C’est une œuvre du répertoire assez peu jouée et pourtant captivante. Elle transporte le public dans un univers de rêves, mêlant réalité et imagination. Don Quichotte soulève des questions philosophiques sur les aspirations et les illusions de la condition humaine.
Un duo rare
Voilà 20 ans que le duo Don Quichotte et Sancho Panza ne s’était pas retrouvé sur la scène de l’opéra. Dans cette œuvre de Massenet, inspirée du roman de Cervantes, on retrouve le chevalier idéaliste et son fidèle écuyer, Sancho Panza.
« C’est un rôle unique, à part dans l’opéra », estime Nicolas Courjal qui interprète Don Quichotte. « D’habitude, quand on est basse, on fait les prêtres, les rois ou les pères. Là on a un personnage unique. Quand on m’a proposé le rôle, j’ai dit oui tout de suite ». Nicolas Courjal incarne parfaitement l’être à la fois fou, naïf, fantasque, tout au long des cinq actes. Le binôme avec Sancho Panza (Marc Barrard) est touchant : « C’est un rôle à deux têtes, on est tout l’opéra ensemble, on ne peut pas se passer l’un de l’autre et c’est très beau. On est deux moitiés de la même âme qui font ce voyage. C’est un des plus beaux rôles pour basse qui existe dans le répertoire Français », raconte Nicolas Courjal
« J’aime sa simplicité »
Héloïse Mas incarne Dulcinée, qui n’est plus paysanne comme dans le roman, mais courtisane. Dulcinée dont le chevalier est follement épris d’un amour pur. « J’aime sa simplicité, c’est une courtisane mais elle n’est pas manipulatrice. Elle est superficielle car elle ne se fait aucune illusion sur la manière dont le monde fonctionne mais à l’intérieur, quand elle oublie qui elle est, elle offre de grands moments de romantisme », note la mezzo-soprano. « Elle ne veut pas faire de mal aux autres et quand elle s’aperçoit qu’elle a blessé Don Quichotte par mégarde ou inattention ça la rend malade ».
La mort déchirante du héros
Don Quichotte est une œuvre captivante. Elle transporte le public dans un univers de rêves, mêlant réalité et imagination, aspirations et illusions de la condition humaine. La musique de Massenet et le livret poétique magnifient les personnages tout comme la mise en scène de Louis Désiré : « Rien de ce que vous voyez n’est écrit, on a réinventé une histoire pour revivre les derniers moments de Don Quichotte qui, au moment de mourir, revit sa vie par flashes ». Le héros s’éteint, dans une mort déchirante, aux côtés de son fidèle serviteur. Avant de mourir Don Quichotte offre une ile des rêves à Sancho dans le cinquième acte. Pour les spectateurs point besoin d’une île, le rêve est sur scène.
Gratuit pour les étudiants
Plusieurs centaines d’étudiants étaient invités gratuitement à la pré-générale. Pour nombre d’entre eux c’était une première. Aucun départ à l’entracte. Tous ont apprécié. Elio souhaitait depuis très longtemps voir un opéra: « Je me suis régalé, en plus j’étais devant, on voit tout, on entend tout. On voit le chef, les visages… ça m’a mis les poils ». Pauline est plus habituée « à écouter du rap, tout ça mais là ça m’a bien plus ». Pour Maxence c’était une première aussi « Je ne savais pas à quoi m’attendre et j’ai été agréablement surpris. Tout ce qui était musique et chant c’était pas mal. Peut-être que je reviendrais car c’est une bonne expérience ». Anaïs a particulièrement apprécié« la mise en scène et les anachronismes dans les décors et les costumes ». Visiblement l’opéra a encore de beaux jours devant lui.
Représentations de Don Quichotte à l’Opéra de Marseille les 19 et 21 mars à 20 heures et le dimanche 24 à 14h30. Plus d’info et réservations: opera.marseille.fr