Publié le 1 avril 2020 à 20h39 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 11h14
Dans une première vie, Nicolas Bernard était journaliste. Il en a conservé un sens aigu de l’observation et du détail ainsi qu’un style rapide et efficace. Avec «La Larme de la Biche», il publie son premier roman en auto-édition comme pour exorciser quelque vieux démon qui ne cessait de le tarauder et ouvrir une fenêtre sur un avenir différent à défaut d’être meilleur. «La Larme de la biche», ce sont deux histoires d’amour qui s’entremêlent au long d’un road-trip construit sur des souvenirs amassés dans un carton devenu coffre-fort d’intimité. Ce carton appartient à Piana, appelée Pia, grand-mère corse presque centenaire qui s’éteint petit à petit dans l’inhumanité d’une maison de retraite. Dans ce carton, un petit-fils aimant et révolté face au quotidien de son aïeule et de ses voisins d’Ehpad, va découvrir des secrets qui vont lui permettre d’enlever la vieille dame pour lui offrir un ultime périple sur les chemins de sa vie, depuis les Hautes-Alpes jusqu’à Venise en passant par la Corse. Pour les accompagner dans cette virée, ils seront rejoints par Rosamund, une infirmière qui fut, en son temps, le premier amour de jeunesse du petit-fils…Tous les ingrédients étaient ici réunis pour plonger tête la première dans l’eau de rose. Comme un fil-de-fériste l’auteur s’emploie pour éviter de boire la tasse… Et de nous la faire boire avec lui. Entre le réalisme narratif, sans concession, notamment en ce qui concerne les conditions de vie dans les maisons de retraite, et les méandres sentimentaux issus d’improbables retrouvailles d’amoureux de jeunesse, le lecteur se paye un tour de montagnes russes entre la puissance d’un fait de société, la justesse de la relation grand-mère/petit fils, et la relative facilité concernant l’autre histoire d’amour ponctuée d’un happy end à faire pleurer les jeunes filles en fleurs. En fait, il y avait certainement matière, ici, à deux opus bien distincts. Le premier autour de la vieillesse, des relations intergénérationnelles et de la fin de vie, le deuxième pouvant être construit sur la crise de la quarantaine chez la femme et l’homme, le désamour, la recherche du temps perdu et toutes ces choses qui peuplent parfois le quotidien du couple. Mais Nicolas Bernard ne l’a pas voulu ainsi préférant faire la route à trois dans ce premier roman qui ne manque cependant ni de qualités, ni de sentiments. Bonne route…
Michel EGEA
«La Larme de la biche» de Nicolas Bernard roman en auto-édition, disponible sur les sites de vente en ligne.