Publié le 20 juillet 2014 à 17h57 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h05
Avec son titre qui sonne comme une bluette «Charlie Bauer est amoureux» donnée en ce moment au théâtre de La Luna est une pièce infiniment politique, engagée au sens sartrien du terme, où l’on traite pêle-mêle de lutte armée, de l’engagement dans une cause, de l’enfermement carcéral et de la manière dont les compagnes de prisonniers doivent gérer leurs déplacements pour aller leur rendre visite en prison.
C’est la partie la plus émouvante de cette belle plongée dans un monde dur, violent, âpre et désespéré qui voit Renée traverser la France au gré des transferts de Sylvain (condamné à 25 ans de prison) d’un bâtiment pénitencier à l’autre, ce dernier déplacé pour tentatives d’évasion successives. Bâti sur un échange de lettres puis sur les rencontres au parloir entre les deux amants, avant un épilogue où l’on verra combien Renée défendra jusqu’au bout les décisions ultra violentes de son mari, ce spectacle écrit par Alain Guyard offre aux deux comédiens Marie-Hélène Goudet et Sylvain Seguin l’occasion de montrer combien ils affectionnent de jouer ensemble. A l’unisson ils rendent leurs personnages vrais, émouvants, intenses. Une qualité absente du texte lui-même qui, surchargé de symboles, de références obsolètes (reprenant par exemples des articles passés et très controversés d’Alain Badiou ou des allusions à Mesrine), et d’une suite de propos extrémistes, plombe l’intensité dramatique des rapports amoureux. Malgré cela, grâce à une belle mise en scène de Dominique Fataccioli qui s’emploie à intensifier l’aspect physique du couple par l’intermédiaire d’un subtil jeu de lumières, «Charlie Bauer est amoureux» est un passionnant moment de théâtre qui fait réfléchir et relance le débat sur l’enfermement et la violence armée.
Jean-Rémi BARLAND
Au Théâtre La Luna -1, rue Séverine. 84000 Avignon- à 14h25 jusqu’au 27 juillet. Réservations au 04 90 86 96 28 .