Odéon. Les yeux de velours de la belle de Cadix charment en haut de la Canebière

Au baromètre de la popularité, « La belle de Cadix » est à l’opérette ce que « Butterfly » est à l’Opéra. Alors que la dernière représentation de la dame papillon était jouée dimanche après-midi devant une salle archicomble pour la cinquième fois consécutive, à la même heure la deuxième représentation de l’opérette de Francis Lopez affichait complet à l’Odéon. Super, non

Destimed Cadix © photo Christian DRESSE 2024 copie
Carlos (Jérémy Duffau) et Maria-Luisa, la belle de Cadix (Caroline Géa). © Christian Dresse

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Carole Clin est un peu magicienne ; donnez lui trois costumes et deux toiles peintes elle en fera une nouvelle, et séduisante, production de « La Belle de Cadix ». Une fois de plus le talent de la metteure en scène trouve un parfait terrain d’expression sur la scène de l’Odéon de Marseille où elle bénéficie, il faut bien le dire, d’une distribution idoine.

A commencer par Caroline Géa dans le rôle titre dont la chaleur naturelle du caractère colle parfaitement avec le volume et les couleurs de la voix. A ses côtés, la pétillante Pepa de Julie Morgane apporte la gouaille et la dose de folie qui vont bien, multipliant, en enfant de la balle qu’elle est, les pas de deux pour le moins acrobatiques avec son cavalier du jour, Grégory Juppin, remarquable dans le rôle de Manillon qu’il maîtrise totalement, sans surjouer, mais avec passion et grande présence.

Qui mieux que Laurence Janot pouvait incarner Miss Hampton, cougar de luxe et taille de guêpe aux atours délicatement emprisonnés dans une robe fourreau noire ? De plus la dame à la voix du rôle, ce qui ne gâche rien… Carlos, c’est Jérémy Duffau, grand énamouré que l’on aurait aimé vocalement plus percutant à l’instar de Gilen Goicoechea puissant Ramirez. Puis il y a l’inusable Dominique Desmons, impeccable Dany Clair, souvent désopilant, toujours exact dans le jeu ; un comédien comme on l’aime. Antoine Bonelli, le roi des gitans, Sabrina Kilouli, la journaliste et Damien Rauch, le mari jaloux, ces deux derniers issus de l’excellent chœur Phocéen préparé par Rémi Litolff, complétant parfaitement la distribution. Dans la fosse, c’est l’orchestre de l’Opéra de Marseille qui sonnait fort et juste sous la direction de Didier Benetti. Des musiciens que nous retrouverons désormais régulièrement à l’Odéon… Avec plaisir !

Michel EGEA

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