Publié le 16 juillet 2015 à 22h35 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 19h29
Les choristes de MusicAeterna en pleine lumière à l’auditorium du conservatoire Darius Milhaud : c’est ce qui pouvait arriver de mieux à ces artistes qui assurent, dans l’ombre les parties chorales de «l’Enlèvement au Sérail» à l’Archevêché et de «Alcina», au Grand Théâtre de Provence. Ce chœur, désormais établi à Perm, en Russie, retrouvait ce jeudi, en fin d’après-midi, son fondateur, Teodor Currentzis, pour un concert consacré aux œuvres de Henry Purcell, un peu, et d’Igor Stravinski, beaucoup. Au sein d’une première partie consacrée aux liturgies anglicane, protestante et orthodoxe, la spiritualité et la polyphonie étaient à l’honneur. Une prestation mise en espace de façon intelligente qui a permis de jouir de la beauté des voix, à tous les pupitres, dans une ambiance propice à l’écoute. Un moment fort très apprécié du public. La seconde partie était consacrée à «Noces» de Stravinski. Écrite pour percussions, quatre pianos, chœur mixte et quatre solistes, cette œuvre est d’une densité étonnante. Pas une minute de répit. Les quatre tableaux s’enchaînent au prix de présence (et de prouesses) vocales des solistes et du chœur. Currentzis, «habité» par cette musique, lui procure sa dimension à nulle autre pareille, offrant à cette interprétation les qualités de l’âme russe tout en conservant son extraordinaire modernité. Le chœur est monumental à tous les pupitres, avec une mention spéciale aux basses. Mais peut-il en être autrement avec des Russes?
Les solistes, Nadezhda Pavlova, soprano, Nataliia Liaskova, alto, Stanislav Leontiev, ténor et Dmitry Ulianov, basse, tiennent tous leur partie avec puissance et aisance; une réelle performance au regard de la densité d’interprétation exigée par le directeur musical. Un grand moment de musique et une prestation qui restera dans les mémoires, au succès de laquelle il convient d’associer les musiciens, notamment les pianistes : Mikhail Mordvinov, Alexander Osminin, Artem Abashev et Oksana Pislegina.
Michel EGEA