Publié le 13 juin 2021 à 22h50 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 19h14
Les restrictions sanitaires n’ayant pas permis de donner la production initialement prévue de «L’Africaine », opéra de Meyerbeer, Maurice Xiberras, le directeur général de l’Opéra a convié les solistes qui devaient s’y produire à donner deux concerts les 11 et 13 juin, avec deux programmes différents, dans le cadre de la réouverture des salles au public.
C’est pas mal du tout, la musique «pour de vrai» en direct live et en présentiel. Alors oui, pour ces deux concerts en forme de retrouvailles, la jauge était des plus réduites et le public masqué. Mais la joie des uns dans la salle, et le bonheur des autres pratiquant enfin leur art sur scène, suffisaient pour faire pétiller, même sans champagne, les yeux de chacun. Vendredi en soirée, les «Faust» de Gounod et Berlioz étaient à l’affiche tout comme un air de «La Reine de Saba» du même Gounod.
Florian Sempey en forme
Dimanche, en matinée, nous y étions, c’était au tour de Bizet, Massenet et Meyerbeer d’être à l’honneur avec un temps fort réservé à «Carmen ». L’homme en forme de l’après midi dominical, sans nul doute, fut le baryton Florian Sempey, bien en place, puissant mais sans excès, qui ouvrit le concert avec l’air d’Hoël «ô puissante magie» tiré de «Dinorah ou Le Pardon de Ploërmel» de Giacomo Meyerbeer. Son aisance et la qualité de sa projection ont assuré toute la majesté de cet air qu’il maîtrise parfaitement et auquel il confère une réelle dimension… Magique !
Trio de charme et de voix pour Carmen
L’autre Florian du jour était le ténor Florian Laconi très présent au moment de porter le coup de grâce à sa Carmen au terme d’un acte IV donné en intégralité. Un moment qui permis d’entendre aussi le chœur de l’Opéra qui avait pris place au premier balcon. Nous avons hâte, bien entendu, de retrouver rapidement cette formation, toujours excellemment préparée par Emmanuel Trenque, sur la scène de l’Opéra. La Carmen du jour était la mezzo Sophie Koch idéalement entourée des soprani Laurence Janot et Hélène Carpentier. Un trio de charme et de voix pour l’air de Carmen «Les Tringles des sistres tintaient» donné avec chaleur et rythme tant du côté des solistes que de celui de l’orchestre, nuancé et coloré, dirigé avec attention par Roberto Rizzi Brignoli. Christophe Berry complétait idéalement la distribution en ce dimanche après-midi.
Ainsi, sous le soleil de plomb d’un début d’été, nous avons retrouvé avec bonheur le chemin de l’Opéra. Nous attendons désormais avec impatience que le voile se lève sur la saison prochaine qui, nous l’espérons, si elle ne nous fera pas rattraper le temps lyrique perdu ces deux dernières années, nous aidera à panser les plaies au cœur laissées par la pandémie.
Michel EGEA