Publié le 13 février 2021 à 12h15 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 14h55
Dans la bouche des supporters de l’Olympique de Marseille, on n’entend plus que ça. Alors que les dirigeants cherchent toujours un remplaçant de prestige à André Villas-Boas, toute l’attention se cristallise sur la décision de Jorge Sampaoli. Considéré comme une alternative de choix et de renom sur le banc marseillais, l’entraîneur est loin d’avoir fait ses preuves sur son continent et encore moins, à fortiori, en Europe. Alors que l’image est belle, il faudrait peut-être se demander si le choix qui se porte sur l’ancien sélectionneur de l’Argentine ne sent pas la «cagade» à plein nez.
L’homme à qui Lionel Messi murmurait à l’oreille
De son passage aux commandes de l’équipe nationale, il ne reste pas grand-chose dans les mémoires locales. Pire, Jorge Sampaoli est, pour nombre de fans de l’albiceleste, le pantin de Lionel Messi, celui qui lui murmurait à l’oreille. Certes, la légende urbaine doit rarement être entendue, mais il n’y a pas de fumée sans feu. Force est de constater qu’avec une armada offensive impressionnante (Messi, Higuain, Aguero…), le coach n’a pas proposé un fond de jeu à la hauteur de ce que l’on pouvait espérer. Alors imaginez à Marseille ou le pauvre Benedetto est en quête de confiance avec un Germain qui traîne sa peine et ses crampons. Vous avez raison, avec le Chili, la partition était un peu plus entraînante (une Copa America en 2015), mais on ne peut pas occulter que les observateurs sud-américains ont souvent râlé que Sampaoli manquait clairement d’envergure et notamment de plan de jeu.
Pas de victoire probante dans les grands championnats
Les puristes du « Made in Argentine » diront sûrement que nous avons la dent un peu dure. On ne peut pourtant pas oublier que le palmarès du « Vaquero » n’a pas de quoi rassurer les aficionados de la gagne à tous prix. On ne peut pas nier que le technicien a quelques lignes à son palmarès, comme une Copa Sudamericana en 2011 avec Universidad du Chili… Mais peut-on appeler cela une garantie de résultats (d’accord en matière de ballon rond on ne sait jamais) à l’heure ou le « précieux » Olympique de Marseille a besoin de certitudes ? Après tout, on ne peut pas dire qu’il a marqué de son empreinte indélébile les grands championnats d’Argentine ou du Brésil. Ni à Santos où il est resté une année, avec une place de vice-champion, ni à l’Atletico Mineiro, qu’il souhaite pour le moment coacher jusqu’à la fin de la saison.
Pour tenter de se forger un point de vue un peu plus « européen », il faut peut-être revenir à ses années sévillanes. Là encore, on ne peut pas vraiment affirmer que Sampaoli « casse trois pattes à un canard », comme le dit le très léger adage. Le voilà donc qui débarque en terres espagnoles, à la suite de la fuite d’Unai Emery au PSG, avec un contrat de deux ans en poche. Défaite en finale de la Supercoupe d’Europe 2016, nouvelle défaite en Finale de la Coupe du Roi, la même année. Au niveau championnat domestique, les joueurs de l’Argentin terminent à une belle 4e place. Ce que l’on ne peut pas lui enlever c’est un jeu léché qui a ravi les supporters toute la saison. Un argument important pour certains adorateurs de l’école « beau football ».
Le mini-Bielsa de retour sur la glacière orpheline
Car c’est là le cœur du débat. Jorge Sampaoli est certainement un bon coach, mais c’est avant tout un mini-Bielsa». Les Marseillais sont encore orphelins d’El Loco et rêvent d’un possible retour (on dirait presque du Drogba). Alors quand le nom du fils spirituel de Marcelo est sorti du chapeau, tout le monde s’est mis à rêver à nouveau de l’inoubliable glacière. Seulement voilà, l’OM a besoin de calme, de stabilité et notamment de victoires. Faut-il rappeler à tous ceux qui nous parle de passes, de une-deux, que le dernier entraîneur vainqueur du championnat de France est un certain Didier Deschamps. Quoi qu’on en dise, on ne peut pas scander que son style fasse lever les foules. Courir partout c’est bien, faire de superbes combinaisons c’est magnifique… Mais gagner une Ligue 1, c’est encore mieux. Et puis, quitte à signer un disciple de Bielsa, autant miser sur Guardiola. Ah non, c’est vrai on ne peut pas car celui-là est un peu trop cher pour la bourse marseillaise.
Voici, un autre point à ne surtout pas négliger. En matière de finances, pour le moment, l’OM c’est zéro plus zéro égal… plus beaucoup d’euros. Frank McCourt en a mis et ils ont été certainement mal dépensés. Mais en attendant, on peut comprendre, même difficilement, que l’investisseur américain hésite quelque peu avant de mettre une nouvelle fois la main à la poche. Donc, en attendant un hypothétique repreneur ou un nouveau tour de table de l’oncle d’Amérique, il faut faire « sans fortune » bon cœur.
Selon des personnes bien informées, José Sampaoli coûterait la bagatelle de… On ne sait pas vraiment ! Mais ce dont on se doute en revanche, c’est qu’il ne viendra pas à Marseille pour moins que ses émoluments brésiliens. Donc sortons les calculettes : Sachant qu’un coach argentin touche 300 000 euros par mois à l’Atletico Mineiro et que sa clause libératoire est aux alentours de 600 000 euros… Un plus deux, on retient trois… Ça ferait pas loin de 4 millions d’euros à la fin de l’année. Rien d’insurmontable nous direz-vous, car, grâce à de petites indiscrétions, on sait que AVB touchait à peu près la même chose. Pourtant, au regard de la fin de saison qui s’annonce, on serait bien tenté de faire quelques économies d’apothicaire.
Larguet un producteur de Minots à grande échelle
Après tout, Nasser Larguet, l’intérimaire en chef, n’est peut-être pas si mal. Pour le moment, il remplit son rôle avec un certain brio. Avec une défaite contre Paris, bon contre le PSG ça ne compte quasiment pas, tout le monde perd, un nul à Lens et une victoire en Coupe à Auxerre… Difficile de dire qu’il ait fait pire que d’autres. D’autant que les joueurs le trouvent très sympathique. N’oublions pas, que s’il n’est pas connu du grand public, il a fait des prouesses dans moultes réserves et centres de formation. Steve Mandanda, Lassana Diarra, Kevin Gameiro… Autant de noms passés entre ses mains expertes de façonneur de pépites. Larguet, est peut-être « Le » coach formateur que l’OM attend depuis des années pour enfin retrouver des Minots sur les pelouses de Ligue 1.
Regardez contre l’AJA, il n’a pas hésité à donner le brassard à Kamara et à lancer Bamba dans le grand bain. Sans parler du retour en grâce de Perrin, qui avait disparu des radars depuis un moment. Après tout, les Marseillais connaissent le scénario de cette fin de saison et n’attendent plus grand-chose. Pourquoi ne pas tenter le coup Larguet ? Il sera bien assez temps, à la fin du bal, de se mettre en quête de la perle rare. Eh puis rêvons un peu : si Christophe Galtier en avait assez des nuages et des corons et qu’il décide de rentrer à la maison retrouver ses Caillols. Qui sait ? La Bonne-Mère sûrement… Marseillais, Marseillais, vous savez ce qu’il vous reste à faire.
Fabian FRYDMAN