Publié le 3 décembre 2014 à 17h19 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h30
Renaud Capuçon au violon, Khatia Buniatishvili au piano : le Français et la Géorgienne se connaissent depuis quelques années, réunis pour la première fois en duo sur une scène par Martha Argerich. Une union musicale réussie, illuminée par un enregistrement qui est sorti, il y a quelques semaines, chez Erato et consacré à trois chefs d’œuvres du romantisme, les sonates de Franck et de Grieg et quatre pièces de Dvorak. Un enregistrement lumineux, comme nous l’avons écrit plus haut, réalisé au cœur de l’auditorium du Conservatoire aixois Darius Milhaud au sortir du dernier Festival de Pâques. Ainsi, dès ses premières dates, la tournée de promotion de ce CD ne pouvait faire autrement que de marquer une halte à Aix-en-Provence. C’était donc mardi soir, au cœur d’un Grand Théâtre de Provence archicomble.
Près de dix ans d’âge séparent Renaud Capuçon et Khatia Buniatishvili.
Lui entre sur scène avec son sourire de prince charmant énigmatique et virtuose; elle, en robe fourreau rouge éblouissante de paillettes, telle une fée ardente et fougueuse. Et si Renaud Capuçon reconnaît une réelle différence de caractère entre eux, il n’en demeure pas moins vrai que les deux jouent la complémentarité à merveille. Ils se connaissent, on l’a dit plus haut, et c’est, ce mardi soir, leur dixième prestation avec ce programme. Autant dire qu’ils maîtrisent la moindre nuance, la plus minime des ornementations et la palette des sentiments qui accompagnent les partitions. L’archet sensuel de Renaud Capuçon fait vibrer les émotions de l’âme de son violon qui passe de la plus profonde détresse aux passions les plus ardentes. A ses côtés, Khatia Buniatishvili joue le feu, souffle les braises mais, sait aussi par quelques pianissimi ramener à la raison harmonieuse les élans romantiques exacerbés.
C’est du grand art chez les deux interprètes et aux côtés d’une pianiste qui, à chacune de ses sorties, s’impose comme étant l’une des meilleures, voire la meilleure actuellement sur la planète clavier, le Français est à un niveau de jeu époustouflant que les spécialistes de la spécialité disent qu’il a rarement atteint, même à ses flamboyants débuts. Nous n’étions pas à ses débuts, mais assis au Grand Théâtre de Provence et nous pouvons vous dire, effectivement, que le son et le jeu de Renaud Capuçon étaient exceptionnels.
Dvorak, Grieg et Franck, un programme rêvé pour ce duo de rêve à la technique éprouvée et à la virtuosité sans faille. Avec, cependant, un petit reproche sur les «bis» qui auraient mérité un peu plus d’originalité afin que le rêve soit total… Rendez-vous est désormais pris avec Renaud Capuçon et Khatia Buniatishvili au mois d’avril prochain pour le Festival de Pâques. On a hâte d’y être.
Michel EGEA
Réservation pour le 3e Festival de Pâques d’Aix-en-Provence au 08 2013 2013 ou sur festivalpaques.com