La saison du centenaire de l’Opéra de Marseille se poursuit dans la joie. Dimanche dernier, la maison lyrique accueillait, dans le cadre du Festival Mars en Baroque, sa coproduction avec Concerto Soave dans le cadre du Festival Mars en Baroque consacrée à l’ouvrage « historique » de Monteverdi.

Orphée et Eurydice sur la scène de l’opéra de Marseille, c’était une grande première comme nous le confiait récemment Romain Bockler dans une interview. Et pour cet événement, il n’y avait plus une place à la vente… De quoi donner le sourire aux organisateurs du Festival Mars en Baroque et à Maurice Xiberras, le directeur général de l’opéra, qui a certainement retenu qu’il existe un public pour la musique ancienne et baroque.
Les yeux bandés, Orphée et Eurydice sont assis en fond de proscenium. Les seize instrumentistes du Concerto Soave ont pris place de chaque côté, cordes à cour et vents à jardin. La Musique entre en scène, voix limpide et sensible de Lise Viricel, le drame peut se jouer. Pour donner l’œuvre, Jean-Marc Aymes et Romain Bockler, co-directeurs de Concerto Soave et de Mars en Baroque ont réuni la fine fleur des instrumentistes et du chant baroque, pouvant même compter sur le chœur de l’opéra de Marseille qui, sous la direction de Florent Mayet, s’est donné l’occasion d’aborder avec talent un répertoire auquel il est peu habitué. Sous la direction de Jean-Marc Aymes, depuis les claviers de l’orgue, la musique de Monteverdi sonne superbement dans cette grande salle où la répartition judicieuse des sources sonores installe une présence ample et colorée.
Sur scène, entrées et sorties réglées par Jimmy Boury se succèdent avec fluidité et les éclairages de la mise en espace sont soignés. Romain Bockler impose son Orfeo avec puissance, présence et une grande musicalité, entre passion et déploration, et Louise Thomas incarne une Eurydice discrète et sensible. Aux enfers, l’intraitable Caron a les traits et la voix, solide, de Jean-Manuel Candenot et Julie Vercauteren et Alexandre Baldo, Proserpine et Pluton, offrent une grand moment vocal, la première avec précision et belle projection, le deuxième avec profondeur et puissance. A leurs côtés toute la distribution est à féliciter à commencer par la mezzo Maria Chiara Gallo suppléant Maria Christina Kiehr, souffrante, dans le rôle de la messagère. Un beau triomphe, amplement mérité, au final.
1 800 spectateurs pour une première de musique ancienne à l’Opéra de Marseille… Peut-être qu’il n’y a pas que le bel canto et le romantisme dans la vie ! Et s’il est vrai que l’on peut se poser la question de savoir si une production baroque serait capable de remplir, ici, consécutivement trois ou quatre salles comme un Verdi ou un Rossini, un public existe ; la preuve en a été apportée dimanche ! A creuser le jour où la Culture ne sera plus un parent pauvre de notre société mais un outil d’enrichissement humain. Pour l’heure chapeau aux artisans de cette production et à l’Opéra pour sa coproduction et son accueil. Quant au festival Mars en Baroque, il se poursuit jusqu’à la fin du mois…
Michel EGEA
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