Publié le 12 août 2014 à 17h32 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h07
Fantastiques jeunes pianistes russes qui ont débarqué nombreux au Festival de la Roque d’Anthéron où René Martin, l’âme artistique du lieu les a conviés pour ce qui reconnaissons-le s’apparente à des soirées de gala. Jeunes prodiges tels que Daniil Trifonov, Ekaterina Derzhavina, Andrei Korobeinikov, Behzod Abduraimov, impressionnants de virtuosité et d’intelligence, que le public a ovationnés.
Samedi soir, c’était au tour de Roustem Saïtkoulov de s’installer au clavier, avec au programme un récital entièrement consacré à Chopin. Ce compositeur, l’interprète russe qui a débuté le piano à l’âge de quatre ans (il en a aujourd’hui trente-trois) l’a toujours servi avec fougue et un appétit d’ogre. En relevant des défis parfois comme ce concert à la salle Gaveau datant de février 2008 où il donna dans la soirée, chose rare, l’intégralité des vingt-quatre «Études». Possédant une force n’entravant nullement son sens poétique Roustem Saïtkoulov a durant une heure vingt fait voyager son auditoire dans «Nocturnes», scherzo, prélude, berceuse et autre scherzo numéro 2 avec au final avant les rappels l’Andante spianato et «Grande polonaise» brillante opus 22 enchainés comme il se doit dans un large mouvement mêlant fougue et intériorité. Splendide moment qui a souligné combien ce pianiste (qui a gravé les deux concertos pour piano de Chopin avec comme chef Grzegorz Nowak) possède un sens lyrique jouant Chopin de manière parfois volontairement plus lente que d’habitude, soulignant ainsi toutes les nuances allègres et tragiques de ses œuvres. Un digne représentant donc de cette fameuse école russe dont on a dit plus haut le plus grand bien.
Jean-Rémi BARLAND
Le disque officiel du Festival chez Mirare
Cela s’appelle «Piano sous les platanes». Un beau titre qui sonne comme une invitation à la flânerie et à l’écoute. Composé de 18 morceaux donné par des pianistes différents cet album rend hommage aux interprètes associés à ce 34e Festival de la Roque d’Anthéron. Des grands noms ou plutôt d’authentiques artistes tels qu’Anne Queffélec (3 morceaux), Nicholas Angelich, Adam Laloum, Boris Berezovsky, (2 morceaux), ou encore Abdel Rahman El Bacha et Matan Porat et Shani Diluka. Le plus étonnant à l’écoute de cet opus 2014, disque annuel du Festival, c’est l’unité qui se dégage de l’ensemble, alors que passant de Mozart à Gershwin la différence entre les compositeurs joués demeure sensible. Un disque préfacé par René Martin et Michel Onoratini le Président du Festival avec toute l’intelligence et la modestie qu’on leur connaît.
J.-R. B.