Publié le 16 janvier 2016 à 21h55 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 21h33
On le sait peu, mais «Andalousie» est une opérette «de jeunesse» de Francis Lopez; la deuxième d’une longue série. Il la compose en 1947, fort du succès de «La Belle de Cadix» l’année précédente. Et jusqu’en 1993 avec «Les Belles et le gitan», il en composera en moyenne un peu plus d’une par an. Une vraie usine à opérettes… «Andalousie» rime avec jalousie, espagnolade, corrida : les recettes du succès dont n’a pas hésité à user Francis Lopez. C’est ce divertissement «à grand spectacle» qui était proposé ce samedi 16 janvier après-midi et qui sera donné à nouveau ce dimanche à 14h30 à l’Odéon, sur la Canebière à Marseille.
Salle pleine, ce samedi en matinée, pour la première d’ »Andalousie »
Les aficionados, souvent aux cheveux blancs, étaient venus replonger dans les délices de leur jeunesse. Et autant vous le dire tout de suite, ils ont apprécié la représentation ponctuant le final par des salves d’applaudissements. Ne serait-ce que pour ça, l’opérette est un genre qui devrait être remboursé par la «sécu» au même titre que les anti-dépresseurs; et l’Odéon déclaré d’utilité publique. Alors, c’est vrai que l’œuvre est datée, que les toiles peintes du décor qui ne peuvent être repassées (au fer) avant leur mise en place sont «kitchissimes», que les jeux de mots du style « et tu verras mon regard hagard de lion» sont éculés, mais le bon public rit. Et par les temps qui courent, procurer du bonheur fait partie des missions humanitaires primordiales.
Difficile, dès lors, d’écrire une «critique» critique ! Alors, tentons… La musique est datée, mais la partition propose de beaux airs. Et l’orchestre de l’Odéon, sous la direction de Bruno Conti, a fait de sacrés progrès depuis «Le Chanteur de Mexico» la saison dernière. Si l’ensemble conserve ce son légèrement désuet qui sied aux représentations, il a gagné en précision et en volume. Sur scène, confrontés à l’étroitesse du lieu, les protagonistes se dépensent sans compter. Le chœur est agréable et les solistes s’amusent beaucoup. Il est toujours difficile de citer l’un(e) ou l’autre lorsque toute une troupe donne le meilleur d’elle même. Mais en ce samedi après-midi, c’est Amélie Robins, Dolorès, qui a retenu toute notre attention avec sa voix puissante, ses aigus directs et précis, son aisance et sa joie de jouer aux côtés de son amoureux, Juanito, à qui Marc Larcher, séduisant ténor, prêtait ses traits et sa voix. Une mention aussi pour le quatuor de danseurs de Sévillanes et le guitariste Jésus Carceller. Quant à la mise en scène de Jack Gervais, elle respecte les canons traditionalistes de l’opérette des années 1950… Le succès fut au rendez-vous, c’est tant mieux. Mais il faudrait peut-être songer à dépoussiérer quelques-unes de ces opérettes, comme l’ont fait Dominique Trottein et Jacques Duparc avec «Un de la Canebière» il y a peu, pour créer des événements tout en ouvrant la salle à un nouveau public. Cela pourrait marcher, non ?
Michel EGEA
Représentation ce dimanche 17 janvier à 14h30 à l’Odéon 162, La Canebière Marseille (1er)