Publié le 18 juillet 2014 à 20h50 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h57
Dignes représentants du patrimoine local, plusieurs orgues de Marseille n’ont toujours pas eu les honneurs d’une parution discographique. On se réjouit donc de la sortie d’un enregistrement réalisé fin janvier dernier sur l’orgue Quoirin de l’église de Sainte-Marguerite.
Ce nouvel album est dû à l’initiative de Benoît Dumon, jeune musicien multitâches puisque tout à la fois organiste, contre-ténor et chef de chœur.
Pour cette première gravure éditée par Parnassie, il a choisi un programme particulièrement adapté à l’esthétique de cet orgue inauguré en 2003, qui permet d’entendre des sonorités allemandes du XVIIIe siècle en plein 9e arrondissement phocéen du XXIe siècle.
Les amateurs de baroque germanique y trouveront par conséquent leur compte, grâce à un thème directeur propice aux compositeurs protestants de jadis, à savoir les musiques jouées pendant le temps de l’Avent. Car durant cette période, autant l’orgue soliste devait se taire un mois avant les festivités de Noël (sauf un dimanche autorisé) dans l’église catholique, autant le culte luthérien était plus libéral sur ce point (c’était mieux avent …). D’où un riche répertoire de la part de compositeurs comme Buxtehude, Bruhns ou Bach, qui ont par exemple commenté sur leurs claviers des thèmes tels que le fameux «Nun komm der Heiden Heiland» (c’est-à-dire « Viens maintenant Sauveur des païens).
Mais au-delà de ces pièces liturgiques, l’interprète propose également ici l’illustration de ce que l’on a désigné comme « stylus phantasticus », dont la définition par Mattheson est rappelée par la notice du disque. Il s’agit à l’époque de pratiquer des «progressions inaccoutumées (…) sans souci d’observer la mesure ou la tonalité ». De la musique contemporaine avant la lettre, en quelque sorte. Outre les chorals ornés, on trouvera ainsi en alternance des pages davantage inspirées par les surprises et la virtuosité de l’improvisation.
Dans cette nouveauté, la prise de son précise et directe ne nous laisse rien ignorer des attaques franches et des mélanges dynamiques de l’orgue de Sainte-Marguerite, mis en évidence par le toucher net et détaillé de l’organiste, ainsi que par son phrasé inventif. Benoît Dumon privilégie la rigueur architecturale sous-jacente de ces fresques, mais il sait également les adoucir par son ornementation et ses accords arpégés dans les œuvres plus méditatives ou décoratives.
Philippe GUEIT
Cet enregistrement est disponible sur le site des éditions Parnassie , et on le trouve également sur plusieurs plateformes de téléchargement.