Publié le 30 janvier 2015 à 18h08 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h37
L’histoire du riche barbon en quête de jeunette et qui, une fois abusé, pardonne tout et laisse triompher l’amour, compte au rang des sujets prisés à l’opéra. Avec «Don Pasquale», c’est Donizetti qui s’empare de cette thématique et livre une partition dynamique, colorée et enjouée avec un bel équilibre entre musique instrumentale et voix. L’Opéra Grand Avignon vient d’accueillir deux représentations d’une production particulièrement réussie de cette œuvre, celle du Centre Lyrique Clermont-Auvergne, co-réalisée avec cinq autres maisons d’opéra (Limoges, Reims, Rouen, Saint-Étienne, Vichy) et la fondation Pergolese Spontini. Cette production brille par sa mise en scène virevoltante et intelligente au possible, signée Andrea Cigni, avec des décors surprenants de Lorenzo Cutuli et les lumières idéales de Flammetta Baldiserri. En point d’orgue, le jardin du deuxième tableau, son cadre de scène garni de roses et la balançoire descendant depuis les cintres, elle aussi très fleurie, sur laquelle Norina est assise et va donner son premier grand air dans une ambiance que n’auraient pas reniée Pierre et Gilles… Bref du grand spectacle kitch réussi.
Vocalement, la distribution est assez homogène et de qualité. Simone Del Savio campe un Don Pasquale tantôt odieux, tantôt sensible et le ténor Sergueï Romanovsky est un Ernesto idéal, physiquement et vocalement. Il y a chez lui de la puissance et de la couleur, reste à maîtriser un peu plus la ligne de chant. Alex Martini qui incarne le docteur Malatesta est un comédien hors pair et le notaire qui a les traits de Jean Vendassi fait bien son travail. C’est la sud-coréenne Anna Sohn qui est Norina. Petit bout de femme au charmant minois avec une voix intéressante. Soprano en devenir… Aux côtés des solistes, notons la prestation de qualité des chœurs préparés par Aurore Marchand. Sous la baguette de Roberto Fores-Veses qui cherche à donner tout son éclat à la musique de Donizetti, l’orchestre n’est pas toujours très précis mais la couleur d’ensemble colle assez bien à la partition.
«Banane» de rigueur, sur les visages du public au sortir des deux représentations : ce «Don Pasquale» a séduit. Et son succès est amplement mérité.
Michel EGEA