Publié le 9 décembre 2014 à 9h12 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h30
Moi, là où je trouve qu’elle est la plus belle, c’est quand elle est morte…» «Oh oui, tu as raison. Elle est totalement détachée lorsqu’elle est allongée sur la vitre. Quelle performance !» Tel est le destin de Blanche Neige. Être belle après avoir mangé la pomme empoisonnée en attendant le baiser salvateur du prince charmant.
Tout du moins à en croire cet échange entre deux spectatrices du spectacle «Blanche Neige» d’Angelin Preljocaj à la sortie du Grand Théâtre de Provence, lundi soir. Première représentation d’une série de six annoncée à guichets fermés depuis plusieurs jours déjà. Pour Angelin et les siens, «Blanche Neige», c’est comme une assurance vie. Un placement qui peut rapporter gros. Rendez-vous compte : après deux séances qui ont fait le plein dans la grande salle du Théâtre des Salins à Martigues, bis repetita six fois au Grand Théâtre de Provence. Et ce après avoir déjà été repris, urbi et orbi, de nombreuses fois depuis sa création en 2008.
Ce lundi soir, c’était donc le retour sur les lieux de la naissance. Et croyez-moi, ou non, six ans après «Blanche Neige» n’a pas pris une ride. La demoiselle n’est pas périssable et aucune date de péremption ne figure sur le programme. Et pendant que les cheveux et la barbe d’Angelin Preljocaj viraient poivre et sel, la belle brune et les sept nains continuaient à faire le show pour le plus grand bonheur des petits et des grands.
Les raisons d’un succès toujours renouvelé ? Elles sont multiples. En vrac : le talent, voire le génie en la circonstance, du chorégraphe, la qualité des danseuses et des danseurs, la beauté de la musique signée Gustav Mahler et 79 D, la méchanceté de la marâtre, la perfection des éclairages, le super look des costumes signés, il faut le dire, Jean-Paul Gaultier, l’émotion quasi miraculeuse qui vous saisit rapidement et ne vous lâche plus, la densité de la proposition artistique qui fait passer 110 minutes comme si elles n’avaient été que dix. Puis, cerise sur le gâteau, la lisibilité du spectacle par tous les publics, de sept ans à point d’âge, pour que chacun y trouve du bonheur. Nous y avons trouvé le nôtre, et nous n’avons pas été les seuls, n’en déplaise à quelques «spécialistes» grincheux de la danse contemporaine.
Alors, sont ensuite revenues d’autres images à la mémoire. Celles d’une autre pièce de maître Angelin, ce «Roméo et Juliette» créé dans un gymnase au Val de l’Arc, toujours à Aix-en-Provence, en 1990 dans le cadre de Danse à Aix. Le chorégraphe avait travaillé avec Enki Bilal à cette occasion et ce fut un succès énorme. N’y aurait-il pas la possibilité de rejouer ce «Roméo et Juliette» au cours d’une prochaine saison. Certes, la production a beaucoup tourné en son temps, mais nul doute que là aussi, la modernité du travail de Preljocaj serait encore éblouissante. Puis cela permettrait à la jeune génération de découvrir, peut-être, une œuvre dont elle pourrait se sentir assez proche. En attendant, si vous n’avez pas encore vu cette «Blanche Neige», tentez toujours votre chance. On ne sait jamais… Il peut y avoir des places qui se libèrent au dernier moment.
Michel EGEA
Pratique: Représentations les 9, 10, 12, 13 et 14 décembre à 20 h 30 au Grand théâtre de Provence à Aix-en-Provence. Tél. 08 2013 2013.