accueil du public lors de la générale.
Reportage Joël BARCY
Norma, à l’opéra de Marseille jusqu’au 3 octobre – Plus d’info et réservations: opera.marseille.fr/