On a vu au Grand Théâtre de Provence un Orchestre français des jeunes inspiré par la musique populaire

Publié le 7 septembre 2016 à  19h34 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h34

Orchestre français des jeunes inspiré par la musique populaire
Orchestre français des jeunes inspiré par la musique populaire

Quelle formation ! Et quel travail ! La magie et l’avantage peut-être de se trouver en résidence (en l’occurrence au Grand Théâtre de Provence (GTP) d’Aix-en-Provence depuis 2007) pour travailler sereinement et en profondeur des grandes œuvres du répertoire musical venu comme ceux qui les interprètent de tous les horizons. Oui l’Orchestre français des Jeunes (OFJ) est un ensemble assez étonnant, humble et talentueux, rigoureux et nourri d’imagination. Le principe d’un chef qui change au même rythme d’ailleurs que les musiciens mais qui reste en place plusieurs saisons contribue à la stabilité et à l’originalité de l’ensemble. En cette saison 2016 c’est David Zinman qui tient la baguette et porte très haut les couleurs de l’Orchestre. En ce concert de rentrée du GTP le choix du programme était lui aussi d’une grande subtilité. Trois compositeurs (Debussy, Copland, Mahler) servis avec enthousiasme et réunis autour de la célébration de la musique populaire. Au départ la «Marche écossaise» de Debussy, une transcription réalisée en 1908 par le compositeur de sa propre pièce pour piano à quatre mains. Imprégné d’un folklore issu ici d’un thème de cornemuse provenant des Highlands ce court morceau coloré et brillant fut interprété par l’Orchestre de façon joyeuse. Puis direction Copland, ce compositeur si bien servi en son temps par Léonard Bernstein et à qui l’Orchestre de Marseille a rendu un bel hommage dans un «Rodeo» endiablé proposé à la Roque d’Anthéron cet été avec à la baguette de Lawrence Foster, pour «Appalachian spring», œuvre aux contrastes saisissants qui célèbre les grands espaces où s’installèrent les premiers fermiers des plaines de Pennsylvanie. Au pupitre David Zinman multiplie les ruptures d’ambiance, et l’Orchestre suit le rythme saccadé avec une fluidité époustouflante. C’est enlevé, souvent beau et très lyrique.
Mais la grande matière du concert, sa partie la plus riche musicalement ce sera la 4e Symphonie de Mahler. Écrite en 1899-1900 (unique symphonie du compositeur sans trombone ni tuba) cette œuvre de facture lyrique explore le thème de l’enfance, thème mahlérien par excellence. Ambiance villageoise au début, ce sera sur la fin avec l’arrivée lors du dernier morceau de la soprano une célébration des plaisirs bucoliques et des beautés du ciel. Si l’orchestre réussit des prouesses de légèreté dans le 3e mouvement, il irradie dans le lied chanté par Elsa Dreisig qui, s’inspirant d’une chanson populaire nous entraîne dans une description de la vie paradisiaque. La baguette de David Zinman ne surligne jamais et l’Orchestre nous enveloppe dans le mirage Mahler avec l’élégance voulue qui sait au-delà des notes nous toucher dans notre intimité profonde. Nous émouvoir aussi, et nous enchanter. Une soirée magique.
Jean-Rémi BARLAND

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