Publié le 7 février 2018 à 21h14 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 17h56
C’est un programme cent pour cent XIXe siècle que le pianiste Nikolaï Lugansky a choisi d’interpréter dans un Grand Théâtre de Provence (GTP) tout entier acquis à sa cause. Trois compositeurs figuraient à son répertoire: Robert Schumann (1810-1856), Frédéric Chopin (1810-1849), et Serge Rachmaninov (1873-11943), servis avec fougue, éclat, sérieux, et enthousiasme. Pourtant le début du récital montrait un Lugansky pas vraiment à l’aise, les premières notes des «Scènes d’enfants» flottaient quelque peu, mais, très vite l’harmonie s’installa et l’excellence suivit. Notamment sur «Rêverie» et «L’enfant s’endort », la main gauche du pianiste soulignant les nuances de la partition, puis avec le final «Le poète parle» petit choral mélancolique qui laisse entrevoir toute la nostalgie de Schumann. Même impression de perfection avec les deux morceaux de Chopin choisis à savoir une Barcarolle et une ballade, où, dans des accords fougueux, le compositeur émeut et dépasse les cadres habituels du genre. Mais le meilleur était à venir avec treize Préludes de Rachmaninov donnés après l’entracte. Portant la marque de Chopin ces morceaux composés entre 1901 et 1910 crépitent d’un romantisme virtuose. Nikolaï Lugansky qui est dans cette musique comme en son jardin secoue le public, le touche au cœur, s’imposant dans ce répertoire comme l’un des plus grands pianistes du monde. Et comme si le bonheur n’était pas complet l’artiste russe offrait en rappel un Rachmaninov, un Chopin et un morceau de Kiaspoutine, musicien russe âgé de 80 ans, né en 1937 à Gorlovaka. Un compositeur qu’il affectionne particulièrement et dont il avait déjà défendu l’œuvre au Festival de la Roque d’Anthéron l’été dernier. Élégance, perfection, prenant des risques c’est ainsi que Lugansky est grand !
Jean-Rémi BARLAND