Publié le 30 septembre 2019 à 12h12 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 12h32
Avouons-le, les Carmina Burana de Carl Orff ne font pas parties des pièces que nous affectionnons particulièrement. Souvent donnée par des masses chorales gigantesques derrière des orchestres philharmoniques, la cantate profane peut livrer alors des accents grandiloquents et parfois «pompiers» qui ne nous séduisent pas. Il était donc intéressant, samedi soir, de retrouver au Grand Théâtre de Provence l’excellent Chœur de Radio France qui, sous la direction de Martina Batic, sa directrice en titre depuis un an, donner l’adaptation de l’œuvre écrite par Wilhelm Killmayer pour deux pianos, percussions, chœur et solistes. Il nous a semblé retrouver, à cette occasion, l’essence même des Carmina Burana, cantate nous transportant au Moyen Age avec son dynamisme, ses pulsions, ses (rares) moments de délice et d’humanité. Et ce grâce à la qualité des voix, à tous les pupitres, d’un chœur qui est aujourd’hui l’un des meilleurs et sous la direction de la slovène Martina Batic, direction fouillée, attentive et précise, sachant mettre en valeur, c’est le minimum pour la directrice de la formation, les couleurs et le dynamisme de ses troupes. Pour servir cette version, les deux Steinway, tête bêche, étaient servis par Meta Fajdiga et Andreja Kosmac, deux jeunes femmes qui ont su illuminer les phrases musicales de la cantate. Quant à la prestation des percussionnistes de l’ensemble SToP, elle fut en tout point remarquable avec une grande, et spectaculaire, interprétation de la timbalière. Fort appréciées, aussi, les participations des solistes du Chœur de Radio France, la soprano Karen Harnay, le ténor Nicolae Hategan livrant une intervention remarquée et appréciée et le baryton Mark Pancek. Des Carmina Burana accueillies avec passion par une salle enthousiaste réservant une ovation debout aux artistes et profitant en bis du célèbre air «O Fortuna» qui ouvre et ferme la cantate. Quant à nous, cette audition d’une adaptation de chambre a modifié notre jugement sur cette pièce de Carl Orff.
Michel EGEA