Publié le 30 juillet 2014 à 20h46 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h06
Il y a des jours avec et des jours sans ! Les pianistes, même virtuoses n’échappent pas à la règle. Ainsi Nikolaï Lugansky qui nous a prouvé à La Roque que l’on peut être inspiré un soir et moins concerné le lendemain. Il faut dire à sa décharge que le rôle du piano dans le «Triple concerto » de Beethoven est loin d’être central. Avec à ses côtés Vadim Repin, violoniste brillant, mais également nettement en-dessous de ses possibilités et le violoncelliste Alexander Kniazev, excellent de bout en bout, Nikolaï Lugansky a donné de sa partie une vision quelque peu terne, jouant correctement mais avec froideur sous la baguette sans réelle imagination de Kazuki Yamada à la tête de l’Orchestre Philarmonique de Monte-Carlo (ils seront eux le lendemain exceptionnels avec Andsnes). Et pourtant la veille Nikolaï Lugansky fut absolument parfait dans un répertoire dont il maîtrise toutes les nuances. Seul au piano, le «Prélude, Choral et Fugue » de César Franck, la Sonate pour piano numéro 4 de Prokofiev, (son enregistrement du Concerto pour piano de ce même compositeur avec Kent Nagano force l’admiration) et les «13 préludes, opus 32» de Rachmaninov dont on peut dire qu’ils sont un monument de difficulté, nécessitant une dextérité de chaque instant. Lugansky qui a enregistré pour Naïve les sonates 1 et 2 de Rachmaninov, (sans compter ses Concertos pour piano), excelle dans ce répertoire. Force et luminosité sont les deux caractéristiques de son jeu, qui a trouvé dans les Préludes la pleine mesure de son talent. Généreux et investi, précis et en phase avec l’œuvre et le public. Celui-ci ne s’y est pas trompé en lui réservant un triomphe. Ce n’était que justice. C’est ainsi que Lugansky est grand !
Jean-Rémi BARLAND