Publié le 30 décembre 2020 à 17h05 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h21
Après 13 années de lutte et 8 tentatives parlementaires pour légaliser l’IVG, les Argentines ont gagné. Ce sont 38 000 femmes qui n’auront plus, chaque année, à être hospitalisées pour complications lors d’avortements clandestins… Rappelons qu’une femme meurt toutes les 9 minutes, dans le monde, d’un avortement clandestin.
D’autres victoires sont aussi à souligner, notamment en Irlande, en Pologne et en Espagne. «Les femmes se sont mobilisées pour défendre leurs droits, menacés par des gouvernements et des mouvements sociaux conservateurs, rétrogrades, réactionnaires et religieux.», précise l’association Osez le féminisme qui ajoute:
«Solidaires des femmes du monde entier, nous revendiquons le droit à l’IVG et à la santé pour toutes et partout. La lutte continue et la mobilisation doit se poursuivre, pour que partout l’IVG devienne un conquis.»
L’IVG, des chiffres honteux
42% des femmes, dans le monde, n’ont toujours pas accès à l’IVG dans leur pays natal, Près de 50% des avortements, dans le monde, sont clandestins, soit 20 millions d’IVG qui sont ainsi pratiquées chaque année en dehors de structures adaptées ou par des praticiens qui n’ont pas les compétences requises, ou auto-administrés par les femmes elles-mêmes. 68 000 femmes meurent chaque année, des complications d’une IVG mal réalisée (hémorragies, septicémies, empoisonnements…)
Les arguments que nous ne devons plus entendre
-Si les femmes tombent enceinte, c’est de leur faute.
-Elles n’avaient qu’à prendre un moyen de contraception.
-Elles n’avaient qu’à fermer les jambes.
L’IVG est un droit fondamental
Les femmes ne doivent plus être culpabilisées !
-Interdire l’IVG n’a jamais fait baisser le taux d’IVG. En revanche, interdire cela fait augmenter de manière dramatique le taux de décès des suites d’avortements clandestins. Quand l’IVG est illégale, le taux de mortalité est de 330, en moyenne, pour 100 000 avortements. Quand l’IVG est légale, le taux de mortalité oscille entre 0,2 et 1,2 pour 100 000 avortements.
tTrop d’idées reçues entourent encore l’IVG ! Dans les faits, en France, deux femmes sur trois qui ont eu recours à l’IVG utilisaient une méthode contraceptive qui n’a pas fonctionné. Aucune méthode n’est fiable à 100%.
-Les femmes doivent pouvoir décider d’avoir un enfant ou de ne pas en avoir. Comme le déclarait Simone de Beauvoir, «L’amour maternel n’a rien de naturel», « nos ovaires ne nous condamnent pas à vivre à genoux ». Sans le droit à l’IVG, nous n’avons plus la possibilité de penser l’égalité entre les femmes et les hommes.
L’association « Osez le féminisme » affiche ses revendications
En France, inscrire le droit a l’IVG dans la constitution. Ajouter à l’article 34 de la Constitution un alinéa précisant que «la loi détermine les principes fondamentaux» «de la mise en œuvre du droit à l’interruption volontaire de grossesse». Supprimer la clause de conscience pour les professionnel-les de santé. Tout médecin a déjà le droit de refuser des soins pour des raisons professionnelles ou personnelles, hors le cas d’urgence. Conserver une clause de conscience supplémentaire et spécifique à l’IVG, contribue à faciliter et à légitimer le refus de soins. L’avortement est pourtant un acte courant, qui concerne une femme sur trois. Développer des campagnes d’information tous publics pour parler de l’IVG librement, sans tabou, ni jugement développer l’éducation à la vie sexuelle. Les cours d’éducation sexuelle sont obligatoires depuis 2001. L’État doit fournir les moyens d’appliquer la loi, car ces cours ne sont pas effectués. Les filles et les garçons doivent pourtant être informé.es des méthodes contraceptives. Les filles et les femmes doivent connaître les différentes méthodes d’IVG, pour que la voie médicamenteuse, plus douloureuse, mais moins coûteuse pour les hôpitaux, ne leur soit plus imposée. Garantir la formation aux techniques d’IVG et a l’accompagnement dans le cadre de la formation initiale des professionnel/les de santé en France et partout dans le monde donner des moyens financiers pour que les centres pratiquant l’IVG et les centres de planification soient accessibles a toutes partout. Les restrictions de personnels et les suppressions des centres pratiquant l’IVG, lors de restructurations hospitalières en France mettent à mal l’accès à l’IVG et allongent les délais pour obtenir un rendez-vous. En Grèce et en Italie, l’on constate l’absence de structures hospitalières adéquates. Au Portugal et dans certains pays d’Europe de l’Est, l’ensemble des frais liés à la procédure sont à la charge des femmes.
Harmoniser les délais légaux pour l’IVG sur ceux des pays les plus progressistes
La majorité des pays membres de l’UE autorisent l’IVG jusqu’à 10 ou 12 semaines, quand dans les pays les plus progressistes les délais sont plus longs : 18 semaines en Suède et jusqu’à 24 semaines aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Dépénaliser totalement l’IVG, dans tous les États. Malte, l’Andorre et le Vatican interdisent totalement l’IVG. En Pologne, l’IVG n’est permise qu’en cas de viol, d’inceste, de danger pour la vie de la mère ou de malformation irréversible du fœtus. A Chypre également, l’IVG est illégale et ne peut être pratiquée que si deux médecins certifient que la grossesse présente un risque pour la femme ou l’enfant à naître ; il est toléré en cas de viol et d’inceste. L’Espagne et la Finlande limitent le recours à l’IVG selon l’âge.
La rédaction -source Osez le féminisme