Publié le 21 décembre 2015 à 23h00 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Tout au long de sa campagne Christian Estrosi LR a affirmé que l’économie était sa priorité, l’emploi «la mère des batailles». Élu vendredi 18 décembre, Il a, en effet, convié l’ensemble des Présidents des chambres consulaires ainsi que du Conseil Économique et Social Régional dès ce lundi 21 décembre, pour sa première réunion. Puis, il a rejoint Paris pour rencontrer le Premier ministre afin de discuter du contrat de plan État-Région.
Le nouveau président de la région indique au monde économique : «Nous ne pouvons pas décider d’une stratégie économique pour le territoire sans associer ses acteurs quotidiens». Il considère : «C’est l’investissement qui crée l’emploi, pas les dépenses de fonctionnement. Nous regardons donc où nous pouvons faire des économies pour dégager des marges de manœuvres. C’est d’autant plus important que nous n’augmenterons pas la part de fiscalité qui nous incombe». Il exprime sa volonté de mettre en place un cercle vertueux «dans lequel on réinvestit ce qui entre dans les caisses». Il développe ensuite quelques points de la politique économique qu’il entend mener, les secteurs où il voit une croissance possible : «Il nous faut définir un schéma pour le tourisme afin de développer nos trois marques : Provence, Alpes et Côte d’Azur. Si nous obtenons ce que nous souhaitons pour le Port de Marseille, des travaux permettront d’accueillir les plus grands bateaux de croisière ce qui devrait nous offrir la possibilité d’atteindre les 2,5 millions de touristes dans la cité phocéenne». Plus largement, évoquant la Région, il signale : «Nous recevons 31 millions de touristes pour 14 milliards de retombées économiques. C’est insuffisant, nous devons faire beaucoup mieux et donc de créer des emplois». Il tient à attirer sur le territoire des entreprises; créer des opérations d’intérêt régional et relancer la dynamique des pôles de compétitivité. A ses yeux : «Nous sommes dans une compétition avec les autres régions de France mais aussi avec la Catalogne, des landers… Pour l’emporter il faut réfléchir à développer une filière start-up, notamment avec l’Amu et Sophia-Antipolis. Je souhaite que nous devenions la start-up région. Nous avons tout, de la TPE à la grande entreprise en passant par nos universités pour faire beaucoup mieux ». Puis, d’en venir au Small Business Act qu’il veut instaurer au niveau régional : «Je l’ai mis en place en janvier 2014 à Nice et dans la métropole de Nice Côte d’Azur, cela nous a permis, en respectant les règles nationales et européennes, de passer de 40 à 75% d’attributions de marché public à nos entreprises locales. Nous mettrons en place, avec le monde économique, un guichet unique pour gagner en efficacité au moment où la région devient le seul interlocuteur en matière économique. Un guichet avec des antennes décentralisées, pour être au plus près du tissu économique, du monde agricole, des TPE/PME afin de pouvoir les aider. Nous créerons un fonds d’investissement pour les entreprises et, contrairement à d’autres, il n’est pas question que l’entreprise ait son siège social en région». Il en vient à l’apprentissage : «25 000 offres d’emplois n’ont pas trouvé preneurs en Paca. Il faut adapter les formations aux besoins des entreprises en multipliant les possibilités de se former tout au long de la carrière pour s’adapter, se perfectionner ou se réorienter. Nous allons créer une banque régionale de l’apprentissage». Et d’afficher son ambition : «Nous avons actuellement 29 000 apprentis, je souhaite que nous passions à 50 000».
«La baisse des dotations de l’État, en Paca, est, en 2015, de 317 millions d’euros»
Place est donnée au débat, le représentant du BTP interroge : «Nous sommes une profession sinistrée, que comptez-vous faire ?». « Il faut savoir, répond Christian Estrosi, que la baisse des dotations de l’État, en Paca, est, en 2015, de 317 millions d’euros si on prend en compte l’ensemble des collectivités territoriales. Alors vous comprendrez pourquoi je veux renégocier le contrat de Plan État-Région en espérant récupérer 400 à 450 millions d’euros. Si, en plus, nous obtenons plus de fonds européens cela fera autant de carburant pour le BTP». Puis, il est question, avec Jacques Pfister, président de la CCI Marseille-Provence de savoir quand ce dispositif, verrait le jour : «Dès janvier les commissions seront mises en place. Nous allons définir ensemble comment instaurer le guichet unique. Et l’on ne mesure pas la masse des fonds européens qui n’ont pas été utilisés et que nous allons dorénavant aller chercher». Renaud Muselier, le Premier vice-président, ajoute : «L’Europe paraît loin, semble être la cause de nos problèmes, pourtant elle est magique. C’est grâce à elle que nous vivons en paix et elle l’est aussi sur le plan économique. Mais il faut savoir que, à taille égale, nous touchons quatre fois moins que les pays du Nord de l’Europe».
«Nous devons, ensemble, définir de nouvelles filières»
Vient une question relative à la formation: «Nous devons ensemble définir de nouvelles filières, souligne le nouveau président, je pense notamment au nautique. Nous avons l’espace méditerranéen le plus fréquenté or, l’essentiel de la maintenance se fait en Espagne et en Italie parce que nous manquons des compétences nécessaires». Puis, en réponse à une question de Stéphane Soto sur la French Tech, il indique qu’un élu sera dédié au numérique et que la région aidera la French tech.
Jacques Boulesteix, chercheur scientifique, astrophysicien, fut à deux reprises conseiller municipal de Marseille, ville dont il a été l’un des acteurs du développement scientifique et de l’innovation. Ancien président-fondateur du pôle de compétitivité Optitec, il a présidé durant cinq ans le Conseil de Développement de la Communauté Urbaine Marseille-Provence-Métropole. Il préside aujourd’hui la Société Paca Investissement. Il est présent à cette rencontre. Pour lui : «Le propos est intéressant et il est important, vu les pouvoirs accrus de la région en matière économique, que la première réunion ait lieu sur ce thème. Après, évoquer le cercle vertueux c’est bien, mais ce n’est pas aussi simple à mettre en place».
Michel CAIRE