Publié le 24 juillet 2015 à 13h59 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 19h30
Maxime Le Forestier qui a beaucoup chanté Brassens affirma que le poète sétois ne souffrait pas la distraction. Et que les interprétations de ses textes devaient éviter tout exotisme et réinventions hasardeuses. Avec leur nouveau spectacle de Guillaume Giraud et Agnès Ravaux, qui avaient célébré Barbara avec justesse, l’ont parfaitement compris en proposant un récital absolument magnifique de justesse, d’intelligence et de fidélité à Brassens. Inventif aussi puisque Guillaume Giraud a tout réorchestré pour donner les chansons de Brassens… au piano avec des envolées rappelant Rachmaninov et Chopin. Voix parfaite, enchaînement des titres entrecoupés de propos de Brassens et d’une utilisation pertinente de la vidéo montrant Brassens seul ou avec Trenet. Le spectacle ne revisite pas forcément les grands standards mais prend des chemins de traverse pour un grand bonheur d’écoute que l’on peut prolonger en disque. Ainsi entend-on par exemple «Philistins», «Pénélope», «La religieuse» «L’ancêtre». Et, moment assez poignant «Les oiseaux de passage», le poème de Richepin dont Brassens a repris une partie seulement (Remo Gary le chante en entier sur la musique même de Brassens). Guillaume Giraud introduit au piano la version musicale en récitant les strophes venant avant. Et si Agnès Ravaux qui est chargée d’incarner Patachou, notamment dans la chanson «maman, papa» donnée en début de récital, péche un peu à trop user d’effets dans sa voix voilà un concert sans guitare mais d’une beauté solaire, où il est prouvé à ceux qui auraient tendance à le nier trop facilement que Brassens était aussi un merveilleux mélodiste aux partitions très fouillées.
Jean-Rémi BARLAND
Théâtre l’Albatros au 29, rue des Teinturiers, 84000 Avignon à 16h30. Tarifs de 10 à 15€ – Tél : 04 90 86 11 33