Publié le 27 septembre 2019 à 18h19 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 12h31
Il est des tensions et des attentions, qui ne trompent pas. Totalement happés par le spectacle, les quelque mille spectateurs présents au Grand Théâtre de Provence, jeudi soir, on écouté et regardé, comme s’ils étaient en apnée, ce Winterreise fascinant. Pendant une heure et des poussières, douze danseuses et danseurs du ballet Preljocaj font vivre en 24 tableaux, correspondant aux 24 lieder composés sur des poèmes de Wilhelm Müller et mis en musique par Franz Schubert, l’errance de ce voyageur vers la mort après avoir perdu son amour. Sa chorégraphie, Angelin Preljocaj l’a voulue comme «un long suicide au ralenti». Sur un tapis de neige noire les corps vont matérialiser les sentiments alors que devant la scène le pianiste James Vaughan et le baryton basse Thomas Tatzi font vivre la musique de Schubert. Une sacrée performance, au demeurant, pour Thomas Tatzi qui enchaîne les 24 lieder sans véritable pause. En récital il aurait pu imposer son rythme, mais ici c’est la chorégraphie qui le dicte. Ce spectacle est l’aboutissement d’un long travail entre le duo musical, le chorégraphe et les danseurs. Au sein d’un univers glacial et crépusculaire, alternant énergie et langueur, Angelin Preljocaj développe des chorégraphies puissantes entre espoir et désespoir. Le Winterreise est un chef d’œuvre du romantisme et ce sont des ensembles, des pas de deux ou de trois, des solos souvent très mélancoliques qui sont donnés par les danseurs travaillant le moindre détail à la perfection. Un voyage d’hiver fascinant qui a fait l’unanimité et séduit le public, jeudi soir, obtenant un triomphe pour le moins mérité aux saluts. Dans quelques jours, ce sont les Parisiens qui pourront découvrir le Winterreise au Théâtre des Champs Élysées et pour celles et ceux qui n’ont pu le voir à Aix, il est aussi au programme de la saison du Théâtre de La Criée à Marseille, en avril prochain.
Michel EGEA