Publié le 25 juillet 2018 à 13h22 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h55
60 ans de carrière rien que ça ! cela se fête non ? Anne Sylvestre n’a pas manqué de souffler en octobre dernier ces six dizaines de bougies avec son public venu en nombre (Des dates ont été rajoutées mais certains spectateurs sont restés, quand même, sur le carreau). C’était à Paris dans la nouvelle scène de «13ème art », l’ancien cinéma de la place d’Italie. On aurait du l’agrandir d’ailleurs et la ferveur était à son comble. De «Je cherche mon chemin» au «Lac Saint-Sébastien », les deux titres qui ont commencé et fini le spectacle, le concert fut à la hauteur de l’événement. Avec en prime deux inédits… «Le déluge» puis «Le cœur battant » que l’on retrouvera sur l’album qu’Anne Sylvestre est en train de préparer. En attendant ce nouvel opus, on peut redécouvrir ou découvrir c’est selon toutes les chansons de l’artiste dans une intégrale (pour adultes qui ne comprend pas les Fabulettes), intitulée « Anne Sylvestre…60 ans de chanson ! Déjà ? » qui sort chez EPM. Tous ses CD studios plus deux live (La potinière 1995), et un autre de portrait-entretien écrit et réalisé par Luc Malghem. Sans oublier le boitier du CD n° 20 pour y glisser le prochain.
« Les gens qui doutent »…chanson mythique
On le découvre un peu plus chaque année l’engouement pour l’œuvre d’Anne Sylvestre dépasse le cadre des simples aficionados du public. De nombreux professionnels viennent parler d’elle sur les radios comme à la télé tels que «Les chevaliers du fiel» (avec un clin d’œil dans un de leur show), Philippe Delerm -qui raconte dans «Le trottoir au soleil» qu’il fit sa déclaration d’amour à sa future femme en lui chantant «Un cœur sur les bras » d’Anne Sylvestre), Yann Moix ou Vincent Dedienne, ou d’autres chanteurs de Jean-Louis Murat à Albin de la Simone ou Thibaud Defever, -qui a monté un spectacle avec elle-, Aldebert, Nicolas Bacchus -avec qui elle a enregistré « Cousine-, François Morel -qui termine son nouveau concert sur « Les amis d’autrefois »-, Jehan, Bernard Joyet, Michèle Bernard -qui a réalisé un duo avec elle-, Agnès Bihl -qui l’a mise en scène à Paris-, Pascal Mary -présent en Avignon qui a repris « Comme un personnage de Sempé»-, Gérard Morel -avec qui elle a enregistré une chanson de Roger Riffard, artiste trop méconnu mort le même jour que Brassens-, le groupe Les ogres de Barback, Barbara D’Alcantara, Francesca Solleville -qui a créé des inédits spécialement écrits pour elles-, catherine Ribeiro -qui lui confia la musique de son titre « Racines »- ou Yves Jamait…et j’en oublie. Et puis il y a tous ceux qui ont placé «Les gens qui doutent », un de ses titres phares datant de 1977 dans leur panthéon personnel. Je songe à Ben Mazué, Nicolas Bacchus, Cyril Mokaiesh, Vincent Delerm, Jeanne Cherhal, qui l’ont reprise sur scène jusqu’au cinéaste Christophe Honoré qui donne à l’entendre dans son nouveau long métrage «Plaire, aimer et courir vite» dans un moment bouleversant du film.
Aurélien Mouzac et Maud Thibault : « Après vous » sur scène
«Les gens qui doutent » on peut l’entendre dans le Off d’Avignon interprétée par Aurélien Mouzac dont le spectacle «Après vous» donné à La Maison de la parole se présente comme une promenade dans quelques grandes chansons jouées à la guitare et illustrées à l’aide du langage des signes par Maud Thibault qui en fait un moment émouvant. Bien sûr il y a cet hommage à Anne Sylvestre mais pas que… « Après vous » laissant entendre des opus signés Thibaud Defever -qui a écrit spécialement des chansons pour l’occasion- Allain Leprest avec « Sarment » -un chef d’œuvre évoquant un fils venant murmurer des mots d’amour à sa mère qui vient de mourir-, ou Michèle Bernard. C’est beau à écouter et la fin du récital, très blues, secoue les codes du genre.
Le groupe Évasion
Anne Sylvestre on peut également en entendre parler si l’on va voir Garance dans cette même Maison de la parole lors d’un récital intimiste où la chanteuse parle ici de l’atelier d’écriture animé par sa glorieuse aînée et durant lequel elle écrivit un texte qu’elle nous présente. Mais c’est avec le groupe « Évasion » que le Off d’Avignon bruissa le mieux aux œuvres de la chanteuse. 5 filles délirantes et géniales ont donné au théâtre les Lucioles «Les hormones Simone» un spectacle tout entier consacré au répertoire d’Anne Sylvestre. Avec des moments drôles, «Petit bonhomme», «Les impedimenta» ou plus émouvants comme «Le lac Saint-Sébastien» ou la poignante «Berceuse de Bagdad» et l’exceptionnel «Écrire pour ne pas mourir» qu’Anne Sylvestre interpréta autrefois sur le plateau d’Apostrophes lors de cette fameuse émission où Serge Gainsbourg traita Guy Béart de blaireau lors de leur passe d’armes sur la chanson «art mineur ou pas». L’intérêt de ce spectacle d’Évasion est de proposer les chansons a capella avec seulement une sorte de tambour en guise de percussion. On rit, on pleure, on est émus…on sort avec la pêche. Tout comme avec le répertoire d’Anne Sylvestre en fait !
Jean-Rémi BARLAND
« Anne Sylvestre, 60 ans de carrière ! Déjà ? » (Intégrale 19 CD parue chez EPM et préfacé par Philippe Delerm). « Après vous » à la Maison de la parole dans le cadre du Off d’Avignon tous les jours jusqu’au 25 juillet à 16h15. « Évasion » : les hormones Simone (CD Vocal 26/L’autre Distribution)