Publié le 31 décembre 2014 à 21h28 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Pour souffler ses vingt bougies, la Maîtrise des Bouches-du-Rhône avait attendu la présence de sa marraine, Inva Mula, à l’Opéra de Marseille où elle est à l’affiche de «L’Élixir d’Amour». C’était donc l’un des derniers rendez-vous musicaux de l’année à Marseille auquel étaient conviés les mélomanes, lundi soir sous les voûtes séculaires de l’Abbaye de Saint-Victor. Et personne ne s’y était trompé puisque ce concert de prestige avait fait le plein de l’abbatiale. Force est de reconnaître que le moment fut superbe et qu’il eut été dommage de s’en priver.
Pour marquer cet événement si particulier, Samuel Coquard, le directeur musical de la Maîtrise, avait concocté un programme «à sa façon», idéal pour révéler à ceux qui ne les connaissaient pas, les multiples facettes et talents des chœurs qu’il dirige. Et là où on aurait pu attendre Bach, ce sont les psaumes de Mendelssohn qui étaient donnés, là où Gounod et Schubert sont dans toutes les têtes, c’est l’Ave Maria de Caccini qui a résonné au cœur de l’édifice, là où la Nativité aurait pu être célébrée à loisir, ce sont les très beaux et très profonds «Panis Angelicus» de la messe Solennelle de César Franck et «Cantique de Jean Racine» de Gabriel Fauré qui furent offerts au public. Et Samuel Coquard n’en est pas resté là proposant aussi la «Barcarolle» de l’acte de Giuletta des «Contes d’Hoffmann» d’Offenbach, l’occasion pour le jeune sopraniste de la Maîtrise, Théo Imart, de se produire en soliste aux côtés d’Inva Mula. Ce qu’il fit avec grand talent.
Tellement bien, même, qu’il fut à nouveau convié aux côtés de la soprano pour cette même pièce donnée en «bis».
Autre grand moment de cette soirée, l’Ave Maria composé par Pietro Mascagni sur la musique de l’Intermezzo de son opéra «Cavaleria Rusticana» et donné avec passion par Inva Mula. Des œuvres de Grüber, Haendel, Mozart et Reger étaient aussi de la fête pour composer ce programme attrayant, hors des sentiers battus.
Pour accompagner les chœurs et la soliste, ce sont les musiciens de l’Orchestre Régional de Cannes Provence-Alpes-Côte d’Azur qui avaient été conviés à la fête. Une excellente formation qui, à l’instar de bien d’autres en France actuellement, rencontre quelques difficultés liées à la baisse des subventions des tutelles, ce qui est fort déplorable car la qualité est à tous les pupitres.
Inva Mula, visiblement très heureuse d’être de cette fête, fut lumineuse, alliant sensibilité et puissance dans un répertoire où la précision et l’émotion dans le chant primaient sur les performances «d’altitude». Quelle belle marraine «encouragée» par sa fille, la nounou de cette dernière et le maestro Roberto Rizzi Brignoli.
Pour fêter les vingt ans de la Maîtrise, Samuel Coquard avait mobilisé le chœur d’enfants, le jeune chœur et le chœur de chambre d’hommes Asmara qui, tour à tour ou ensemble, en fonction des œuvres données, ont eu l’occasion de mettre en valeur leurs qualités. Attention de tous les instants, précision, justesse, chaleur et sensibilité sont au rendez-vous à chacune des sorties de ces chœurs, témoignant de la richesse du travail effectué sous les ordres de leur directeur musical.
Aujourd’hui, douze ans après son arrivée à Marseille, Samuel Coquard peut s’enorgueillir légitimement d’être à la tête de l’une des meilleures Maîtrises de France qui est régulièrement invitée à se produire à l’Opéra de Marseille, aux Chorégies d’Orange et dans divers festivals. Une pépite de l’art vocal vit et travaille dans les Bouches-du-Rhône…
Michel EGEA