Publié le 6 août 2015 à 20h36 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 19h31
Quels enjeux place-t-on dans le fait d’interpréter une œuvre musicale ? Vaste question, un peu théorique d’ailleurs, mais qui en dit long sur le niveau d’exigence de celui qui mène à bien le projet. En ce qui concerne François Chaplin on peut parler de philosophie quand il s’installe au piano, d’ontologie de l’être plus précisément, car, dès les premières notes on sent vibrer en lui une certaine spiritualité. Sa manière d’aborder Chopin, Schubert, ou Scriabine signale son appétence à faire vibrer ce que Chateaubriand appelait «un Hosannah sans fin», une prière offerte à la beauté des choses en soi. Chrétien et croyant François Chaplin ? Pas forcément. Christique en tout cas. Spiritualiste comme on le disait au début mettant sans nul doute de l’œuvre dans sa vie et de vie dans sa manière de jouer. Pour preuve ce concert donné à La Roque d’Anthéron où, supplément d’âme oblige, François Chaplin rendait bouleversants Chopin et Schubert dans un mélange de poésie et de virtuosité pianistique. Pas d’effets de manche ou de tête, mais plutôt une ascèse conduisant à faire entendre ce qui se cache derrière les notes. Au programme impromptus, moments musicaux, valses et mazurkas des deux compositeurs se répondant l’un l’autre comme s’il s’agissait d’une même entité avec au final un résultat d’une beauté confondante. Humble, concerné, installant avec le public un échange basé sur la profondeur des silences, et la force des regards, colorant chaque note d’une multitude de nuances, il a offert un concert empreint de sens du sacré. Un moment humain et artistique exceptionnel.
Jean-Rémi BARLAND