Publié le 4 mai 2017 à 13h07 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 16h04
C’est au sein de l’historique salle des délibérations de l’Hôtel de Ville de Marseille qu’ont été présentées, en ce premier mercredi de mai, les saisons 2017/2018 de l’Opéra et de l’Odéon. Saisons fort intéressantes, sur le papier, concoctées par Maurice Xiberras, le directeur général des deux scènes. Si cette présentation a été délocalisée avec vue sur le Vieux Port c’est pour la bonne et simple raison que Jean-Claude Gaudin avait décidé d’introduire les propos, lâchant notamment : «L’Opéra est l’un des piliers de la culture de notre ville et de notre région… » Pilier, certes, mais pilier menacé par des économies toujours plus importantes à réaliser et des restrictions de personnel. Pour le maire, il est difficile en l’état actuel des choses de faire mieux au niveau du financement -22 millions d’euros- et si la situation est ce qu’elle est c’est que les ministres de la culture qui se sont succédé sous les présidences de Nicolas Sarkozy et François Hollande «n’ont rien voulu faire pour Marseille». Il faut dire que Jean-Claude Gaudin, de son côté, a toujours rechigné à modifier le statut d’Opéra Municipal et de perdre tout ou partie de la main sur le fonctionnement de la Maison. Un dialogue de sourds, en quelque sorte, bien malvenu en matière de lyrique et de musique… Depuis quelques saisons, la structure bénéficie de subventions du Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône, liées aux actions menées dans les domaines sociaux et éducatifs, et le maire ne désespère pas que la Région mette aussi un jour la main à la poche.
Tout comme la Métropole ! Mais si la «métropolisation de l’Opéra de Marseille qui rayonne sur la région» arrive un de ces quatre à l’ordre du jour des débats métropolitains, il faudra être dans la salle… Car de nombreux maires demanderont aussi l’obole pour le fonctionnement de leurs théâtres qui, eux aussi, accueillent le public régional. Bref, on peut toujours rêver.
Un qui ne rêve plus et qui ne croit plus au Père Noël depuis longtemps, c’est Maurice Xiberras. Force est de reconnaître que le successeur de Renée Auphan à la direction de l’Opéra a le génie de faire avec ce qu’on lui propose et, tout en réalisant des économies, de mettre en place une saison qui tient la route. Deux saisons, en vérité, puisque depuis deux ans, il est aussi à la tête de l’Odéon, sur La Canebière, temple reconnu, envié, et unique en France de l’Opérette. Entouré de fidèles, et efficaces, collaboratrices et collaborateurs, cet ancien baryton connaît la musique et possède un solide réseau qui lui permet de composer d’exceptionnelles distributions qui font parler de Marseille et de son opéra bien loin des quais du Vieux-Port et des rives du Rhône ou de la Durance. Pour preuve les deux dernières programmations en date : «I Capuleti e i Montecchi » et «Boris Godounov» qui ont hissé la scène marseillaise au firmament de l’art lyrique. Et rien que ça vaudrait bien une petite rallonge de trésorerie, non ? Bon, ça va, c’est pour rire.
Pour accompagner sa démarche de qualité, Maurice Xiberras profite aussi des recrutements de choix qu’il effectue avec sa troupe. Ainsi, pour n’en citer qu’un, l’arrivée d’Emmanuel Trenque comme chef de chœur a redonné un exceptionnel dynamisme à un ensemble qui s’est aussi beaucoup renouvelé. Puis, il y a aussi l’orchestre, tellement décrié à l’ancien temps, tellement beau et juste aujourd’hui sous la baguette, entre autres, de son directeur attitré Lawrence Foster. Ici aussi, les judicieux recrutements à tous les pupitres et dans l’administration sont à la base du succès. Alors voilà, le directeur de l’Opéra fait en sorte d’optimiser au maximum avec les moyens qui sont les siens aujourd’hui. Pour l’heure ça fonctionne (lire le programme de la saison 2017/2018 ci-dessous) mais pour combien de temps encore ? Souhaitons le plus longtemps possible pour le plus grand plaisir des 130 000 spectateurs qui fréquentent annuellement la Maison. Mais un jour il risque de n’y avoir plus de djinn dans la lampe à huile magique… Et on aura beau la frotter, aucune voix n’en sortira !
Michel EGEA
Opéras et opérettes : demandez le programme
C’est Roberto Alagna qui ouvrira la saison, fin septembre prochain, aux côtés de Adina Aaron pour donner «Le dernier jour d’un condamné» œuvre électrisante et puissante composée par David Alagna d’après le roman de Victor Hugo. A ne pas manquer. En version concertante, «La Favorite» de Donizetti et «Tancredi» de Rossini, marqueront l’automne, tout comme «L’ombre de Venceslao », ouvrage contemporain de Martin Matalon, créé à Rennes il y a quelques mois et promu par le Centre Français de Promotion Lyrique qui le fait tourner dans plus d’une dizaine d’opéras en donnant l’occasion à de jeunes artistes de se produire.
Pour les fêtes, c’est «My Fair Lady » de Frederick Loewe qui accompagnera les bulles. L’hiver sera réchauffé par «Le Barbier de Séville», le printemps par «Hérodiade» de Massenet et «Lohengrin» de Wagner et l’entrée en été par «Ernani» pour les amoureux de Verdi qui sont forts nombreux ici.
Du côté de l’Odéon, c’est «Quatre jours à Paris», de Françis Lopez, qui ouvrira le bal, suivi de « Rêve de Valse» et du «Chanteur de Mexico» alias Marc Larcher, qui enchantera ses aficionados. Paris et les valses encore à l’honneur par la suite avec «Valses de Vienne», «La vie Parisienne», puis «Monsieur Beaucaire», «Là-haut» et «La fille du Tambour-Major». On s’en délecte déjà.
Dix concerts symphoniques, sept de musique de chambre et de nombreux autres rendez-vous sont au programme à découvrir sur opera.marseille.fr