Publié le 4 novembre 2014 à 19h27 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h24
Les Aixois qui ont assisté l’été dernier à une représentation de «La flûte enchantée» donnée au Grand Théâtre de Provence (GTP) d’Aix dans le cadre du Festival d’art lyrique 2014 ont pu admirer le travail considérablement précis et enthousiaste du chef d’orchestre espagnol Pablo Heras-Casado. Ce jeune puissant et généreux demeure toujours en osmose complète avec ses musiciens. Vivant en partie aux États-Unis c’est là que lui est revenu l’honneur de diriger, depuis le Met, la production de «Carmen» mise en scène par Richard Eyre. Magnifique travail, autant au niveau des chœurs que des instruments Pablo Heras-Casado (qui a gravé une 2e de Schubert assez exceptionnelle) excelle en matière d’opéra. Et autant dans la direction des musiciens que des voix. Pour preuve la complicité totale avec Anita Rachvelishvili qui incarne une Carmen volontairement romantique, dans une mise en scène qui l’est tout autant. Possédant une tessiture hors normes, et un physique d’actrice de tragédie, la cantatrice séduit, envoûte même si elle peine à nous convaincre entièrement. Question de justesse, de sensibilité et de point de vue, car cette Carmen pêche par son côté outrancier. Trop de tout autant dans le chant que les déplacements sur scène, Richard Eyre insistant sur une vision très Second Empire où la cigarière est assimilée plus ou moins à une femme de petite vertu. Anita Rachvelishvili manquant un peu de souffle dans le début du premier acte, elle n’arrive pas à faire oublier Teresa Berganza qui fut, à n’en pas douter la Carmen du XXe siècle et notamment sous la direction d’Abbado. A ses côtés dans cette retransmission en direct du Met qui sera redonnée le jeudi 6 novembre au Renoir à partir de 19heures. (dans une captation où les décors semblent avoir été construits plutôt plus pour les caméras que pour le public) Ildar Abdrazakov (génial « Attila » de Gergiev) ne semble pas très à l’aise en Escamillo, tandis que Aleksandrs Antonenko campe un Don José tout à fait réussi. Mais la palme revient à Anita Hartig, exceptionnelle et bouleversante Micaëla. Au final une production solide, très américaine (notamment dans les personnages de la foule rappelant ceux des comédies musicales hollywoodiennes). Un spectacle certes sans génie, mais de haute tenue.
Jean-Rémi BARLAND
«Carmen» au Renoir le jeudi 6 novembre à 19 heures.