Publié le 12 septembre 2014 à 19h24 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h10
L’Opéra de Marseille ouvre sa saison avec un concert symphonique au Silo en attendant une «Gioconda» forte en voix. Et, pour la première fois, la maison peut se vanter d’afficher un bilan estival des plus positifs, grâce à son orchestre philharmonique, avec une série de concerts qui font désormais date dans son histoire. Pour parler de tout cela, nous avons rencontré Maurice Xiberras, le directeur général de l’Opéra. Détendu, souriant, Maurice Xiberras évoque avec joie un proche passé «assez formidable». Celui qui a vu l’orchestre philharmonique de Marseille partir en tournée estivale en Allemagne et en Chine avant de se produire pour le concert final des Chorégies d’Orange. « C’est la première fois que l’orchestre partait en tournée», nous confie le directeur de l’Opéra, et ce fut un grand moment de son existence. «Au-delà du côté artistique, poursuit-il, «je pense que cette période a été profitable à la vie de cette communauté qui s’est retrouvée encore plus soudée que d’habitude à l’occasion de ces voyages. Puis il ne faut pas se le cacher, de tels concerts sont valorisants pour l’orchestre, certes, mais aussi pour chaque musicien individuellement. Être accueillis comme nous l’avons été, avoir joué comme nous l’avons fait, avoir eu le succès qui fut le nôtre est un carburant exceptionnel pour avancer et attaquer cette nouvelle saison avec joie et envie. Un beau succès, aussi, pour Lawrence Foster, à la tête de cet orchestre dont nous lui avons confié la direction il y a tout juste deux ans».
Maurice Xiberras de rappeler: «Nous avons donc débuté cette tournée par le festival de Bad Kissingen. Une belle découverte que cette ville thermale et son festival, et la surprise de donner des concerts en matinée devant une salle archi-comble. Nous avons été sollicités par les organisateurs pour y jouer à nouveau en 2016, vraisemblablement pour une série de quatre concerts. Puis il y a eu la Chine. Au terme d’un voyage assez pénible, les salles pleines et l’enthousiasme d’un public étonnant de ferveur nous ont remis sur de bons rails. La Chine aussi nous redemande. Mais avec un opéra français; peut-être la production de la « Cléopâtre » de Massenet de juin 2013. Mais nous n’en sommes qu’au début des tractations. Quant au concert des Chorégies, il a, lui aussi, obtenu un beau succès…»
En parlant d’Orange, il se murmure que le philharmonique de Marseille pourrait devenir l’orchestre de «Musiques en fête», la grande soirée annuelle de France 3 au mois de juin. S’il n’a pas voulu confirmer ou infirmer l’information, Maurice Xiberras a tenu à souligner qu’ajoutée aux succès obtenus ces dernières années, cette activité estivale a définitivement, tordu le cou à la mauvaise réputation de la phalange musicale phocéenne. «D’ailleurs, indique-t-il, pour le concert du 50e anniversaire nous serons l’un des seuls concerts de province enregistré et diffusé par France Musique.»
Pour l’heure, les trois coups de la saison seront frappés par l’orchestre le samedi 20 septembre au Silo. Avec deux événements : la présence pour la première fois à Marseille de la talentueuse violoniste Arabella Steinbacher pour le concerto en ré majeur de Tchaïkovski composé pour cet instrument et la première audition à Marseille de «Finale», une œuvre de Bruno Mantovani, l’actuel directeur du CNSM de Paris. Dirigé par Lawrence Foster, l’orchestre donnera aussi la symphonie n° 8 en sol majeur d’Antonin Dvorak.
«La Gioconda» : une production très attendue
Les portes de la Maison lyrique ouvriront, elles, quelques jours plus tard. Le 1er octobre exactement, pour accueillir «La Gioconda» d’Almicare Ponchielli. Un rendez-vous très attendu; Maurice Xiberras nous raconte l’histoire de cette programmation: «Depuis longtemps, les abonnés historiques de l’Opéra n’ont de cesse de me rappeler que cette œuvre de Ponchielli, avec Régine Crespin dans le rôle-titre, fut l’un des grands moments de la Maison dans les années soixante. Mais ce n’est pas une œuvre facile à produire. Il faut les voix adéquates. J’avais en réserve Micaela Carosi qui m’avait confié vouloir prendre le rôle de Gioconda. Alors j’ai construit une distribution avec elle, Béatrice Uria-Monzon dans le rôle de Laura et Fabio Armiliato en têtes d’affiche. Mais ce dernier a dû déclarer forfait il y a quelques jours. Fort heureusement Mario Malagnini, qui a chanté Grimaldo en mai dernier à Lisbonne, était libre en ce début octobre et c’est sa voix que nous entendrons. Marco di Felice sera Barnaba et Kostantin Gorny, Alvise. J’espère aussi que les mélomanes seront nombreux le 10 octobre pour la première en France de «Elena Popovskaya» dans le rôle-titre. Pour elle aussi ce sera une prise de rôle. C’est notre premier chef invité, le maestro Carminati, qui sera au pupitre».
Signalons, pour terminer, que c’est Jean-Louis Grinda qui signe la mise en scène de cette production qui a déjà triomphé ces dernières années sur différentes scènes, entre autres, à Liège et à Palerme.
Pour la petite histoire de «La Gioconda» à Marseille, rappelons qu’après l’inoubliable Régine Crespin dans le rôle-titre (en 1967 exactement), Jacques Karpo avait ensuite reprogrammé l’œuvre en version concert et engagé un baryton qui s’était avéré être défaillant. La représentation, dirigée par Veltri avait été suspendue et annulée pour cause «d’attentat à la bombe… » C’était du temps où les pièces de monnaie descendaient du poulailler sur la scène à la moindre fausse note !
Michel EGEA
Pratique. Concert (Mantovani, Tchaïkovski, Dvorak) le samedi 20 septembre à 20 heures au Silo. Places de 19 à 24 euros. « La Gioconda » d’Almicare Ponchielli, les 1er, 7 et 10 octobre à 20 heures, le 4 octobre à 14 h 30. Places de 13 à 78 euros. Renseignements et location au 04 91 55 11 10 ou 04 91 55 20 43 ; à l’Opéra, du mardi au samedi de 10 heures à 17 h 30, angle Place Ernest Reyer / Rue Molière plus d’info: Opéra Marseille